J5 De Super-Besse à Chareyre en passant par la Vierge Noire de Vassivière

IMG_0464.jpgIMG_0468.jpg5ème journée de notre périple dans les lacs et volcans d’Auvergne. Nous quittons l’hôtel Gergovia de Super Besse qui ne nous a pas convaincus, à moitié en travaux avec une nourriture moyenne. Nous longeons le lac artificiel des Hermines de Super Besse, la D149 sur quelques mètres avant de pénétrer par le GR4 dans un vaste pâturage.

IMG_2291.JPGIMG_2312.JPGL’église de Vassivière apparaît au loin dans un cadre champêtre. Pendant l’été, elle abrite la statue de notre dame de Vassivière, la Vierge Noire, que des porteurs amènent depuis l’église Saint-André de Besse le jour de la fête de la montée (2 juillet) ; sur 8km, elle est suivie par des pélerins. Elle reprend sa place le jour de la dévalade, le dimanche suivant le 21 septembre. Elle est accueillie à la tombée de la nuit par une ville en fête. Cette antique tradition datant probablement du XVIè siècle, rappelle que « l’homme est un pélerin, toujours en marche, en quête d’infini et de bonheur, en quête de Dieu ».

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Brume du Vercors : une histoire rando-pastorale (1ère partie)

(Toutes les photos ont été prises en temps réel dans le feu de l’action)

Fin août 2005, c’est la fin des vacances d’été et nous partons tôt le matin pour une balade en montagne, objectif : le refuge de la combe de fer et sa grotte que je connais bien. Nous pénétrons dans le gouffre avec mon fils Kévin, je le guide jusqu’à moins 90 mètres à la lueur des lampes frontales.

Une heure plus tard, nous retrouvons la lumière du jour et ma femme Chiemi qui nous attend sagement en soignant le petit lérot blessé que nous avons trouvé en arrivant.

A la fin du pique nique, je les convaincs de tenter de rejoindre le pas de la Balme par la montagne sauvage, en traversant un versant appelé « les chaudières », une randonnée hors sentier comme je les aime. Pendant que nous escaladons les lapiaz impressionnants et les pierriers de la tête des chaudières, j’ai une petite inquiétude : Le plafond nuageux est dense et pas très haut, j’estime son altitude à peu près égale à celle de notre objectif ou nous retrouverons un sentier, je leur demande d’avancer le plus rapidement possible car je crains une descente soudaine du plafond.

Alors que nous sommes occupés par l’observation de marmottes, les nuages épais nous enveloppent soudainement. En quelques secondes, la visibilité se réduit à quelques mètres, toute orientation visuelle est définitivement impossible, c’est impressionnant et Chiemi manifeste quelques craintes. Mais je connais bien le secteur et j’ai une boussole dont je sais me servir, alors nous commençons notre progression en aveugle.

Nous sommes prisonniers de cet épais brouillard depuis une bonne heure quand un petit cri parvient jusqu’à nous. Nous sommes surpris car il déchire littéralement le lourd silence dans lequel nous évoluons. Nous ne l’identifions pas immédiatement.

Nous nous arrêtons pour écouter plus attentivement, et nous reconnaissons un frêle bêlement. Nous venons d’arriver dans les premières prairies d’alpages : « Peut-être le troupeau de Combeauvieux » me dis-je tout de suite. Mais c’est impossible ! Le troupeau, ce sont des centaines de têtes et des dizaines de clochettes, c’est très bruyant. En fait, il n’y a de toute évidence qu’un seul et unique animal qui parait nous avoir entendus et qui bêle frénétiquement dans notre direction. Ma boussole retrouve ma poche et c’est ce son qui devient mon guide… A quelques mètres de nous une petite tache blanche perce le brouillard, je m’approche et me trouve face à un petit agneau sous lequel pend encore son cordon ombilical.

Il est trop mignon, notre instinct nous pousse à le prendre immédiatement dans nos bras pour le câliner et le protéger mais je m’y oppose formellement car ce geste d’amour pourrait devenir une irrémédiable condamnation à mort (On appelle cela le syndrome de Bambi : Dans un élan d’affection, vous prenez un animal sauvage qui vient de naître dans vos bras, quand vous le rendez à la nature, sa mère qui ne l’identifie qu’à son odeur ne le reconnaît plus, elle l’abandonne et il meurt de faim… Le même phénomène peut se produire avec les brebis durant l’estive en montagne).

