Les balcons de la montagne des Princes

L‘Albanais en Haute-Savoie, ce n’est pas de la haute montagne mais c’est quand même un peu physique ; le point culminant de cette randonnée est à 935 m, 5 m à peine en dessous de l’altitude officielle du sommet de la montagne des Princes ; cette vallée du Fier (prononcer le « r » comme dans l’adjectif  « fier ») est connue pour ses gorges aménagées à Lovagny, que l’on peut visiter sur des passerelles accrochées à la paroi.
Les chiffres figurant sur la carte de bas de page matérialisent un panneau directionnel, les lettres un centre d’intérêt. Le point (3b) ne figure pas sur la fiche vendue par l’office du tourisme de Rumilly. Vous trouverez deux parkings randonneurs nord et sud à Chavanne d’en Bas (465 m), totalement accessible par la route mais aussi un parking à Chavanne d’en Haut. L’office du tourisme de l’Albanais classe la randonnée comme difficile sur une demie journée.

L’album photos

Partie d’Alby sur Chéran, je traverse Rumilly puis Saint-André Val-de-Fier (D14) où se trouve l’hôtel-restaurant « Les bottes à Mandrin ». Le contrebandier populaire Louis Mandrin qui s’en était pris aux collecteurs d’impôts de l’époque, réfugié en Savoie à l’époque où elle ne faisait pas encore partie du Royaume de France,  y aurait laissé ses bottes de postillon, qui étaient fixées à la selle de son cheval, évitant ainsi de salir ses bas. Au xviie siècle, la monture, et donc les bottes, étaient changées toutes les sept lieues (distance entre deux relais de poste) d’où leur nom de bottes de sept lieues.

Histoire de Mandrin (page web), Le 26 mai 1755, l’exécution de Louis Mandrin (podcast), par l’historien Franck Ferrand

Aucun autre randonneur n’est au départ mais cela ne m’effraie pas d’être seule un certain temps. Le parking sud affiche les dates d’ouverture de la chasse et les jours de battue : bonne idée pour apprendre à partager la nature avec les chasseurs. Au bout de 15mn d’un sentier forestier, j’arrive à la croix de Chavanne (A), sur un espace dégagé, qui déjà m’offre un superbe panorama sur la plaine de l’Albanais, le massif des Bauges et le torrent du Fier, avec une vision curieuse au travers de l’arche de la chapelle Saint-André ruinée.

Les ruines de la chapelle (ou église Saint-André) seraient les restes d’un sanctuaire construit vers l’an 450 par les moines de Saint-Claude, puis reconstruit au XIIe siècle par les Bénédictins [du prieuré de Bonneguette]. Ce fut ensuite une église paroissiale jusqu’en 1663. [Pillage des pierres à la révolution. L’arche a été restaurée par le Lions Club de Rumilly]

Croix de Chavanne et Ruine de l’Eglise Saint André, cyril4885

Demi tour pour poursuivre par un autre chemin en direction du belvédère du mont des Princes ; situé un peu au-dessus du sentier de départ, il descend dans un premier temps – ce qui me fait craindre une erreur dans la préparation du circuit – puis progressivement monte de façon continue, dans une forêt de hêtres ; au point « Chappay » (1), un panneau directionnel rappelle la direction du belvédère. Parfois certaines montées sont plus rudes que d’autres.

Un panneau d’alerte m’indique une zone de petites falaises, que je n’ai pas trouvé dangereuses pour le randonneur habitué à marcher : la falaise ne frôle pas le sentier, et dix mètres en dessous, un replat cache le grand vide de 300 m de haut. Bruissement de feuilles sur ma gauche ; justement, en contre-bas, une biche court sans affolement : l’aurais-je surpris ?

Quand vous verrez les marches d’escalier (2) sur votre droite à 787 m d’altitude, ne continuez pas tout droit mais suivez le sentier qui semble parfois se perdre, jusqu’au chalet et sa réserve de bois (pour les chasseurs ?). Opportunément, l’eau de pluie est recueillie dans un bidon : je m’y rafraîchis volontiers.

Au niveau de la prairie après le chalet (3), le sentier brusquement vire à gauche mais le panneau est à peine visible de ce côté ; le sentier domine légèrement le chalet et les provisions de bois s’accumulent sur le bord du chemin.

