Les marais de Fretin

Fretin n’est qu’à quelques kilomètres du lieu où j’ai vécu pendant mon enfance mais je ne connais pas ces marais ; Claire, mon amie d’enfance, m’y emmène pour une petite balade autour du marais du Warlet.
Le début du circuit c’est l’ancienne route départementale D149 pavée qui menait à Templeuve ; puis nous longeons la Marque, limite entre les communes de Templeuve et Fretin ; un panneau nous informe de la présence de cyanobactéries sur le plan d’eau : ne laissez pas votre chien y boire !

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Derrière la drève1 du Château Blanc servant de limite communale entre Fretin et Ennevelin, la façade blanche du Château Blanc qui daterait de 1821 selon la Société Historique du Pays de Pévèle, mais qui ne figure pas encore sur le cadastre napoléonien de 1825… C’était encore une zone inondée ; un peu plus tard, le cours de la rivière sera modifiée et le quartier de Verte-Rue remblayé pour y construire des maisons.

Nous admirons quelques arbres remarquables par leur grand âge, leur aspect torturé, des arbres amoureux qui enlacent leurs branches.

Quand nous arrivons au plan d’eau, nous sommes frappées par les taches de couleur verte, virant par endroit au turquoise : ce sont les cyanobactéries qui donnent cette couleur.

Les cyanobactéries, […] ou encore algues bleues, sont des bactéries [qui] tirent parti, comme les plantes, de l’énergie solaire pour synthétiser leurs molécules organiques. Pour capter cette lumière, elles utilisent […] des phycocyanines (de couleur bleu-vert) ou la chlorophylle.
[…] Les cyanobactéries peuvent devenir dangereuses pour la faune et la flore lorsqu’elles prolifèrent dans le milieu […]. Elles libèrent des cyanotoxines, parfois mortelles pour les animaux et dangereuses pour l’Homme. Furura Sciences

Nous traversons la passerelle des aigrettes ; à partir de là on peut rejoindre les marais de la Marque ou le parking nord Max Dormoy ; près du banc déjà occupé – un coin de charme pour se reposer  ou lire dit le dépliant – , un petit observatoire en balcon au-dessus de l’eau nous permet de voir quelques oiseaux, et le reflet des grands arbres. Pour rester dans la nature, nous empruntons la passerelle de bois Marc Desmazières qui traverse le marais. Après le cygne blanc, une foulque, des canards que nous ne nourrirons pas, nous arrivons dans un champ proche de la route : nous nous y installons pour un petit casse-croûte ; un papillon blanc butine à côté de moi : le temps est doux et propice.

Balade familiale par excellence que l’on peut prolonger jusqu’à la route pour un circuit plus long. Plan du circuit du marais de Fretin

Image de l’itinéraire 2km700, 5m dénivelée 1h30 avec observations

1drève : terme du nord de la France et de la Belgique, allée bordée d’arbres

Thumeries, site ornithologique des Cinq Tailles

Thumeries : tous les habitants du nord connaissent ce village où s’est installée l’usine Béghin qui fabriquait du sucre à partir de la betterave. Le nom de Cinq Tailles vient probablement du bois impérial du début du XIXe, divisé en cinq taillis ou bois contigus (parcelles 356, 355, 349, 348, 343 section A1 1829 et 1840) ayant appartenu à cinq propriétaires différents ; le quartier s’appelait Fosse Sans Fond… Pendant la seconde guerre mondiale, les allemands ont réquisitionné des villageois pour y couper le bois ; aujourd’hui, les parcelles ont été fusionnées car rachetées par le département du nord en  2001. Le GR de pays du bassin minier Nord-Pas-de-Calais traverse le site ornithologique. Vue du parc par drone, La plaquette de présentation

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Le parc a ré-ouvert le 4 juin avec un itinéraire bis car la passerelle d’entrée à l’est, en chêne non traité, en mauvais état, a été démontée. L’allée est large et bordé d’arbres hauts. Au détour d’une allée, nous découvrons, creusé dans un seul tronc d’arbre, un animal des forêts  ou des zones humides : une chouette hulotte, un canard, un pic,… la plaque qui sous-titre l’oeuvre est même écrite en braille ! parmi les fougères, les orties, une fleur de chèvrefeuille apporte sa tonalité de couleur tout comme le chanvre d’eau ou Eupatoire à feuilles de chanvre.

