*** Circuit de la pierre au départ du village troglodytique du Barry à Bollène

IMG_7993r.JPGPicnic_022.jpgUn circuit original (effectué le 20 janvier 2008), que vous ne trouverez pas sur les sites consacrés à la randonnée, concocté par Ti’Mars…, un des circuits les plus intéressants que j’ai pu faire, bâti autour de 12 geocaches à ce jour : au départ du village troglodytique du Barry, entre Vaucluse et Drôme, entre histoire ancienne et moderne, entre patrimoine culturel et gastronomie. C’est grâce à un grand geocacheur buckfast que j’ai découvert ce village qui m’a tellement plu que j’ai organisé pour notre association Les geocacheurs de Provence, une seconde visite, guidée par M. Maupeu (17 mai 2008), sous une petite pluie, mais inoubliable : tout le monde se souviendra du déjeuner dans une grotte, à la bougie, autour de spécialités amenées par chacun. Ambiance confidentielle et mystérieuse genre ‘magie blanche’ plutôt que messe noire ! (voir photo de droite). Compte-rendu de cette rencontre, par Bobines84, le président de l’époque et album photos du Barry et de la rencontre.

La météo à cet endroit aujourd’hui et à 3 jours

IMG_7945r.JPGSelon Découverte et évocation de la vie d’un site, Robert Bouchon, ce fut un « …lieu habité sans interruption depuis la préhistoire. Sur cette hauteur ont tour à tour été érigés un oppidum gaulois, un village gallo-romain, une forteresse et un village médiévaux puis un village troglodytique lui-même abandonné à l’aube de ce siècle ».

Barry a pour origine le mot celtique – Barros – signifiant : éperon rocheux. La plupart des savants voient dans les ruines de Barry des restes de l’antique ville celtique d’Aeria dont ont parlé les grecs, entre autres, Strabon et Pline l’Ancien. […]

  • Le 3 mai 1075, eut lieu le partage de la succession de Giraud-Hugues Adhémar entre ses 5 fils : le deuxième frère reçoit la moitié de la ville de Montélimar, le palais de la cité d’Orange et le Barry
  • 1183 : Lucius III confirme à l’abbaye de l’île Barbe (Lyon) ses possessions dont l’église Saint-André de Barry
  • 1228 : l’abbé Guillaume de l’île Barbe acquiert le chateau de Barry de Giraud Adhémar de Monteil mais le lui laisse en fief à condition qu’il lui prête assistance si besoin, faute de quoi il reprendra le chateau. Le chateau sera démantelé lors de la guerre contre les albigeois
  • 1281 : partage des biens entre Bertrand et Raymond des Baux ; Raymond hérite du Barry et du chateau de Chabrières
  • 4 décembre 1 286, Raymond de Baux, seigneur de Suze-la-Rousse, vend au prieur de Bollène, pour le prix de 100 florins d’or, tous ses droits de juridiction sur le château de Barry et son territoire
  • 1306 : le pape demande à l’évêque d’Embrun de faire restituer par la cour du Comtat Venaissin le chateau de Barry à l’Ile-Barbe

L’île Barbe et ses colonies du Dauphiné, abbé Fillet, Valence, J. Céas, 1895-1905

IMG_7967r.JPGAu-dessus du village troglodytique, nous trouvons sur l’éperon rocheux, défendu par le château fort (cache GCQ5WX Barry le chateau, par buckfast), l’emplacement de l’agglomération médiévale antérieure.

Au Nord, les restes d’un rempart maçonné barrent encore le passage du côté facilement accessible. Il ne reste plus que des traces de la chapelle médiévale (Saint-André ou Saint-Vincent ?). Le cimetière médiéval la jouxte au Nord-Ouest, et la nécropole post-médiévale au sud-est.
M. Maupeu ramasse une tuile tomaine qu’il m’autorise à conserver. Il nous fait remarquer les archères triplespermettant à trois archers de viser en même temps par la même fente extérieure avec un angle de tir considérablement élargi. Ce système palliait probablement en grande partie l’absence de trous saillants pouvant battre toute la longueur des courtines. Mais elles étaient dirigées vers le chateau ! soit les seigneurs du chateau étaient hostiles à ceux du village, soit le chateau démantelé n’avait pour fonction d’assurer la sécurité des villageois.