Au point (3b) il faut quitter la piste pour un sentier plus étroit ; ne subsistent qu’une petite flèche jaune sur une pancarte de bois en hauteur et un panneau de bois à section carrée ayant perdu son balisage. Il ne faut surtout pas descendre mais plutôt rester à une altitude autour de 850 m ; je croise trois jeunes en baskets, décontractés comme s’ils se baladaient en ville ; j’entre dans une zone de lapiaz (B) que les eaux de pluie ont creusés sous forme de rigoles peu profondes couvertes de mousse. Le sentier circule entre eux mais une fois passe au dessus. Au printemps, les lieux sont couverts de jonquilles, et érythrones qu’il ne faut pas cueillir car elles fanent très vite. Photos sur le site Sortie du club des retraités de la MGEN

Quand je sors de la forêt, avant même d’avoir atteint le belvédère promis, je devine que ce sera impressionnant. On ne peut pas voir le fond des gorges du Fier, la cluse étant trop resserrée et profonde : seulement la paroi verticale pliée et sinueuse en face de moi ; je suis des yeux le ruban bleu du Rhône. De l’autre côté du fleuve le Grand Colombier, sommet du Jura dont les habitants de l’Ain sont fiers. D’ailleurs la Montagne des Princes un « des chaînons jurassiens formé de terrains essentiellement jurassiques et crétacés, plissés et affectés par des accidents tectoniques. » Selon Connaitre et protéger la flore de Haute-Savoie

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*** Le tour du lac de Monteynard par les passerelles himalayennes

Cette randonnée du tour du lac de Monteynard (Trièves, Isère, à 40mn de Grenoble et 2h de Sisteron) a été faite à l’occasion de la rencontre Alp’en fête 4 organisée par les Geocacheurs de Provence et de Partout. Tout en montées et descentes, dont certaines raides et glissantes, elle passe au dessus de deux longues passerelles métalliques réservées aux piétons et VTTistes. Un petit goût d’aventures, en particulier parce qu’il y a toujours du vent, du monde et que ça bouge ! Du fait qu’ils soient uniquement accessibles en bateau, les bords du lac sont restés très sauvages.

Album de mes photos sur google +

ticket pour la traversée du lacJ’ai réservé le bateau la Mira à 10h au départ de l’embarcadère de Treffort, presque en face du camping de la plage où je suis installée pour trois nuits (traversée d’une demie heure, 5€ en 2016). Le ciel est couvert, avec un léger vent pratiquement toujours présent. Le pilote, de sa voix posée et quelque peu envoûtante, devise sur le lac de Monteynard-Avignonet, sa construction, son niveau d’eau qui varie considérablement tout au long de l’année, ses secrets… Je sais maintenant pourquoi il y a si peu d’oiseaux sur ce lac : les oiseaux ne peuvent nicher sur ses berges à cause de la montée imprévisible de l’eau ; les poissons sont sans doute bien plus nombreux.
Le capitaine raconte l’histoire du village de Savel, disparu en 1962 à la suite de la montée des eaux mais déjà vidé de ses habitants.

Quand les eaux sont basses, on peut apercevoir des cèpes de vignes non arrachés des cultures de l’époque

Je descends de la Mira sur le bord opposé du lac, à l’embarcadère de Mayres-Savel. GPS au cou et lunettes de soleil sur le nez, je me dirige vers la première cache, devant laquelle plusieurs personnes sont déjà en chasse ; nous décidons de constituer l’équipe NiCro€, association de nicoulina, Cro-magnonne et V!NC€.

sentier près de la plagemont AiguilleNous longeons le bord du lac, sur un petit sentier à plat : bonne mise en jambe. Rapidement, le lac fait place au Drac dont le lit s’est élargi avec le lac de barrage. Au loin la citadelle calcaire du mont Aiguille sur la falaise orientale du Vercors, a été laissée là par l’érosion. Henri Giraud (vidéo YouTube) réussit à atterrir avec son avion sur cette plate-forme de 80 m sur 20 m, en août 1957.

GC6HEQ5 Le banc [Alp4], spgeo

A l’entrée du sentier de découverte, un panneau nous rappelle ce qu’a dit notre capitaine : on peut voir en contre-bas d’anciens pieds de vigne du temps où les habitants de Savel vivaient de l’agriculture et de la vigne ; ils fabriquaient un vin rouge ou blanc léger qu’ils vendaient aux communes avoisinantes.

campanule carillonPasserelle sur le Drac : on arrive !Notre sentier bientôt s’éloigne de la seule route qui mène à la base de loisirs et que l’on a atteint plus rapidement par le bateau qu’en voiture ; il dessine de grosses bosses et monte régulièrement jusqu’à la passerelle himalayenne sur le Drac que nous devinons au loin au dessus du Drac. Les fleurs de cette campanule carillon sur une tige robuste, sont les plus grandes de la famille Campanula. Au détour d’un virage la passerelle disparaît pour réapparaître bientôt face à nous.

