*** Le site de Gicon à Chusclan

img_2536.JPGUn petit village Chusclan, une petite route interminable et en mauvais état, une seule voiture de chasseur sur le parking. Le cadre est planté. Je me gare près de l’abri de la ferme de Gicon et cherche le chemin qui me mènera au chateau.
*Télécharger la boucle de ma visite du site de Gicon

Rien ne laissait présager la grandeur et la beauté du site que j’allais découvrir et qui pourtant avait été abandonné par leurs propriétaires successifs pendant 300 ans avant d’être racheté par la cave des vignerons de Chusclan.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

img_2531.JPGLe sentier est bien balisé. 350m après le parking, au pied du château, la chapelle dédiée à Ste-Madeleine, qui a été plusieurs fois restaurée au cours des temps, apparait au milieu d’un enclos qui la met en valeur ; la légende chusclanaise la classe à l’époque de Charlemagne (c’est ce qu’indique le panneau d’ailleurs) mais les traces retrouvées ne remontent qu’à l’époque romane ; de plus, les Chartreux de Valbonne étaient prieurs de cette chapelle : or, la Chartreuse n’a été fondée qu’en 1203 par Guillaume de Vénéjan. Elle est toujours le lieu d’un pèlerinage qui se déroule le 3ème dimanche de Juin. Après la messe en provençal, les pèlerins se retrouvent autour d’un repas, dans une ambiance chaleureuse et conviviale.  img_2539.JPG
Après la traversée d’un sous-bois sombre, je débouche à l’entrée du château en longeant un long mur. La restauration de cette forteresse de Gicon est exemplaire ; des panneaux ont été mis en place à la demande de la Cave Coopérative, propriétaire du site, afin de guider au mieux les visiteurs.  img_2540.JPGJ’apprends dès l’entrée qu’il a été construit sur l’emplacement d’un oppidum celte.

L'entrée avec indication de l'emplacement de l'oppidum celteLa porte d’entrée est à l’Est ; la calade intérieure d’époque romaine a été retrouvée intacte sous les décombres.  Autre preuve de la présence des romains : les blocs de pierre du coin nord-ouest troués pour introduire 3 pièces de fer permettant de les soulever pour les mettre en place, méthode utilisée dans les grands monuments romains.

Au Moyen-Age, une garnison de 300 hommes s’installe sur place. L’ensemble logement et citernes leur permettaient probablement de faire des provisions pour une année.

img_2555.JPGJe croise un groupe de visiteurs accompagné d’un membre de l’association des amis de Gicon ; ils terminent la visite. L’un d’eux, canadien jovial, me glisse à l’oreille avec le fort accent de son pays : « c’est un vrai bonheur de découvrir cet endroit ! « .

*Photos des élèves de l’école publique d’Orsan

Au travers des arcades de la bergerie reconstruite sur des murs du 13ème siècle, la vue tronquée des bâtiments et les arbres qui ont repoussé donnent une vision irréelle des lieux. La construction du donjon se situe entre 1200 et 1260, d’après les fondations retrouvées. En 1631, Henri de Montmorency et le seigneur de Gicon s’opposent au roi qui ordonne le démantélement du donjon de Gicon qui est miné.
Le plan situé dans la maison forte indique l’accès à la grotte vouée au culte druidique du soleil. Elle est accessible par un petit escalier sous le poste de garde ouest non loin du donjon, mais je ne l’ai pas trouvée le jour de ma visite. La légende rapporte que la cavité creusée était destinée à recevoir la faucille d’or des druides.

