Autour de Maguelone

IMG_0002.jpgPhoto aérienne IGN presqu'île MagueloneLieu étonnant… une cathédrale perdue sur un ilôt de vignes, entre mer et étangs mais digne des grandes agglomérations, sans doute parce qu’elle fut le première cathédrale de la région avant celle de Montpellier. La cathédrale Saint-Pierre de Maguelone déjà de loin, m’impressionne. Mais comment se fait-il qu’un siège épiscopal ait pu se construire en dehors d’un milieu urbain ? c’est Alexandrine Garnotel qui lèvera une partie de ses secrets le jour de l’event des Geocacheurs de Provence.

  • Au début de notre ère, de nombreuses traces d’occupation ont été trouvées sur le site (pierre à bâtir, poteries,…) ; l’habitat est concentré au sommet de l’île, tout le reste c’est de la vigne ;
  • un port de commerce avec l’Afrique du Nord, l’Espagne et l’Italie vers le IIIè siècle : vin et huile sont échangés. Ce dynamisme économique, vu l’abandon des autres villes alentour, prédisposait sans doute Maguelone à devenir le siège épiscopal de la région.
  • plan_maguelone (d'après doc. A. Garnotel)Les grands travaux commencent : première cathédrale (sous celle actuelle dont l’emplacement est marqué d’un trait rouge au sol) et église funéraire actuellement réenfouie.
  • A l’époque troublée des invasions VIIIè-Xè, les évêques désertent le siège au profit de Castelanau le Lez.
  • Vers 1050 Arnaud entreprend la construction de l’église romane. Sur plusieurs siècles les constructions se succéderont.
  • A la fin du moyen-âge, Maguelone a atteint son apogée.
  • Au XVIè le siège est transféré à Montpellier ; Maguelone ne sert plus que de sépulture aux évêques. Servant de refuge aux protestants durant les guerres de religion le roi Louis XIII ordonne la destruction des bâtiments sauf de l’église.

La plupart des informations historiques sont tirées d’un document fourni par A. Garnotel.

En 1085, le comte Pierre de Melgueil fait don de l’évêché au Pape Grégoire VII et à ses successeurs : c’est ainsi que le Pape Urbain II viendra visiter l’île et déclarera cette cathédrale 2ème après celle de Rome. Il lui accordera le port des armes pontificales : les clés de Saint-Pierre.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

IMG_0013.jpgNous partons du parking de la cathédrale confié désormais au C.A.T., véritable forteresse de pierres provenant de la carrière des évêques. Elle ressemble donc à une château fortifié : chemin de ronde soutenu par des arcs brisés qui couraient sur toute la surface de la cathédrale, murs dépassant couramment les deux mètres d’épaisseur, mâchicoulis à l’entrée de Maguelone depuis la tribune au 1er étage, tours imposantes et meurtrières.
Sur la façade de la cathédrale, diverses scènes bibliques sont représentées : sur le bas-relief de droite, nous reconnaissons Saint-Pierre (apôtre du christ, 1er évêque de Rome), tenant les clés de l’entrée du Paradis, et Saint-Paul sur celui de gauche. Tout comme le linteau, ils n’étaient pas là à l’origine. Une fois à l’intérieur, nous nous retournons vers le portail d’entrée : l’archéologue nous montre la borne milliaire réemployée dans le mur près du plafond mais les chiffres romains sont difficilement lisibles à la verticale.