GC1C9AD Les caves cathédrales : la balle de golf de buckfast

IMG_7971r.JPGA l’ouest dominant les usines du Tricastin, se trouvait une carrière de meules de moulin à huile. Des excavations au sol en témoignent. J’en avais vu une à Ganagobie : son mode de fabrication m’avait grandement impressionnée. Alain Belmont, chercheur spécialiste des carrières de meules écrit : « Dominant l’endroit où le Rhône quitte le Dauphiné pour entrer en Provence, la carrière de Barry apparaît ainsi dans les textes en 1143 ».

astree_hygrometrique.jpg

Sur les rochers mouillés, actarus83, geocacheur et professeur de biologie, attire notre attention sur un drôle de champignon sensible à la pluie, probablement une astrée hygrométrique ou un géastre. Il s’ouvre en étoile et réagit tel un baromètre : par temps sec, il se referme en boule et se laisse rouler au gré des vents, par temps de pluie, il s’ouvre …

 

Bienvenue à Bollène

img_6497r.JPGimg_6499r.JPGimg_6502r.JPGIMG_7983r.JPGimg_6504r.JPG

Nous visitons les habitations creusées dans une molasse sableuse dite safre. Elle s’excave sans difficulté. J’ai rencontré le même type d’habitations à Lamanon sur le site troglodytique de Calès (association gérant le site association Calès-Saint-Denis). Le village a été abandonné à la fin du XIXe siècle. Alarmée par la mort de quelques-uns de ses membres ensevelis dans leur demeure écroulée, la population s’est repliée dans le hameau de Saint-Pierre de Sénos.

Continuer la lecture de « *** Circuit de la pierre au départ du village troglodytique du Barry à Bollène »

L’aqueduc de Castries

amelin-1.jpgAu coeur de la garrigue1 s’élève, au détour d’un sentier ombragé par la pinède, l’aqueduc de Castries : oliviers et senteurs de thym vous accompagnent. Au détour d’une ruelle, nous avions déjà aperçu des pans de l’aqueduc qui traverse le village avant de s’enfoncer dans la forêt. A plusieurs endroits, des maisons se sont blotties sous une arche. img_8603r.jpgJ.M. Amelin, artiste et grand observateur des moeurs du XIXème dans son Guide du ?voyageur dans le département de l’Hérault, avait croqué ces particularités dans son album sur Castries, par exemple la Cour de l’auberge de Mme Renouard, adossée à l’aqueduc, 1822 extrait de la base documentaire régionale Montpellier.

img_8552r.jpgimg_8553r.jpgNous partons du domaine de Fondespierre, un ancien mas de l’époque gallo-romaine, et nous suivons une large piste forestière. Au point signalé par Mire-Mich, nous avons une première vision de l’aqueduc, par en dessous. De grandes arches, des piliers en bon état ; en haut du canal, curieusement, quelques touffes de végétation ont repris vie dans les creux des pierres.

img_8560r.jpgimg_8557r.jpgPuis nous grimpons lentement jusqu’au niveau du canal. Dans une allée transversale, de simples dalles de pierre sont posées à plat sur des piédroits latéraux. On dirait des sarcophages. A cet endroit, l’aqueduc est enterré au ras du sol. Nous le suivons sur plusieurs centaines de mètres. img_8563r.jpgUne construction, à la limite entre la partie souterraine et la partie aérienne du pont-canal, me laisse supposer qu’il y a eu un regard ou, selon Mire-Mich, « un bassin de décantation qui servait à piéger les particules les plus lourdes en suspension dans l’eau ». Nous continuons la marche dans le canal étroit jusqu’à dominer le vallon. Si nous avions poursuivi, nous nous serions retrouvés sur les grands arceaux, à 15m au-dessus du sol. Mais la prudence a prévalu…

L’aqueduc transporte les eaux de la source de Fontgrand2 jusqu’aux jardins du château, sur presque 7 km (6,822km) et une pente douce de 3m seulement. Le gouverneur de Montpellier, le marquis de Castries, « favorise la construction d’ouvrages d’art, de jardins, d’aqueducs, préoccupation importante du roi à cette période. Il soutient Pierre Paul Riquet dans le projet du canal de l’Entre?deux?Mers [ndlr : le canal du midi] et lui fait construire un aqueduc de sept kilomètres pour les bassins du château de Castries conçus par Le Nôtre ». Pascale Mormiche, Les fidélités languedociennes et provençales du cardinal de Fleury à la Cour, Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, Les Méridionaux à Versailles.
La conduite portée sur les arceaux est l’ouvrage de deux maçons locaux : Antoine, maitre maçon et architecte qui a construit sa propre maison encore visible à Montpellier, et Jean Arman ; ils ont été conseillés par un spécialiste de l’hydraulique. Sa construction durera 2 ans.

img_8602r.jpgimg_8599r.jpgSurnommé le Versailles du Languedoc, le château de Castries a été édifié au XVIème siècle sur les bases d’un ancien château gothique. Ses jardins à la française ont été dessinés par Le Nôtre, le célèbre jardinier de Louis XIV. À la renaissance, le château connut une période faste quand y séjournaient notamment le roi et la marquise de Sévigné, qui, dans sa lettre n° 243 à Montpellier, le samedi 1er ou 8 octobre 1672 écrit : «Je trouve les femmes d’ici jolies : elles sont vives, elles ont de l’esprit, elles parlent françois.» En effet, on parle français à Montpellier ! la capitale provinciale était redevenue, après la fin des luttes religieuses et le siège de 1622, définitivement rattachée au pouvoir royal par ses représentants.

image de l’itinéraire 3.900km A/R 1h15 env (en brun l’itinéraire VTT du site GPX-view)
Trace d’un parcours en VTT de 10km du site GPX-view.com
Autres parcours en VTT autour de Castries
L’office du tourisme vient de sortir (juillet 2008) une nouvelle fiche de randonnée sur l’aqueduc (11km, 3h) : la demander sur place.

