Le lac et les alpages de Mariet

Parking à Montagny, hameau d’Arith, au bout d’une impasse. Le balisage est bon. J’ai prévu une variante hors balisage au cas où nous aurions un peu de courage.

La piste forestière est facile et monte doucement jusqu’à dominer la vallée et ses petits villages : Arith, Bellecombe-en-Bauges, etc. Après le virage en épingle sur la droite, nous circulons sur le GR de pays du massif des Bauges bordé de pivoines sauvages en bouton ; en Provence, elles sont déjà ouvertes.

Le sentier devient fortement empierré, sans doute une ancienne voie romaine. Marquée par endroit d’ornières dues au passage de véhicules, on pourrait penser à des chariots romains mais l’écartement mesuré par Domi grâce à une marque sur son bâton de randonnée infirme cette hypothèse : 83 cm environ.  Ce sont des traces de traîneaux à foin hippomobiles (selon wikipedia Montagne de Bange), peut-être même le genre schlitte vosgienne.
Je suppose que le traîneau ressemblait fort à celui de Montdenis (photo ci-contre à gauche extraite du site hippotese le cheval de travail, Savoie, Maurienne) ou d’un autre département montagneux proche l’Isère.

Traîneau ordinaire (Isère) : longueur 2 m; largeur: 1,10 m; hauteur au dessus du sol : 0,50 m. Les patins sont en bois non ferrés. Ils portent 4 montants appelés jambes auxquels sont fixés 2 traverses supportant le plancher. Selon Véhicules agricoles des régions de France : matériaux pour une ethnologie historique, J.-R. Trochet, E. Laubrie, Ministère de la Culture et de la francophonie, Mission du patrimoine ethnologique, Musée national des arts et traditions populaires (Rhône-Alpes, p. 595)

Nous délaissons le GR à la croix de bois à 993 m d’altitude, au lieu-dit Les Taillis. Curieuse croix de bois sombre sur laquelle une plaque de métal porte l’inscription « CRWE D’LA SALL’ A D’ZEU » (patois savoyard, allusion à la croix de l’Assemblée de Dieu ?) ; dans son livre Les Bauges, terre d’art sacré, La Fontaine de Siloë, 2005, Françoise Dantzer la date de 1978, année du centenaire de la création de la chapelle de Montagny ; en bas à droite D/9-99, la croix aurait-elle été restaurée récemment ? gravés dans le bois MM DOV, peut-être le pseudonyme de l’artisan créateur de la croix ; derrière, un banc de bois ressemblant à un banc d’école autrefois.

Le sol du sous-bois est maintenant couvert de racines entremêlées ; il devient de plus en plus humide et sombre ; au sortir du bois, le paysage s’ouvre sur les alpages et les chalets du Mariet-Dessous1 ; à partir de là, le sentier se dilue dans l’herbe, plus ou moins visible.

L’eau circule un peu partout : ruisseau, sources, lac,… Enfin le petit lac de Mariet, seule étendue d’eau dans ce secteur. Les dolines sont de plus en plus nombreuses dans les prés. Prudence aux aventuriers !

[La doline] est une dépression fermée et circulaire ; sa profondeur et sa largeur peuvent aller de quelques mètres à quelques dizaines de mètres; cette forme d’érosion est due à la dissolution du calcaire par les eaux acides.
Son aspect peut être très différent selon la nature du calcaire, l’altitude, l’exposition ; son évolution dépend de quatre facteurs : la dissolution, le comblement, l’évacuation et la désagrégation. En fonction de ses quatre facteurs, on peut distinguer des dolines en chaudron, en baquet (bords nets et fond plat), en entonnoir, en soucoupe, en cuvette… Les curiosités au fil des randos

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La cascade de Pissieu depuis Attily

Le club des cinq (aixois) passe une semaine entre Savoie et Haute-Savoie ; le choix des balades ou randonnées a été dicté plus par intuition que par la préparation de la semaine précédente. J’ai retenu plusieurs leçons pratiques de cette semaine :

  • si vous utilisez un GPS de voiture pour vous rendre sur un parking situé dans un hameau, renseignez-vous sur la commune auquel il appartient ; le hameau remplacera le nom de la rue ;
  • consultez la carte papier pour vérifier que le trajet proposé par le GPS est bien le plus court ;
  • chaque village compte plusieurs hameaux isolés et éloignés les uns des autres ; le trajet peut donc s’allonger par rapport au chef-lieu.