IMG_0028.jpgIMG_0037.jpgIMG_0055.jpgIMG_6955.JPG

Le trône de l’évêque1, était placé au fond de l’abside, dans l’axe. IMG_0086.jpgDe nombreux tombeaux d’évêques y sont placés. Un escalier de pierre est construit dans le mur : sa modeste hauteur de marche est conçue pour que des mules puissent monter leur chargement à l’étage. De chaque côté de la tribune, deux chapelles hautes sont construites dans le mur. La pierre tombale qui s’y trouve a été transportée là par le dernier propriétaire pour servir de table d’autel. Elle porte encore une inscription du moyen-âge, en lettres latines serrées. De la tribune des chanoines, nous accédons à la « terrasse » et la première cache GC2EN11 les voix de Maguelone par virusland34 ; notre dissipation inquiète quelque peu notre guide. On voit bien qu’autrefois des constructions adjacentes complétaient l’ensemble : cloître, réfectoire. Toutes les pierres de la partie habitation ont été revendues pour la construction du canal. Nous ne pouvons qu’imaginer l’importance du lieu.

Languedoc roman, Maguelone, site sur l’art roman

IMG_6985.JPGNous improvisons une balade tranquille (non balisée) en bord de mer et le long des étangs, en commençant par le calvaire GC1174B Saint-Pierre de Maguelone par f5pvj face aux vignes. Il fait froid mais les familles sont sorties et marchent dans le sable le long de la grève.

Le bord de mer à PalavasNous arrivons au panneau d’information où se trouve la cache dédiée à Gustave Courbet GC1K1CM Sur les traces de Gustave – 4 point de fuite par Philovelo. Le premier tableau de Palavas (1868) représente le peintre seul face à sa « petite mer » aux multiples nuances de camaïeux de bleus. « Le bord de mer à Palavas est une exception dans la série de tableaux qu’il a peints dans le sud de la France. etangs_palavas.jpgC’est une des premières fois où il utilise presque exclusivement la technique du couteau à palette, dont il se servait précédemment pour étaler de larges bandes de couleur au milieu de la toile. » Il découvre les étangs à Palavas trois ans plus tard lors d’un séjour chez F. Sabatier. Pas de personnage, que des paysages.

Continuer la lecture de « Autour de Maguelone »

La loutre et les canards du lac Mourre

Pour les besoins de la fiction, permettez que la loutre en reste le héros… car, selon Audrey et Anaïs, il s’agit d’un ragondin !

img_8574r.jpgimg_8567r.jpgUne loutre vivait tranquillement dans un petit étang de l’Hérault à Mauguio. Elle avait trouvé de la nourriture en suffisance et une catiche convenable sous les racines d’un arbre près du ponton de bois où elle se tenait bien cachée à l’affût de quelque proie. Elle était fière de faire partie du millier de loutres encore vivantes en France. Sans doute son lac était-il encore peu pollué. De nombreux mas avaient été construits autour du lac mais elle n’en était pas incommodée : mammifère protégé depuis 1981, elle s’était installée dans une réserve de pêche privée, qui ne recevait pratiquement pas de visite d’étrangers. Elle se sentait aussi bien dans l’eau que sur la terre ferme. Son plat préféré, c’était le poisson. Mais elle se régalait aussi d’insectes, de petits rongeurs, de batraciens, et parfois d’oiseaux aquatiques si c’était nécessaire. img_0195.jpgimg_0184.jpg
Une tribu de canards et de canetons vivaient également sur le lac. Peut-être était-ce des sarcelles d’été ? Qu’importe. Dès notre arrivée sur le ponton, ils s’approchent à grands cris, trufflant, cancanant, canquetant à tue-tête. Ils semblent vouloir nous attaquer bien que nous n’ayons aucune intention belliqueuse. Prudents, nous effrayons celui qui semble être dominant afin qu’il retienne sa tribu près de lui. img_0189.jpg
La loutre, souple, musclée, dotée d’un cou robuste et de quatre pattes palmées est une merveille d’adaptation pour le milieu aquatique : elle se déplace le long de la berge, retourne sous son abri puis revient, ses vibrisses l’ayant renseignée sur le frémissement de l’eau où nagent les jeunes canetons. Elle parcourt en apnée les quelques mètres qui la séparent de ses proies. Elle inspecte de ses yeux ronds et vifs tout ce qui se passe à la surface tout en gardant la quasi-totalité de son corps immergé. Les oiseaux crient de plus belle. img_8571r.jpgNous la surveillons. Arrivée à proximité des canetons, elle sort la tête de l’eau, semblant humer l’air, tourne la tête de droite à gauche, nous aperçoit, hésite… puis retourne à l’eau.
Ainsi notre présence a sauvé les frêles canetons.
Mais jusqu’à quand ?…

