La source de la Marnade à Montclus dans le Gard Provençal

img_3239.jpgold-entry.JPGQui pourrait penser en voyant ce « trou », cette vasque d’eau, qu’un plongeur puisse y pénétrer avec tout attirail ? qui pourrait penser que cette rivière souterraine n’a toujours pas révélé tous ses secrets ? elle est toujours en cours d’exploration par des équipes internationales de plongée. En 1955, les premiers plongeurs découvrent le syphon 1 en passant par une entrée étroite dans le vieux mur (photo de droite du site Deep Cave Diving Explorations). 30 ans après, en 1985, ils arrivent au 3ème syphon à 70m de profondeur ; « c’est une équipe de Gardois motivés qui entreprend, en septembre 1994, d’ouvrir une vasque (photo de gauche) dans le cours aérien de la rivière. Suite à un considérable travail de désobstruction, qui soulage du transport du matériel dans la grotte, le cavité est accessible aisément et l’organisation d’expéditions lourdes devient envisageable » (site plongéesout.com). En 2006, ils atteignent une profondeur de -141m, plus profond que le Ragas et ont parcouru plus de 1,400km de rivière souterraine.

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marnade-pont.jpgmarnade-inondation-automne-2002.jpgLa cavité porte le nom d’une ancienne bergerie et de son moulin. Origine du mot marnade : qui naît de l’auge à huile (marno : auge de moulin à huile, nado : né). Nous traversons un pont étroit sur la Cèze, sorte de gué sans protection qu’il vaut mieux emprunter sans avoir bu ! Ensuite, une route étroite, sinueuse et en mauvais état, longe la Céze sur plusieurs kilomètres, contournant totalement le village. On se demande où l’où va débarquer. En 2002, lors des indondations, l’accès par cette route était impraticable et la source débordait (photos extraites du site Deep Cave Diving Explorations). Nous nous garons à côté d’une barrière. A l’initiative du propriétaire, le chemin d’accès à la source de Marnade est fermé par une barrière, afin de protéger les cultures, une ancienne vigne colonisée par les acacias. Les plongeurs-spéléo locaux ont négocié avec lui afin qu’elle ne soit pas fermée à clé : ainsi les plongeurs, et les visiteurs, peuvent avancer leur véhicule au plus près de la résurgence. N’oubliez pas de refermer la barrière après votre passage et de respecter scrupuleusement les cultures. « Le talweg1 encaissé, bordé d’une murette en rive gauche, débute sous une barre rocheuse. Par un modeste orifice, un boyau conduit au ressaut dominant la vasque qui fut un passage redouté mais obligé jusqu’en 1994. » On s’y sent enfermé.

img_3241.JPGDes lianes enlaçant un arbre, me font penser à celles de la forêt guyanaise qui ont adopté un mode de croissance économique ; leur axe principal étant une structure légère, elles utilisent les arbres comme appui pour s’élever vers la lumière. …elles ont donc résolu le problème de quête de lumière en développant une caractéristique peu commune chez les plantes : la mobilité, verticalement mais surtout horizontalement dans le sous bois pour se positionner de façon stratégique dans la voûte forestière (voir photo ci-contre).

topo-geo-2003.JPGLes sources sont classées suivant les conditions hydrogéologiques qui déterminent leur situation, le type de nappe souterraine dont elles constituent un exutoire :

  • source artésienne ou jaillissante (issue d’une nappe captive) ;
  • source diaclasienne, source karstique dont l’eau ne provient pas d’une perte, mais de condensations et d’infiltrations cavernicoles ;
  • source vauclusienne (exutoire d’un conduit karstique ascendant subvertical) comme à Fontaine de Vaucluse ou au Ragas ;
  • résurgence, ou « source secondaire », retour en surface d’eau originaire, en tout ou partie, de pertes d’un ou plusieurs cours d’eau dans un aquifère karstique.

Je n’oublie que nous sommes venus pour le trou à Montclus, trésor placé par Buckfast. Il va falloir s’enfoncer dans les brouissailles et mon GPS n’aime pas ça. Heureusement, une photo indice m’aidera quelque peu.

chateau-montclus-1920.jpgDes fouilles archéologiques, à proximité de Montclus, datant de 1957 ont permis de mettre en évidence la présence de l’homme à Montclus depuis des temps immémoriaux. Le village médiéval existait avant le XIIIème siècle. Castrum Montecluso , telle est la forme latine contenue dans un document de 1275. Sa position sur une colline entourée de montagnes lui a valu son nom. En 1263 fut fondée à Montclus une abbaye au nom de Mons Serratus. Il reste les vestiges d’un ancien monastère bénédictin troglodytique (vaste salle creusée dans le roc) au lieu-dit «Les Baumes» qui servit plus tard de chapelle aux Templiers (XIIème et XIIIème siècles). En 1275 fut construit un château dont il reste le donjon carré d’une grande hauteur. (Extrait du site officiel de Montclus)

*Télécharger l’tinéraire de 5,600km aller vers la Marnade depuis le village.

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1Thalweg : ligne reliant les points les plus bas du lit d’un cours d’eau ou d’une vallée



Les cascades du Sautadet

img_3184.JPGLa Roque sur Cèze, un petit village du Gard. Un pont médiéval étroit (Pont Charles Martel), classé monument historique, enjambe la rivière de ses onze arches : c’est par là que je rejoins le village, avec ses ruelles joliment pavées qui me replongent quelques centaines d’années en arrière. Le château, qui date du XIIème siècle est une propriété privée qui ne se visite pas. On sait peu de choses son histoire. Le château fut brûlé en 1573 par les Huguenots et fut abandonné à la fin de XIXème siècle. Après la visite du village, je me rends aux cascades du Sautadet, visite que recommande Buckfast, qui y a placé la cache Rompe Cul, du nom de la rue pavée la plus raide du village.