Un petit pont de bois traverse la Marque ; la cité du Maroc jouxte le bois, cité ouvrière édifiée en 1913 par la société Béghin ; 200 m plus à l’est, mais que l’on ne voit pas d’ici, une ancienne  grande ferme, la cense1 de la Ténarderie ; comme souvent autrefois, le propriétaire J.-B. Delespaul (seigneur de Wattines et Fretin, mort en 1762), n’y vivait pas ; entourée de fossés, elle est louée en 1763 à un laboureur de Thumeries Pierre Cauvé dont le bail précise même qu’il a le droit d’y pêcher ! Histoire de Thumeries, J.-C. Collérie

Itinéraire de découverte site internet de Thumeries

Nous arrivons devant un ancien poste électrique aménagé en dortoir et lieu de reproduction pour chauve-souris.

 

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La pierre des trois évêques

Après avoir lu  un article dans la revue annuelle du groupe archéologique Forez-Jarez et visité avec Jean-Claude le Gnaorou au point de vue de la Panère à Saint-Régis-du-Coin, j’ai eu envie d’aller sur place. J’ai trouvé le tracé sur le site du parc naturel régional du Pilat et heureusement, car le balisage est vraiment minimal, insuffisant si l’on ne dispose pas de GPS ou si l’on n’est pas accompagné.

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Partie des Trois-Croix, j’ai parcouru le circuit à l’envers pour ne pas suivre le groupe de randonneurs qui entame la première randonnée de l’année avec retrouvailles bruyantes et discussions. Il faut marcher sur la route D22 dans un premier temps puis obliquer sur la gauche sur un chemin rural en sous-bois puis en zone rurale, fort agréable. Le chemin a dû beaucoup servir car il est empierré avec soin à l’approche des Préaux. Peut-être s’agit-il de la route du sel venant du Rhône pour servir le Puy par Bourg-Argental et qui est un sentier de randonnée aujourd’hui ?

Plus au nord encore, au pied sud du mont Pilat, il est intéressant de constater que des rentes en sel sont assignées au XVè siècle sur le poste de péage de Maclas, qui porte sur la route de Boeuf au Puy par Bourg-Argental et Yssingeaux, témoignant de fait du transit de cette marchandise sur un axe où on ne l’attendrait pas nécessairement.  Quittant le sillon rhodanien très au nord, il s’oriente ensuite vers le sud-est, desservant des régions qu’il est, en venant du sud, plus avantageux de rejoindre par Tournon et Saint-Félicien […]. Toutefois, la desserte du nord du Plateau impose que du sel transite par cet axe. Thèse université Lyon 2, Le trafic à destination du Massif Central par les routes transversales, extrait de la thèse RESEAU ROUTIER ET ORGANISATION DE L’ESPACE EN VIVARAIS ET SUR SES MARGES AU MOYEN AGE, F. Brechon, 2002

Aux Préaux (commune de La Versanne), le traditionnel lavoir à deux bacs puis une belle croix de granit avec un personnage adossé au pilier et qui semble représenter un évêque. Un peu plus loin, enfin un panneau directionnel aux couleurs du parc du Pilat qui indique le moulin Gouet.

Moulin récent (1846), il fonctionnait par une roue horizontale actionnée grâce à une forte pente et une conduite forcée. Le moulin à grains Gouet se trouvait dans le bâtiment supérieur ; au XXe siècle, la force hydraulique servait à produire de l’électricité : c’était le seul du village à en bénéficier.

Je reprends la route jusqu’à la croix et le gros tas de bois. 100 m plus loin, j’entre dans la forêt aux arbres de hauteur impressionnante. Sur la piste forestière, un improbable amoncellement de tuiles gravées au nom d’un  fabriquant : Chilaud (sans doute Emile et Louis) lieu-dit Patroa à Saint-Etienne. Comment ont-elles été amenées ici alors qu’il n’y a ni habitation ni usine dans le coin ?

Le sentier forestier longe la frontière entre la commune de Saint-Sauveur en Rue et celle de La Versanne. A la croisée de deux chemins, un banc de pierre joliment mouluré, attend le promeneur ; une borne frontière porte une croix délimitant sans doute deux diocèses puisqu’on est à quelques centaines de mètres de la pierre des Trois-évêques qui a marqué de longue date le point d’intersection de trois anciennes archevêchés (Le Puy, Lyon, Vienne).

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