Découverte de la côte d’Opale

L‘endroit idéal pour passer un bout de l’été quand on est bucco-rhodanien : température printanière (18-20°) propice aux sorties, léger vent rafraichissant, parfois pluies fines, pas trop de touristes. Etaples sur Mer (62) à découvrir en longeant le fleuve côtier, la Canche, puis son port de pêche.

L’estuaire de la Canche, paysages changeant au gré des marées, est formé d’un cordon littoral en galets formé par l’action des courants et sur la rive opposée, du musoir surcreusé par ces mêmes courants et l’action des vagues. Le milieu naturel est essentiellement représenté par des dunes littorales qui abritent une flore variée (485 espèces) et une riche faune.
L’onagre aux grandes fleurs jaunes dresse sa tige jusqu’à 1 m de haut , des fleurs en épi éphémères qui s’ouvrent à la tombée de la nuit et fanent au lever du jour, une particularité qui lui a valu le surnom de Belle-de-nuit. Originaire d’Amérique du Nord, elle était traditionnellement utilisée par des tribus amérindiennes pour ses vertus sur la peau mais aussi pour ses qualités culinaires. Merci à iHerbarium pour l’identification de cette onagre bisannuelleOnagre et bourrache, nos alliées féminité

Près du calvaire des marins plusieurs panneaux énumèrent le nom des marins morts en mer, le nom de leur bateau, la date du naufrage et ce depuis le début du XXè siècle. Le dernier en date, 51 ans, Didier Fourrier, le 30 novembre 2007 sur M. Bijou. Suite à la mort de ce pêcheur, le ministre de la pêche était venu à Etaples pour proposer de doter chaque marin d’une balise individuelle.

Si vous aimez la nature ne manquez pas de vous promener dans la réserve naturelle de la baie de la Canche.

exp_8 juil. 2014 09-42-57_imgImage itinéraire port d’Etaples et centre ville 2km300 environ, 12m dénivelée, 45mn – reprendre la voiture pour rejoindre la base nautique du Touquet d’où vous verrez le large estuaire de la Canche et les éoliennes de Camiers.

* Brangoli et Santa Maria de Bell-Lloc

Immersion dans la Catalogne avec ce parcours passant par le hameau de Brangoli et Mare de Deu de Bell-Lloc (en catalan), bellus loco (en latin), Belloc (en français), ce qui veut dire beau lieu. Après la balade archéologique d’Eyne, j’ai dégusté de bon appétit la tarte aux légumes  qu’Anne, du gite testsan Feliu, m’a cuisinée hier soir. Adepte de la cuisine végétarienne, avec mon accord elle m’a proposé au dîner d’hier, une soupe, un gratin de fenouil, du vin de pays, un dessert et une tisane. Discussions riches, quelquefois plus personnelles mais toujours respectueuses de l’autre.

la météo du jour à Dorres
Avec le vent à 3 jours

Pharmacie musée de LLiviaPour me rendre sur le lieu de ma randonnée, je traverse Llivia, tente de monter jusqu’à la place que m’a indiquée Anne et me trouve bientôt coincée dans un flot ininterrompu de voitures, invectivée en espagnol. Cette enclave espagnole dans les Pyrénées orientales, de la province de Gérone ne porte aucune mention en français. Manifestement, pour cette période de Pâques, les espagnols sont venus en force.

Le 7 novembre 1659, par le traité des Pyrénées, Luis de Haro et le Cardinal Mazarin décident de la division. […]. Llivia est le bijou convoité par les deux couronnes française et espagnole.
Le 22 novembre 1660, le traité de Llivia est signé, laissant Llívia à l’Espagne mais il y a encore de la contestation.
Le 26 mai 1866, […] les Français et les Espagnols signent le traité de Bayonne, dont l’article 16 établit définitivement le périmètre de l’enclave. Miguel de Salba joue sur les mots : le traité [des Pyrénées] parle de villages et non de villes, or Llívia a été faite ville royale en 1528 par Charles Quint : elle ne fait pas partie du partage et reste à l’Espagne. Dès lors une « route neutre » (sans contrôle douanier) de 4 km relie Llívia au territoire espagnol et à la ville de Puigcerdà.

Maisons à FanèsPar une route sinueuse et étroite, je traverse le hameau de Fanès et ses maisons de pierre, je me gare un peu avant Brangoli, le long de la route, près du panneau fléchant le dolmen ; un cheval échappé de son enclos, me barre l’accès à celui-ci. Je le visiterai au retour.

