** L’abbaye Saint-Roman de l’Aiguille, entièrement construite dans la pierre

Ce jour là, j’ai quitté l’Apérocache vers 16h – première rencontre des chasseurs de trésor high tech de la région Provence. IMG_1364.JPGNous avions beaucoup discuté de geocaching mais je n’avais pas eu le temps de partir à la recherche des caches placées par l’ensemble de la communauté dans les jours précédents. Buckfast, qui avait placé une cache à l’abbaye Saint-Roman en parlait avec tellement de passion que j’ai décidé d’y aller dès le lieu du pique-nique nettoyé. Je ne savais pas ce que j’allais y trouver.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

Depuis le parking payant et gardé, je monte le sentier des moines qui n’est autre qu’un escalier le long duquel des panneaux d’information présentent l’histoire et la situation du lieu. Au bout d’un quart d’heure, je parviens à l’entrée de l’abbaye. Je n’ai que quelques euros sur moi. Un Ami de l’abbaye m’incite vivement à payer la visite ; je retiens des mots tels que « … seule abbaye troglodytique d’Europe occidentale », « des centaines de tombes rupestres », « monument historique » et aussitôt ma curiosité est éveillée. Je me déleste de mes quelques pièces…IMG_1369.JPGIMG_1374.JPG

  • Première surprise : la chapelle creusée dans le roc, entre grotte et cathédrale (il y a même une voûte sur croisée d’ogives !), sculptures et sièges creusés dans la pierre. Malheureusement transformée du fait de l’exploitation de la pierre, elle a été rabaissée de plus d’1,50m sur les deux tiers de sa longueur. Les carriers ont « ouvert un puits de lumière sur la gauche, faisant perdre à l’antique chapelle son aspect bas et sombre ». Les pèlerins au moyen-âge avaient le droit de toucher le reliquaire de Saint-Roman et Saint-Trophime par une encoche située sur le côté du tombeau central. Le siège abbatial au fond du chœur (XIIème siècle) était sans doute peint et doté d’accessoires qui ont disparu ;
  • « à gauche, des tombes creusées au sol et surmontées d’une lanterne des morts aux nombreuses alvéoles destinées à recevoir de petites veilleuses à huile » (extrait du guide vert Michelin). On peut se demander si on se trouve réellement dans une chapelle. Avec les cellules des moines, cette partie troglodytique n’a presque pas été modifiée par les fortifications du XIVème siècle.

Fondée par des ermites qui la creusèrent dans le calcaire, elle témoigne de 1000 ans d’occupation monastique entre le 5e et le 15e siècle. Ermitage au 5e siècle, puis abbaye fortifiée au 14e siècle, puis petit château appartenant à plusieurs familles jusqu’au 19e, l’abbaye appartient désormais à la commune de Beaucaire qui a obtenu son classement en monument historique en 1991. * L’histoire de Saint-Roman (site de l’abbaye)

Avant qu’ils ne prennent l’habitude de dormir en dortoirs suivant l’habitude bénédictine, les moines escaladaient le rocher IMG_1397.JPGIMG_1403.JPGou empruntaient des échelles pour se glisser dans ces petites pièces par d’étroites ouvertures. Le grand intérêt de la vie troglodytique était de profiter de la constance termique (14 à 16° toute l’année). La plupart de ces cellules ont été réaffectées à des usages divers au moyen-âge : pressoir et silos à céréales en particulier.IMG_1407.JPG

La grande salle, entièrement taillée dans le calcaire était autrefois dotée de 3 niveaux, le dernier avec la voûte naturelle d’une grotte.  La salle basse a sans doute servi d’écurie. Les quelques pierres taillées exposées sont les seules retrouvées dans les gravas qui emplissaient la salle.

IMG_1394.JPGIMG_1383.JPGQuand je parviens sur la terrasse, j’ai à nouveau un choc : 152 tombes rupestres y sont creusées (sur 2000 au total sur le site), à différents niveaux, formant un cimetière  dominant le Rhône IMG_1392.JPGà ciel ouvert, pour les paysans, moines, gens fortunés. J’en avais déjà vu à Carluc et à Montmajour mais c’est leur nombre qui ici m’impressionne. Pour peu que l’on parvienne à s’imaginer le travail de l’homme derrière tout cela, on ne peut être qu’admiratif. * Toutes les photos de cette visite et les moyens de s’y rendre (site week ends et tourisme en Provence). Un réseau de rigoles et de tuyaux récupérait les eaux de pluie recueillies sur la toiture vers un bassin de décantation installé au milieu des tombes. Si vous vous étonnez de ces quelques pins qui poussent sur la terrasse, sachez qu’ils sont dus à un des propriétaires désirant en faire un jardin romantique…

Pour terminer la visite, je fais le tour du rocher qui porte les traces des constructions du château et des fortifications du XIVème siècle. Le pape Urbain V y fait construire un collège d’adolescents. En 1538, Saint-Romans est vendue à un particulier qui achève de la fortifier et remplace certaines constructions monastiques par un château.

Je monte au sommet de l’Aiguille sur lequel des traces d’ermitages troglodytiques subsistent : par temps de canicule, c’est un endroit de repos idéal où vous pourrez même pique-niquer ! Et puis, non loin de là, se trouve la cache que j’avais presque oubliée : un endroit parfait pour cacher un « trésor », un endroit authentique qui allie plaisir de la découverte de notre patrimoine et jeu.

* Les bonnes idées pour réussir ses journées dans le Gard

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Merci Buckfast pour cette chasse au trésor captivante : * Fiche signalétique de la cache et comment jouer