Bestiaire sans oubli, Maurice Genevoix
« Les têtes plates des loutres1, imperceptiblement émergeantes, avançaient comme des proues rapides, passaient si près parfois que la clarté de la lune pleine coulait soudain sur leur crâne mouillé comme un enduit phosphorescent. Elles jouaient, s’exaltaient de leurs jeux, laissant aller hors de leurs gorges, quand elles venaient à se frôler l’une l’autre, de petits cris irrépressibles, exultant. »

Les écologistes de l’Euzière ou leur nouveau site

img_0196.jpgLe lac de la Mourre selon l’IGN est appelé lac de la Maure par Google : une mauvaise transcription sans doute ; on ne peut douter de son nom qui est celui du bois et du mas du même nom. Tantôt classé lac, tantôt étang, ce plan d’eau est un espace naturel classé qui a été épargné par le projet d’autoroute A9. Mais pourquoi donc écrire Mourre2 au féminin ? cela désigne peut-être le ruisseau la Mourre dont le tracé peut se suivre en img_8578r.jpgsurface à partir du canal d’irrigation du Bas-Rhône Languedoc.
Le lac ne se voit pas depuis la route, il faut donc passer la barrière ; même si nous ne l’avons pas fait, il est possible selon Philovelo d’en faire le tour mais il conseille de ne pas s’y pointer avec une canne à pêche : vous êtes dans une zone de pêche réservée où les pêcheurs ont à coeur de protéger l’environnement contre la pollution et le braconnage, et donc de protéger les ressources de la pêche.

libellule_purpurineSaviez-vous que cet étang de la Mourre héberge une libellule d’origine afro-tropicale, encore rare dans le sud de la France : la libellule purpurine ? « Elle a colonisé la Corse dans les années 1980 et le Roussillon au début des années 1990. […] Tout le sud de la France est susceptible d’accueillir cette nouvelle arrivante. Le Trithemis affectionne les milieux artificiels : lacs de barrage, plans d’eau, gravières, déversoirs d’orages, etc. » Extrait du site de l’observatoire naturaliste des écosystèmes méditerranéens.

Cache Lovelake de Philovelo

Le site philovelo pour les amateurs de VTT du coin, avec téléchargement de traces GPS
Itinéraire du lac de la Mourre

bullet1.gif

1loutre : selon Audrey et Anaïs (voir commentaires ci-dessous) ce n’est pas une loutre que nous avons vue, mais un ragondin

2le Mourre : en provençal, museau, sommet de forme ronde

Deux balades près d’Annecy

img_8010r.JPGimg_8011r.JPGTemps maussade mais le week-end le sera totalement et nous ne voulons pas nous priver de quelques éventuelles éclaircies. D’abord, nous nous dirigeons vers le plateau de Retord ; le ciel est tellement menaçant que nous rebroussons chemin dans les 5mn pour partir à l’opposée, vers le lac d’Annecy, le plus pur d’Europe. Le grèbe huppé nous accueille dès la sortie du parking. C’est le printemps et il porte sa collerette de plumes rousses et noires de chaque côté de la tête. Il plonge pendant plus d’une minute et disparait totalement sous l’eau. Je m’inquiète de ne pas le voir ressortir. Soudain, il réapparait quelques mètres plus loin le cou fièrement dressé.