Nous sommes partis d’un des deux parkings (parking du Pissieu) situés à Attily, commune du Chatelard. Un panneau d’information à l’entrée explique le jeu ‘Promenade en liberté’ qui, à l’aide d’un livret (6 € l’emprunt auprès de l’accueil du Camping de l’Ile ou au bar-restaurant La Grolle à Lescheraines), active des bornes sonores que l’on repère par des médaillons de couleur collés sur les rochers. Nous n’avons pas le livret, nous ne jouerons pas mais nous avons toutes en tête le final de la randonnée : un salon de thé réputé que nous a trouvé Dominique.

Nous partons par une belle piste forestière sans difficulté près du pont sur le nant (ruisseau) d’Aillon. Rapidement, une odeur d’ail taquine nos narines ; nous écrasons la feuille entre nos doigts, le temps de vérifier qu’il s’agit bien de l’ail des ours, régal des ours près leur hibernation. C’est au printemps que cette plante habille le sol de toutes les forêts d’Europe et d’Asie du nord ; plante comestible comme vous le verrez plus loin.
Un agriculteur en tracteur ramasse les branches tombées sur le sentier. Nous longeons les champs sur notre gauche, d’un vert profond, signe que l’eau est toujours présente.

Un panneau annonce la vente de fromages à la ‘chèvrerie des tannes1 et glacières’ ; sans hésiter, les quatre filles entrent, observant en passant les poules et les lapins en liberté. A l’étalage, des petits chèvres ronds à divers niveaux de maturité, du frais au plus sec. Ce sera pour ce soir, mangés en une fois. Pendant que Domi déguste sa glace au lait de chèvre, nous éprouvons la sensation douce et légère des vêtements en laine mohair fabriqués sur place et sous-traités pour la teinture.

Nous reprenons la piste devant nous qui, au croisement, mène à la cascade de Pissieu. Située sur notre droite, derrière quelques arbres, elle est difficile à voir en entier. Un couple me suggère alors de traverser le bras de rivière sur des pierres émergeant à peine pour me positionner un peu plus en diagonale. Je traverse sans encombre sauf qu’à vouloir aller encore plus loin je glisse dans l’eau, rattrape mon bâton de randonnée avant qu’il ne s’enfuit dans le courant et baigne mes chaussures.
Deux copines continuent le chemin qui monte jusqu’à la source mais d’où l’on ne peut voir la cascade.


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Croix du Nivolet à partir du Sire

Une randonnée en montagne facile, ce qui n’est pas évident à trouver dans les Bauges ; nous étions les seuls à nous garer aux chalets de Sire le matin vers 9h mais au retour, le parking était plein ; manifestement c’est une randonnée classique, très prisée à partir de cet endroit, pour une demie-journée seulement.
Pour les sportifs, d’autres itinéraires sont possibles : La Croix du Nivolet 1547 m, depuis Lovettaz sur sentier-nature, la croix du Nivolet en circuit depuis La Féclaz sur visorando, la croix du Nivolet par Pragondran sur altituderando.

épilobechardonsLa montée commence sur une large piste caillouteuse, tantôt au soleil, tantôt légèrement à l’ombre  mais fleurie d’épilobe, chardons et fleurs jaunes ; en sortant des derniers bosquets, au soleil, près des champs, les vaches cherchent déjà un peu d’ombre. vers le Sire et le parkingDans le virage, la manche à air indique la direction et la vitesse du vent sur l’aire de vol libre Sire sud ; pourtant il n’y a ni parapente ni delta ; sans doute à cause du vent de secteur Nord qui rend le décollage impossible.

passage sur blocs rocheuxracinesLa dénivelée n’est pas très importante mais les petites montées et descentes vont se succéder dans le sous-bois sombre dû aux arbres ; les pièges réclament un peu d’attention : les racines apparentes des grands arbres, des blocs rocheux anguleux agglutinés sur le sentier ; même facile, mieux vaut porter ses chaussures de montagne. De nombreuses sentes s’égarent parfois à partir du sentier officiel balisé de jaune ou de bleu mais toutes mèneront au but. De temps en temps, un panneau directionnel décompte le temps qu’il reste pour atteindre le sommet.