Le BrangoliJe passe au dessus du pont sur le Brangoli en suivant le GR. Dès que j’aperçois la chapelle, j’y monte par un sentier sur rochers sablonneux empruntant donc le GR dans le sens inverse.

Un petit conseil : pour ne pas trop chercher ensuite le sentier qui monte jusqu’au col, mieux vaut suivre la route jusqu’au métier à ferrer les chevaux, passer devant le château, entrer dans le village par la gauche, visiter la chapelle et le cimetière puis continuer le GR sur la droite qui a donc fait une boucle presque complète.

La chapelle Saint-FructueuxLa chapelle Saint-Fructueux bâtie récemment à l’endroit d’une chapelle mentionnée au XIIIe, contient un retable du maître-autel du XVIIIe, un autre de la Vierge (1850), une toile du XVIIe siècle, ainsi qu’une croix processionnelle du XVIIIe. Selon wikipedia. Elle est bien grande car autrefois ce hameau de la commune d’Enveigt était habité. Fermée, elle ne se laisse découvrir que de l’extérieur. Si j’avais pu y entrer, j’aurais vu, selon Anne, des étoiles dorées sur fond bleu représentant la voûte céleste au mois d’août.

L'entrée du cimetièrele cimetière de BrangoliPour accéder au cimetière pentu, en face de l’église (gravé 1850 sur le pilier de la porte), il faut courber l’échine pour y entrer puis descendre quelques marches.

Un symbole d’humilité ?

Château de BrangoliLe domaine du château de Brangoli, grande propriété rurale devenue gite, s’ouvre sur un portail au linteau gravé des armoiries des propriétaires. Daté du XVIIIe (sur le portail n’est-il pas écrit 1871 ?), son emplacement actuel fut jadis occupé par une propriété rurale romaine.

Travail à ferrerLe travail à ferrer les chevaux a quelques similitudes avec le métier à ferrer les bœufs que j’avais vu en Aubrac lors de ma 3ème journée. Quelques ferrures pour y passer des cordes, sont encore accrochées aux piliers de granit, pierre probablement trouvée sur  place : la corde de garrot empêche que le cheval ne se cabre. Le pied est levé, porté par un « repose pied » amovible et maintenu par les courroies de cuir. Article sur le ferrage dans un travail, par les haras nationaux

Des rochers en équilibreBlocs de rochers fendusLa montée vers le col de Juell (1633m) est progressive et agréable, parfois sur des zones sableuses, mais toujours avec des rochers érodés épars. En se dégradant, le granite et les schistes se désagrègent en une arène sableuse. Du coup les arbres ont du mal à s’y accrocher, la zone forestière  n’est donc pas très dense. Les fondements des paysages des Pyrénées orientales

Un écureuil s’immobile sur la branche haute d’un arbre. J’en fais autant (mais pas sur une branche bien sûr). Je m’approche en douceur mais il m’a entendu et détale. Dommage, pas de photo.

Fleurs jaunesChapelle notre Dame de Belloch sur sa collineLe sentier GR de pays Tour du Carlit est bien balisé ; peu de fleurs encore. Au col de Juell (1633m), je prends l’option par la conduite (GR de pays Tour de Cerdagne) sur un sentier dominant qui offre déjà une vue superbe sur les Pyrénées françaises. Plus je m’avance, plus se découvrent ensuite les Pyrénées espagnoles. Le plus large et le plus beau point de vue de la Cerdagne.

Panoramique Pyrénées espagnoles

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** Tour des Bauges J4 : Aillon le Jeune – les Déserts

 Quatrième journée de notre circuit du tour des Bauges organisé par Grand Angle avec son partenaire Terre d’Altitude. La journée la plus difficile mais la plus intéressante de ce séjour de randonnée en liberté. Pascal l’a surnommée fort à propos ‘karstique puis panoramique’.

La météo du jour Les Déserts
avec le vent, à 3 jours

Partie de la station d’Aillon, il me faut rejoindre le village. Je passe devant la chapelle de la Correrie puis emprunte la liaison piétonne longeant la route sur la droite et qui m’y amène sans danger. Je retrouve le traditionnel lavoir de village à Aillon le Jeune.