img_8031r.JPGNous longeons le lac puis les somptueuses villas. En passant devant le restaurant gastronomique de Marc Veyrat à Veyrier du Lac, je regarde le long menu alléchant avec un gros prix écrit tout petit en dessous (trois cent soixante huit euros, TVA comprise). « Ce qui fait de cet endroit un lieu vraiment unique et extraordinaire, c’est la cuisine de M. Veyrat, qui mêle les herbes, les racines, les fleurs sauvages dont les saveurs sont uniques, et qu’il va cueillir non-loin, dans la nature environnante. » (extrait du site linternaute). Nous pénétrons dans le jardin où chaque plante aromatique est étiquetée. Ancienne demeure de villégiature au début du siècle, je ne peux qu’admirer l’élégante façade bleue.

img_8022r.JPGNous retrouvons bientôt le bord de l’eau. Une terrasse en forme de proue de bateau est installée mais il n’y a personne aujourd’hui. Au ponton de Veyrier, il est possible de prendre un bateau omnibus qui, en 2h et 10 escales, fait le tour du lac : Menthon Saint-Bernard, Talloires, Doussard, etc.

img_8026r.JPGimg_8028r.JPG

La pluie va et vient. Nous arrivons à la plage aménagée où trois beaux cygnes sont installés. C’est l’heure du pique-nique. Nous nous installons sur le rebord de pierre de la plage de la Brune. Deux canards téméraires s’approchent à 1m de nous. Un des cygnes se dandine lourdement en nous regardant de son oeil perçant. Mon amie lui donne quelques miettes de pain. Aussitôt les deux autres foncent sur nous ; je n’ai nulle envie d’entendre leur sifflement de serpent s’ils deviennent agressifs. Prestement, nous remballons saucisses et pain et c’est sur un banc, face au lac et à ses montagnes que nous nous installons. Un régal !

img_8013r.JPGImpossible de prendre le bateau pour rentrer : il ne parcourt le lac que dans un sens, le mauvais en ce qui nous concerne. Nous revenons donc au port par le même chemin. Une petite balade de 2h entre Annecy et Veyrier du Lac, avec 200m de dénivelée quand même, à une altitude moyenne de 452m. Sur les berges du lac, nous ne croiserons pratiquement aucune âme qui vive à part les oiseaux.

img_8019r.JPG

img_8041r.JPGimg_8056r.JPGimg_8059r.JPGPour la deuxième balade de la journée, Elizabeth me réserve une surprise. Elle me mène dans un petit village Alex, au château d’Arenthon. Je n’ai jamais entendu parler de ce village ni de la fondation d’art contemporain qui s’y trouve. C’est en parcourant les jardins que nous découvrons quelques oeuvres, parfois si bien cachées que nous devons nous y prendre en plusieurs fois à l’aide du plan. img_8066r.JPGPar exemple, le moulage en acier inoxydable d’un saule pleureur (Rona Pondick, Pussy Willow Tree, 2001) où les bourgeons sont des auto portraits de l’artiste ; les livres de Peter Wüthrich qui peuplent les branches des tilleuls dès le seuil du parc (Mes amis, 2006). Au sujet de la sculpture fontaine de Bob Verschueren, nous discuterons pour déterminer si oui ou non il s’agit d’une vraie souche de chêne (Icare, 2002). Mais celle que je préfère, c’est Still Standing d’Antony Gormley (2000). Je découvre l’être humain de dos d’abord et j’en apprécie les formes. C’est un homme que je découvre ensuite de face (Photo E. Llopis). Qui me proposera une légende pour la photo ci-dessous ?…

« J’essaie de m’imaginer à quoi ressemble le fait d’être humain. Je veux capturer dans la sculpture l’expérience humaine qui est cachée. […] le ressenti d’être vu et de voir, d’avoir froid et peur, ou d’être serein et juste conscient du passgage de l’air sur son corps »

img_8046r.jpg

img_8050r.JPGFondation pour l’art contemporain, 74290 Alex
Claudine et Jean-Marc Salomon –
L’ivresse de l’absolu –
du 08/03 au 08/06/2008 (exposition à l’intérieur)