Croix du Nivolet et falaisePremier arrêt à mi-chemin pour toiser la falaise ; second arrêt au cairn pour voir la croix posée sur une pente herbeuse en haut de la falaise calcaire qui prend le soleil. Plus que 10mn. Au refuge du Nivolet (1512 m), nous prenons connaissance de l’histoire de la croix sans l’avoir vue encore. Quand je dis refuge, cela ressemble plutôt à un abri ouvert pour promeneurs surpris par un orage ! Protection au sommetLa dernière partie est la plus raide ; les marches d’escalier de bois sont hautes ; pour atteindre la croix, il reste quelques mètres dans les touffes d’herbe et les rochers. Des protections métalliques entourent la falaise : il n’y a donc pas de risque de chute.

La croixOn pourrait faire remonter l’histoire de la croix du Nivolet à celle d’une confrérie fondée à Chambéry en 1594 ; vêtus d’une cagoule et d’une longue robe noire, les pénitents noirs étaient chargés d’accompagner les condamnés à mort en procession jusqu’au gibet de Verney ; en face de celui-ci, en 1594, ils avaient érigé une grande croix en bois qui servait de station fixe pour les processions ; quand elle sera transférée au sommet du Nivolet en 1861, ils installeront leur station fixe rue du faubourg Reclus.
Le Monument des Pénitents noirs du Faubourg Reclus  [Chambéry, Savoy, France], Jacques Berlioz [Directeur de l’école Nationale des Chartes], Vieux Chambéry, 6, 1974
Franc-maçonnerie : Ésotérisme et Théâtralité : Ouvrage de référence sur la présence de l’ésotérisme dans le théâtre, Olivier Santamaria, Anna Maria Vileno, EME éditions, 12 juin 2015.
Le décret de Charles-Albert de Savoie en 1831 rétablit le gibet à la place de la guillotine. La dernière pendaison aura lieu en 1860 à Chambéry sur la place du Champ-de-Mars appelée aussi Verney. Histoire de bourreaux : Quand on pendait en Savoie (1815-1860). Palmarès des exécutions des états de Savoie

1861 : quand l’avenue du Comte-Vert est percée, la croix est abattue. Le comte de Fernex de Mongex [qui a hérité du Clos des Pénitents Noirs], lance une souscription pour en construire une autre à la pointe du Nivolet
1867 : les bras de la croix sont agrandis pour la rendre plus visible
1874 : la foudre l’endommage ; une nouvelle couverture de fer blanc la protège
1909 : un ouragan tord le fût de la croix qui n’est pas réparable
1911 : nouvelle souscription pour une nouvelle croix en béton armé recouverte de plaques d’aluminium (21,5 m de haut).
1944 : une charge de plastic déstabilise la croix ; nouvelle souscription pour sa réparation
1960 : nouvelle souscription pour l’illumination de la croix dont l’installation est rapidement vandalisée
1989 : l’EDF réhabilite la croix et ses abords, installe un nouveau système d’illumination à distance. Pour allumer les projecteurs, une ancienne ligne électrique est réhabilitée permettant l’électrification du hameau du Nivolet. Informations tirées du panneau d’information situé sur le refuge.

panoramique au sommet du NivoletLa croix d’une vingtaine de mètres de haut fait face à la ville de Chambéry ; on la voit donc de profil quand on arrive sur la pointe du Nivolet. Le lac du BourgetUn sentier un peu ardu permet de s’en éloigner pour mieux la voir d’un autre promontoire. Le spectacle dégagé est enchanteur avec ce beau temps. Les points de vue sont multiples : le mont Granier, les montagnes de l’Ain et même la dent de Crolles, le lac du Bourget bordé de ses montagnes protectrices, Chambéry à ses pieds ; quelques aiguilles enneigées de plus de 3500 m côté sud. Sur un des bancs sous la croix, nous prenons un en-cas avant de redescendre.

Croix du Nivolet et lac du Bourget

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