Pour déjeûner, je m’installe sur la terrasse panoramique près du logis seigneurial. C’est une maison forte construite au début du 14ème siècle sur l’ordre de Philippe le Bel servant également de cour de justice. Entourée de ces tours de garde, ces grands bâtiments étagés en gradins, ces murs de pierre bien alignés, je ressens l’importance qu’ont eu ces lieux stratégiques à la croisée de plusieurs provinces et de deux vallées, celle de la Céze et du Rhône.
Selon le plan MONTLEAU – A : salle barlongue1 : niveau 1 couvert en berceau ; latrine ; escalier droit dans un mur, desservant le niveau 2, arasé ; B : tour de plan presque carré ; C : haute tour maîtresse, dont ne subsiste qu’un pan de mur avec arrachements d’une voûte en berceau ; E : bâtiment complexe, à plusieurs pièces ; hotte de cheminée conique contre le mur extérieur
*Récupérer le plan du site de Gicon (visible à l’intérieur de la maison forte)

img_2561.JPGimg_2560.JPGUne table d’orientation très colorée complète avec bonheur ce site plein de surprises. Au pied des falaises du château se déploie le vignoble expérimental de Chusclan. Les gradins viticoles épousant les courbes de niveau assurent une meilleure protection contre l’érosion. La cave de Chusclan a inscrit dans le cahier des charges de ses meilleures sélections une clause inattendue pour une coopérative : l’obligation pour le vigneron de participer à la vinification des raisins issus de ses parcelles. Les 12 ha de vignoble qui se trouvent en contre-bas du château font l’objet d’une vinification séparée pour donner la cuvée Château de Gicon en Côtes du Rhône rouge.

J’ai passé tant de temps à visiter le château que j’en ai presque oublié ma partie de chasse au trésor. Je n’ai pas eu trop de mal à trouver la cache Lou Castel de Buckfast. Pour changer de trajet, j’ai fait une boucle qui m’a amenée sur l’autre versant de la colline. Sur le parking, les chasseurs se plaignent de la chaleur qui a incommodé leurs chiens mais évoquent aussi des coins secrets de nature qu’eux seuls connaissent : je dresse l’oreille pour capter leurs propos mais en l’absence de la carte IGN du coin, je n’ai pas su les repérer, hélas !

Ce lieu vaut le détour, je vous l’assure !

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1barlongue : en architecture, bâtiment dont le côté le plus long se trouve de face.

Le château de Gicon, Archéologie du Midi médiéval, MAIGRET C.

Histoire du chateau de Gicon et de Chusclan, Assocation amis de Gicon & Chusclan, 1991

*** Le fort Peccais, une piste au bout du monde

fort peccais aerien.jpgPrononcer Peccaï, nom qui viendrait de Peccatius, ingénieur romain inventeur des premières techniques d’exploitation du sel. Et rétablissons la vérité : ce fort se situe sur le territoire de la commune de Saint-Laurent-d’Aigouze et non sur celui d’Aigues-Mortes ! * Télécharger l’itinéraire depuis le centre ville

Une véritable aventure que cette balade en petite Camargue au fort Peccais dans les salines ausud d’Aigues-Mortes ! je ne le vois indiqué nulle part dans la ville bondée de touristes qui se disputent les parkings payants autour des remparts. Je prends la direction sud et m’engage sur une première piste où seul un homme promène son chien. Arrivée au bord des étangs, je ne trouve plus le moyen de progresser. Ce n’est pas la bonne piste. Je m’arrête une première fois pour demander mon chemin mais là encore, je ne trouve pas : je bute maintenant contre un champ et une propriété privée. Je questionne à nouveau un vieil habitant qui me donne quelques points de repère : le restaurant à consonance espagnole, la piste qui traverse une propriété privée mais que tout le monde ici a l’habitude d’emprunter.

Carnets de rando #2 Camargue, le fort Peccais (vidéo)

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie et le vent

Enfin ! je trouve la route bientôt prolongée par une large piste poussiéreuse, cahotique, longue de 7 kilomètres qui traverse marais, vignobles et canaux, découvrant parfois la surprise d’un oiseau de Camargue. Je roule avec ma voiture neuve qui inaugure sa première sortie. Dans le rétroviseur, je ne vois qu’un nuage de poussière mais devant, enfin, le fort de Peccais, au bout du monde.

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Bermond III d’Uzès, 7ème et dernier seigneur d’Uzès de 1285 à 1318, échange avec le roi de France Philippe le Bel, les salines de Peccais contre la seigneurie de Remoulins et autres lieux.

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