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Lauzerte – Moissac, étape du chemin de Compostelle

Dans le cadre du premier salon des randonnées Attitudes Rando à Moissac (Tarn-et-Garonne) du 1er au 3 avril 2016, mon amie Claire et moi séjournons pour 3 jours chez Aideen et Rom [gite Ultreia1, Moissac, face à la gare], les irlandais de Moissac. Celui qui n’a jamais parcouru le chemin de Saint-Jacques de Compostelle ne peut imaginer la différence qui existe avec un autre gite. L’Accueil sur LE chemin s’écrit avec un grand A, dans la simplicité, la convivialité, l’entraide et le partage d’expériences. Arrivées vers 15h, accueillies par un thé, nous avons évoqué notre programme ; et là, Aideen, tout naturellement, a proposé de m’emmener le lendemain au départ du car à l’espace Confluence, balayant ainsi mes scrupules ; le « mini Saint-Jacques » Lauzerte-Moissac, est annoncé pour 24 km sur les guides officiels.

Le car dépose une cinquantaine de personnes à Lauzerte dans la région du Quercy Blanc (parce que le sol est surtout calcaire) vers 9h mais nous ne partons qu’à 9h30, ce qui me laisse le temps de visiter le marché et le centre du village.

cette bastide2 médiévale, fondée en 1241 par le comte de Toulouse, abrite en son cœur une superbe place à cornières, entourée de vieilles maisons en pierre et à pans de bois. A l’une des extrémités de la place, une œuvre artistique surprenante – le coin relevé – apporte une touche pleine d’originalité ! Non loin de là, un jardin classé remarquable – le jardin du Pèlerin – présente la particularité d’être composé sous la forme d’un jeu de l’oie grandeur nature, qui retrace l’histoire et le parcours du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Selon le France voyages

Presque tous les marcheurs connaissent la région et ne s’arrêteront pas pour prendre des photos ; moi, je suis venue pour découvrir ; les temps d’arrêt m’obligeront à courir pour rattraper le groupe.
Métier à ferrerNous descendons les ruelles du village, passons devant le métier à ferrer les bœufs : j’en ai vu plusieurs lorsque j’ai parcouru le tour des monts d’Aubrac et j’ai expliqué son fonctionnement dans l’article de Saint-Urcize à la Chaldette. Évidemment la descente du village se fait par le chemin des pèlerins.

La météo, rapidement changeante du jour au lendemain, est déroutante : annoncée pluvieuse toute la journée deux jours avant, puis pluvieuse l’après-midi, finalement la journée sera couverte mais sans une goutte de pluie ; la cape de pluie nouvellement acquise ne me servira pas.

Vue sur LauzerteSentier après LauzerteDeux groupes sont prévus : l’un avec accompagnement spirituel avec le père P. et son chien, et l’autre sans ; rapidement, les deux groupes se mêlent et je marche quelques minutes avec le prêtre qui évoque en connaisseur l’abbaye de Moissac. Rapide clin d’œil en arrière pour observer Lauzerte assise sur son piédestal de 224 m de haut.

Etang LamotheEntre des paysages ouverts et bien verts, le sentier passe près des bassins de lagunage puis près de l’étang Lamothe ; beaucoup de plans d’eau jalonnent ce parcours ; le sentier monte régulièrement jusqu’au Chartron.

Le pigeonnier du ChartronLe nom de Chartron vient des Chartreux ; cet ordre est, en effet, le premier propriétaire connu du Chartron. […] … leur habitation fut plus tard érigée en prieuré. […] L’habitation a donc été construite avant 1519… Extrait du bulletin de la société archéologique de Tarn et Garonne, datant de 1900.

Le pigeonnier seigneurial des Chartrons sur piliers de pierre avec capel3 m’étonne car très différent de ceux de Haute-Provence. Le toit est surmonté d’un lanternon pyramidal à volets de bois perforés pour l’envol des pigeons. Privilège du seigneur qui récoltait la colombine comme engrais fertilisant, il est caractéristique de l’architecture vernaculaire du Tarn et Garonne.
Chapelle Saint-SerninCroix devant Saint-Sernin du BoscDans le vallon du Miel un  peu plus loin, unie à la Chartreuse que nous venons de voir, la chapelle romane de saint-Sernin du Bosc bâtie au 11è s (inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques depuis 1995), nous invite à sonnIntérieur chapelle Saint-Serniner la cloche grâce à sa corde pendante. Un clocher-mur à pignon triangulaire abrite deux cloches, la corniche romane des modillons4. Sur le socle du calvaire, de multiples petits cailloux ont été déposés par les pèlerins, coutume largement répandue sur le chemin. Seuls quelques marcheurs se sont arrêtés pour la visiter. Cette église est mentionnée dans les bulles de 1097 et de 1240 comme une possession de l’abbaye de Moissac qui, au 13è s., la céda à l’évêque de Cahors. La chapelle a été classée Monument Historique en 1995, décennie qui a vu sa restauration complète. Site Lauzerte-tourisme

ferme du Parry : accueilNous longeons les champs de colza qui composent un tableau impressionniste coloré. La ferme du Parry a organisé un accueil pour les pèlerins avec café et quelques biscuits. Nous nous y arrêtons avec plaisir, accueillis par la propriétaire des lieux.

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