A la sortie du village, après Rocquerand, je m’élève par un chemin entre prairies et forêt sur le GR 96. On dirait qu’une tornade est passée sur la hêtraie  : de nombreux arbres sont déracinés. Des colonies de champignons parasitent les troncs. La forêt de Margeriaz est de plus en plus humide : l’eau a certainement quelques surprises à me réserver… Sur la place à Baban (1330m) qui précède de quelques centaines de mètres le stade de neige, démarrent plusieurs sentiers de randonnée : je vais emprunter un sentier sur le thème des tannes1 et glacières avec six haltes numérotées repérées par ♥ dans mon texte (9 haltes pour le parcours complet,  à partir de la place à Baban : 4h30) dont je n’aurai l’explication qu’au retour. Pascal, le guide, ne m’a pas dit qu’il existait un petit livret d’accompagnement – que je vous recommande pour ce circuit découverte, vendu juste en face de son bureau à l’office du tourisme…

Le sentier du tour des Bauges se suit assez facilement au départ sur des dalles rocheuses ; (♥1) une première tanne numérotée 170 était autrefois complètement enfouie dans l’épaisseur de la roche : un torrent souterrain s’écoulait dans une galerie étroite. L’érosion a progressivement abaissé la surface du sol au point de décapiter le plafond de la galerie dont il ne reste que la tranchée au pied de la borne-repère.

(♥3) Une petite doline en chaudron aux parois bien verticales semble taillée à l’emporte-pièce. En hiver, un culot de neige remplit le trou puis attaque les parois lors de sa fonte progressive ; en remontant le vallon, le sentier se resserre entre les parois rocheuses de plus en plus hautes. Le karst montagnard « en ruine »  est composé d’un ancien réseau karstique largement trépané par l’érosion : le plafond a disparu. Sur presque 300m j’ai perdu la trace du GR dans cette (♥2) ruelle du karst : j’aurais mieux fait de faire demi-tour car pour retrouver le GR il m’a fallu vivre quelques galères à risque…

Les tannes, parfois dissimulées par la végétation, sont des gouffres dont les plus profonds peuvent atteindre 90 mètres de profondeur. Les eaux pluviales et de fonte des neiges s’infiltrent par ces tannes et contribuent au travail érosif.

Quatre grandes dolines se rejoignent pour créer une vaste dépression dénommée (♥4) le Grand Rafou. L’eau coule quelques mètres sur la dalle puis cascade dans une première doline perchée sur le flanc du grand Rafou. Extrait de Tannes et glacières du Margeriaz, parc naturel régional du massif des Bauges, parc naturel régional du massif des Bauges, juillet 2012

Le parc régional des Bauges

Au delà de la tanne du Rafou, la dalle calcaire montre des fossiles de mollusques datant de l’époque où la mer se trouvait à l’emplacement des Alpes. Le sentier quitte la forêt et gagne le karst supraforestier. Au panneau « Sur le Grand Rafou », le guide conseille de gagner la crête à vue sans se soucier du chemin ; c’est ce que j’ai fait dans un premier temps ; mais quand j’ai vu les nombreux pièges, trous plus ou moins profonds parfois invisibles sous l’herbe, j’ai vite abandonné et j’ai suivi sagement le chemin de droite jusqu’à la crête.

En effet la pente est couverte de lapiaz en banquette et (♥5) lapiaz à crêtes aiguisées, évoluant à découvert, se différenciant du lapiaz à crêtes émoussées formé sous couverture forestière. Les arêtes orientées S.E./N.O. révèlent la fracturation de la dalle calcaire au cours du plissement alpin. ce sont de véritables pièges. Les formes des dolines ont également changé : ce sont de vastes dolines ou ouvalas. Selon Cayla Nathalie de l’université de Savoie

La surface calcaire des lapiaz est travaillée plus ou moins profondément par les processus de dissolution liée au ruissellement : crevasses, rigoles, trous,… Imaginez les travaux qui ont dû être faits pour transformer le stade de neige en terrain praticable : minage, terrassement et concassage ont fait disparaître les irrégularités de surface, les dolines et les gouffres sur le tracé des pistes. C’est au niveau du puits d’entrée de la Tanne aux cochons que se fait le prélèvement de l’alimentation en eau du stade de neige.

Sur la gauche, j’ai suivi le sentier de crête qui n’est pas matérialisé sur la carte IGN mais ne présente aucune difficulté sur le terrain. Il sinue à quelques mètres du précipice. Si, si, ça valait le coup de faire un détour même si je n’ai pas vu de chamois. La falaise du Margeriaz est impressionnante de hauteur et de formes. De vastes vires marneuses couvertes d’herbe et inclinées affleurent sous le (♥6) crêt du Margereriaz de calcaire urgonien (urgonien = de Orgon, commune des Bouches-du-Rhône). Les points de vue sur les montagnes environnantes laissent vraiment l’impression qu’on est tout petit.

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