Merci Mire-Mich pour la cache de l’aqueduc de Castries, agréable intermède sur mon lieu de vacances.

blsqr05.gif

1La garrigue désigne une terre inculte constituée principalement d’arbrisseaux très résistants à la sécheresse. Ce mot tire son nom du garric, chêne Kermès en occitan
2de font = source, fontaine et l’adjectif grand : grande source

Sernhac, l’aqueduc de Nîmes et les Romains

img_3142.JPGimg_3143r.JPGLe site romain de Sernhac où nous emmène Buckfast, grand geocacheur gardois (si vous ne connaissez pas cette activité, voir dans le blog randomania PACA Chasse au trésor au barrage Zola), ne ressemble pas au pont du Gard, merveille classée et visitée par des milliers de touristes. C’est un endroit perdu dans la campagne où de modestes vestiges autorisent cependant une découverte passionnante et dans le calme. En cheminant au dessus de la falaise non loin de la cache des tunnels de Sernhac, nous tombons sur un des puits creusés depuis la surface jusqu’au niveau du canal ; autrefois recouvert d’une dalle, il permettait aux ouvriers d’accéder au tunnel ; il était relié aux autres puits par des galeries horizontales dans lesquelles était ensuite construit le canal. Et il fallait que les deux galeries se rejoignent !

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie et le vent

img_3138r.JPGOn peut examiner, sur l’aqueduc de Nîmes, le cas des deux galeries de la Perrotte et des Cantarelles creusées dans la molasse tendre de part et d’autre du vallon des Escaunes à Sernhac. Longues de 65,50 et 59,30m, elles mesurent environ 2 m de large sur 3 m de haut, ce qui offrait la possibilité d’y construire le specus1. L’observation des traces laissées par les outils permet de reconstituer l’opération de creusement […] réalisée à partir des deux extrémités et depuis des puits d’extraction. Une première galerie «de pilotage» était ouverte selon un tracé qui présentait l’avantage d’assurer la rencontre de deux équipes travaillant l’une vers l’autre, à partir du moment où les deux galeries étaient creusées au même niveau. On ouvrait ensuite la galerie définitive. […] J.-C. Bessac a évalué le temps nécessaire […] à un peu plus de deux mois pour 130 m de galerie avec 14 équipes de 2 mineurs assistés d’une quinzaine de manœuvres chargés de l’évacuation des déblais… En un peu plus six mois supplémentaires (185 jours), les mêmes équipes ont pu […] ouvrir 400 m de tunnel sous la garrigue de Sernhac. L’archéologie des aqueducs romains, ou les aqueducs romains entre projet et usage, Philippe Leveau, 2004

Nous traversons de part en part le tunnel des Cantarelles (à l’ouest), près des anciennes carrières ; si on peut y repérer encore quelques traces de coups de pioche ou d’ancrages pour les lampes à huile, on ne peut y trouver de restes de radier2 ou de dépôt calcaire ; perrotte.jpgles ouvriers y travaillaient jusqu’à extinction de leur lampe, c’est à dire entre 10 et 11h par jour. Ce tunnel, bien fléché, est plus facile à trouver que celui de la Perrotte (à droite du parking), que vous voyez sur la photo de droite, extraite du site Le pont du Gard et l’aqueduc de Nimes – guide pratique complet de visite

http://www.interlog.fr/candi/PdG/presentation.html.

sernhac-tunnels-sud.jpgL’aqueduc chemine à fleur de terre. La sortie se prolonge encore sur un à deux kilomètres : nous le retrouvons au bord de la voie ferrée, au sud de Sernhac. Nous n’avons pas eu le temps de le chercher mais il est sur la photo de gauche (auteur : Buckfast) :  à droite l’aqueduc, à gauche le canal de drainage de l’étang de Clausone devenu aujourd’hui un immense potager.

Et pour ceux qui s’intéresseraient à l’histoire, Buckfast a placé une série de 7 caches le long des vestiges de l’aqueduc romain, entre sa source et son arrivée à Nîmes. Un autre jeu de chasse au trésor -sans GPS, sur la piste des cistes, a fait de même.

Il est possible également de partir de Saint-Bonnet en empruntant le GR6.

Télécharger un exemple d’itinéraire romain à Sernhac 7km A/R, dénivelé 47m, 1h40 environ

blsqr05.gif

1specus : cave ou caverne ; par suite, on transporta ce mot au canal sombre et couvert qui servait à conduire l’eau dans un aqueduc. dictionnaire des antiquités romaines et grecques, Anthony Rich, 3e ed. 1883
2radier : partie horizontale du canal