2ème jour de notre séjour Randonnée en liberté. Du Mont-Dore au lac de Chambon avec le beau temps, la nature, le dépaysement.
Première étape : une des cascades autour du Mont-Dore. Nous quittons la ville par un vieil escalier humide qui rejoint le chemin de Melchi-Roze. Longtemps avant, le bruit rafraichissant de l’eau sur les pierres annonce la grande cascade qui chute de 32m sur une falaise de lave faisant partie autrefois d’une coulée venant du Roc de Fuzeau. Elle est alimentée par un ruisseau venant du col de la Croix Robert. Comment voulez-vous que ce torrent rejoigne la Dordogne tout en bas ? ne pouvant traverser la lave trop dure, il creuse une gorge de raccordement. La cascade gèle en hiver et les alpinistes chevronnés n’hésitent pas à l’escalader.
Dore et Dorgne s’unissent pour former la Dordogne.
Nous empruntons la passerelle puis l’escalier métallique solidement ancré dans la roche : du beau travail qui n’a pas dû être facile. Nous arrivons sur le plateau de Durbise et là, nous trichons un peu et coupons dans les immenses pâturages au lieu d’aller jusqu’au col de la Croix Robert. Un enclos avec des agneaux reçoit la visite de nombreux randonneurs.
Seconde étape le Roc de Cuzeau sur le GR4 avec une « rencontre au sommet », celle d’André et Paulette, très sportifs, que nous avons croisés à l’hôtel, et qui repartent d’un bon pas tandis que nous prolongeons la pause. Près du col de Cuzeau, la sculpture naturelle de pierres posées les unes sur les autres est pour moi une oeuvre d’art géologique et acrobatique.
Mais où sont les téléskis du Puy des Crebasses, points de repère obligatoirement visibles ? nous serions-nous trompés de chemin ? nous sortons la carte, discutons. Point de pylônes non plus. Mon compagnon de route retournera même au Roc de Cuzeau pour vérifier la bonne direction. Encore une information non vérifiée par Grand Angle.
Par endroit, le paillage au sol a été réalisé avec de la toile de jute ; habituellement utilisé pour protéger les racines d’un arbre du gel, ou avant d’implanter les bosquets d’une haie de bord de cours d’eau, elle sert peut-être ici uniquement à protéger le sentier de l’érosion en favorisant la rétention et l’infiltration des pluies.
Ce qui est vrai par contre, c’est que nous longeons la réserve naturelle de la vallée de Chaudefour. Pourquoi le nom de dent de la Rancune pour ce rocher perdu au milieu de la réserve naturelle ? certes les dents sont un symbole d’agressivité, ne dit-on pas qu’on a une dent contre quelqu’un ?… La dent de la rancune, piton volcanique est une ancienne cheminée d’alimentation du stratovolcan du Mont Dore dégagée par les grands glaciers du quaternaire appelés dyke en terme de volcanisme, c’est un point d’émission de lave qui a résisté au puissant rabot des glaciers ; âgée d’environ 300000 ans la rancune en forme d’incisive culmine à plus de [1400] mètres d’altitude. Extrait du site Sancy vision.
Troisième étape : nous entamons la longue descente vers Chambon des Neiges et ses champs aux fleurs de toutes les couleurs dignes d’un tableau champêtre impressonniste. A l’auberge des 500 diables, nous retrouvons André et Paulette qui nous recommandent l’excellente tarte aux myrtilles. Tandis qu’ils repartent vers Chambon du Lac, nous prenons la même pause goûter. En discutant avec le serveur, nous apprenons que la station de Chambon des Neiges a été démontée à l’automne dernier : voilà pourquoi nous n’avons trouvé ni pylône ni téléski.
Après la traversée des Angles, nous arrivons à Chambon du Lac où nous hésitons encore sur le chemin pour atteindre l’église ; la chapelle dans le cimetière est classée monument historique depuis 1992. Ce serait la première chapelle funéraire des seigneurs de Murol dont nous visiterons le chateau demain. Elle a une rotonde avec un toit en forme de poivrière, et des chapiteaux dont l’un d’eux a fait couler beaucoup d’encre. Que représente le mystérieux chapiteau de Chambon-sur-Lac ? une castration ? la circoncision d’Abraham (selon le diocèse de Clermont) ? ou selon Dr G. Cany et Dr H. Jumon, le mystérieux chapiteau de Chambon sur Lac, revue d’Auvergne, T.48, Clermont, 1934, l’initiation d’un prêtre de Cybèle ? : en pareil lieu, au XIIème siècle, ça parait bizarre. Même polémique sans doute que pour la sculpture érotique de la fontaine Saint-Michel à Forcalquier (voir l’aqueduc de Forcalquier) ou les sculptures de la Collégiale San Pedro de Cervatos, Cantabrie, Espagne, XIIème s. L’obscène sur le chemin de Compostelle
La dernière étape du parcours fut difficile. J’avais si mal aux pieds que j’ai été obligée de quitter mes chaussures pour marcher à pied de chaussettes sur la chaussée macadamisée. Qu’il est encore loin ce lac ! La plage de Varennes n’est pas balisée mais comme il n’y en a qu’une… Lorsque nous arrivons en bordure du lac de Chambon, nous cherchons la Bonne Hôtesse qui nous accueille ce soir. Lorsque nous découvrirons notre chambre, ce sera une juste récompense de nos efforts : accueil chaleureux, décor soigné et wifi disponible gratuitement. En prenant l’apéritif à la terrasse face au lac, le repos a bien commencé.
Le lac du Chambon s’est formé naturellement lors de l’éruption du Tartaret qui a barré la Couze1 Chambon, créant un lac peu profond (5m) avec ses activités nautiques et sa plage. Voir document pédagogique de l’académie de Versailles sur les volcans. Schéma de droite emprunté au site Evasion en France
Assis à côté des deux autres randonneurs, moins jeunes mais bien plus aguerris, nous apprenons à nous connaitre. La discussion porte sur l’importance du choix des chaussures de randonnée. André, virtuose des treks dans le monde entier, m’apprend comment la choisir. Promis ! j’en achète une paire demain.
18km000, 862m dénivelée (dénivelées négatives : 1196m), 10h déplacement et arrêts
1couze : rivière
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