Quelque chose n’est pas normal, je ne comprends pas comment un agneau peut se retrouver dans cette situation, à cette époque de l’année, seul en montagne, perdu dans le brouillard. Je demande à Chiemi & Kévin de rester avec lui sans le toucher et je commence à décrire une spirale autour du nouveau né, je m’éloigne d’eux de plus en plus, je les perds de vue rapidement mais je continue à chercher désespérément une brebis tout en sachant que si le troupeau était à moins d’un kilomètre, je l’entendrai forcément. Je dois me rendre à l’évidence, il est vraiment seul. Guidé par les bêlements du petit, je le rejoins et cette fois, je donne l’autorisation de le caresser…

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*** Les balmes de Montbrun, habitations troglodytes creusées dans un volcan

Sur les conseils d’Evelyne et Patrick qui nous accueillent à Darbres (Ardèche) dans une chambre d’hôtes Ardelyne pour un week-end châtaignes, nous programmons la randonnée jusqu’aux balmes1 de Montbrun, hameau de Saint-Gineys en Coiron ; en 1842 elles s’appelaient encore balmes de Montbrul, sans doute à cause de l’origine volcanique et brûlante du lieu. La dénomination était plus significative qu’aujourd’hui. Parmi les deux accès conseillés (à partir de Saint-Jean le Centenier ou de Saint-Gineys), nous prenons le second, un peu plus difficile mais plus varié. Il est bien balisé dès le départ.

IMG_0630r.jpgUn vent froid nous oblige à enfiler le coupe-vent et nous fait hésiter. Un autre marcheur renonce. Nous partons de l’église de Saint-Gineys (site Inforoutes de l’Ardèche : Saint-Gineys) dont la façade est dissymétrique. L’aviez-vous vu ?

…Elle daterait du XIIème siècle et aurait été modifiée aux XVIIIème et XIXème siècles. …l’abside semi-circulaire, beaucoup plus basse que la nef, avec sa fenêtre étroite largement ébrasée, semble bien avoir traversé les siècles sans dommage. Il en est de même de l’intérieur […]. On peut voir, à gauche de la fenêtre de l’abside, deux pierres gravées d’étoiles à six branches, qualifiées par les spécialistes de «rosaces carolingiennes». Extrait du site Patrimoine d’Ardèche

IMG_0658r.jpgIMG_0641r.jpgLe sentier ressemble à une calade grossière ; il longe des pâturages où paissent d’impressionnantes vaches blanches que mon compagnon de route se complait à photographier. Puis le sentier descend, descend de façon continue jusqu’à la rivière. Il est jonché de châtaignes dont certaines, grosses et régulières, seraient dignes d’être transformées en marrons glacés. Tout en bas, la passerelle au-dessus de la Claduègne n’a qu’une balustrade que je brinquebale rien qu’en y posant la main. A gauche, c’est le vide. Puis c’est la remontée, avec un pas difficile juste avant la route, des marches d’une hauteur à faire frémir un mollet sensible. Nous remontons dans les sous-bois puis le dernier kilomètre se fait tranquillement en terrain plat. La première cache Les balmes de Montbrun par geo8707, ne nous résiste pas longtemps.

IMG_0695r.jpgL’arrivée sur le point dominant me laisse bouche bée. Formé par d’importantes accumulations de bombes et scories, le site a été en partie détruit par l’érosion. Dans le cirque à mes pied, les grottes creusées par l’homme dans les parois d’un ancien volcan, constituent un véritable village. Les marnes et les calcaires ont été rapidement érodés : il y a eu inversion de relief comme pour le volcan de Sceautres. « On dirait les casiers d’une ruche colossale » lit-on dans le Dictionnaire géographique et administratif de la France et de ses colonies, sous la direction de Paul Joanne, Hachette (Paris), 1890-1905

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« C’est Faujas de Saint-Fond, ingénieur des mines et responsable de la première chaire de Géologie du Muséum de Paris qui attira le premier l’attention du monde scientifique en 1778 sur le Coiron. Il […] identifia même divers fragments de poteries antérieures au Moyen-Age. Les hommes avaient en fait profité de ce lieu retiré pour creuser des habitations dans les scories volcaniques. A noter que ce lieu fut aussi un refuge important lors des guerres de religion. » Musée fossiles, les balmes de Montbrun

IMG_0680r.jpgIMG_0693r.jpgPendant que Ti’Mars… joue à chercher la earthcache Les Balmes de Montbrun, par team pompierke, je descends lentement jusqu’à la chapelle troglodyte Sainte-Catherine ; le sentier abîmé par l’eau est glissant et peu commode. Ouverte, construite dans un cône de scories, elle accueille le visiteur dans un tout petit espace ne pouvant contenir plus d’une quinzaine de personnes. IMG_0677r.jpgUne petite fenêtre donne sur l’extérieur ; sur l’autel, entouré de fleurs de tournesol, sont négligemment posés quelques écrits philosophico-religieux qui, selon moi, ne devraient pas s’y trouver. Depuis les balmes, on pouvait la rejoindre en empruntant la brèche qui servait de fossé au château. C’est ce que fit autrefois le Dr Francus.

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Dans Voyage autour de Privas / par le Dr Francus, Mazon Albin (1828-1908), Impr. de Roure (Privas), 1882, le Docteur Francus […], accompagné de son ami Barbe, raconte sa rencontre avec les derniers habitants des balmes, l’abbé Brochory qui se nourrit pour ’10 centimes de pain et une tome par jour’, et une famille pauvre très âgée qui a une fille aveugle d’une cinquantaine d’années ; c’est elle qui les conduit jusqu’à la chapelle en empruntant une brèche qui sert de fossé au château ; cette brèche est coupée au milieu par un mur de lave laissant supposer qu’elle était surmontée d’un pont-levis en bois.

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