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« La Cèze a creusé des chenaux et des cavités qui finissent par se rejoindre et forment des crevasses dans lesquelles la rivière s’engouffre. » Le Gard provençal

Ces roches calcaires ont 5 millions d’années. Cet ensemble est un site classé en zone naturelle, exceptionnel mais aussi dangereux. Je me promène le long de la berge de la Cèze, sautant de rocher en rocher, par dessus des failles ou des petites marmites, dans la foulée du montagnard qui m’accompagne. Le spectacle attrayant des remous bouillonnants attire un grand nombre de promeneurs qui circulent sur les abords plus ou moins aménagés sur les deux rives de la Cèze. Malgré la signalisation d’extrême dangerosité implantée sur les abords, on dénombre 23 morts en 20 ans.

img_3190.jpgLe secteur des cascades : est très turbulent, avec des rapides, des gorges très étroites (1 à 2 m), et une pente très forte. Le seuil hydraulique, récemment refait à neuf par la commune, permettait d’alimenter en eau le béal d’un ancien moulin situé sur la rive gauche. 

img_3193.jpgLe secteur des marmites, comporte tout une série de trous cylindriques, de 4 à 13 m de profondeur à l’étiage, de 6 à 8 m de diamètre, creusées dans le lit rocheux de la rivière par le mouvement tourbillonnant des galets.

img_3197.JPGLe secteur du canyon : profond, plus large mais des tourbillons moins rapides. Des matériaux charriés par le cours d’eau s’y déposent.

A l’extrême aval des cascades, le secteur de la plagette est la première zone de dépôt latéral de galets et de sable, la fin de la traversée du banc calcaire. C’est le seul secteur qui ne soit pas dangereux mais la saison ne se prête pas à la baignade.

A certains endroits, je n’ai plus l’impression d’être en France, tellement ces cascades ressemblent si peu aux paysages français. Une courte balade mais un véritable enchantement.

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** L’ermite de la Sainte-Baume de Lirac

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« En l’année 1647,… Joseph Queyranne,… habitant Lirac, travaillait à un four à chaux, à la combe de Vallaurouse, avec quatre autres. Ayant été obligés par un temps de pluie et de tonnerre de se mettre à couvert dans la grande baume1, ses quatre camarades s’étant endormis, ledit Qeyranne qui était attaqué du haut mal, deux à trois fois par semaine, img_2485.JPGressentant les approches de son attaque commença à se promener à grands pas d’un bout à l’autre de la baume quand tout à coup à la lueur d’un éclair, il vit paraitre dans un petit trou du rocher, une image de la Sainte-Vierge en marbre… ; il la prit… la cacha dans sa besace, la porta chez lui, la garda trois jours sans rien dire ; mais l’ayant déclaré à Guillaume, son frère aîné et celui-ci à monsieur le prieur, ce dernier fut la prendre dans leur maison et la porta décemment à l’église. »

L’archevêque ordonna la création d’une chapelle dans la baume pour y venir en pélerinage. Notre dame de Consolation était née.img_2498.JPG 
La nouvelle que Joseph Queyranne semblait guéri de sa forme d’épilepsie se répandit rapidement img_2499.jpget l’on vint en pélerinage implorer la guérison des malades. Plusieurs miracles furent enregistrés. Queyranne fit le voeu de vivre à perpétuité comme ermite de la grotte. On construisit un ermitage qui fut agrandi en 1712. Le dernier ermite abandonna l’ermitage en 1903.

Quand il souffrait de solitude, il sonnait la cloche pour img_2502.jpgsignaler aux travailleurs des environs qu’il espérait une visite. Découragé, il finit par revenir au village et mourut 3 ans plus tard de ce fameux mal qui l’avait repris. Pour compenser le voeu qui n’avait pas été tenu, la paroisse s’engagea à aller en pélerinage à la baume trois fois par an.  Pour la circonstance, la statuette du XVème siècle (cachée là durant les guerres de img_2493.JPGreligion ?), habituellement conservée à l’église paroissiale, est portée en procession jusqu’à la grotte.

Cette baume qui servit de refuge depuis la préhistoire, permit aux habitants d’échapper aux troupes huguenotes du baron des Adrets durant les guerres de religion.

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A l’heure de ma visite, la grotte est fermée. Je commence ma partie de chasse au trésor qui me fait tourner autour du soupirail qui domine la grotte. Je ne trouve pas la cache ; mais d’où a pu être prise la photo censée me guider pour trouver l’endroit ? Finalement, c’est une erreur d’altitude ; je grimpe de quelques mètres et je la trouve. Merci Buckfast ! grâce à cette cache, la journée fut passionnante et pleine d’imprévus.

Vue depuis l'ermitageJe redescends jusqu’au soupirail grillagé. Je devine dans la pénombre des  chaises alignées ; quelques minutes plus tard, une voix résonne à l’intérieur puis la cloche sonne comme une invitation à pénétrer dans l’ermitage. Olivier (de l’Association les Amis de la Sainte-Baume), fort gentiment, me fait visiter la grotte, une visite rien que pour moi. Passionné, aimant ce patrimoine spirituel comme s’il lui appartenait, il me montre au rez-de-chaussée : le creux de la grotte où est apparue la Vierge, la citerne, la cheminée qui fonctionne encore, la cuisine et la chambre de l’ermite ; par un escalier en colimaçon, nous arrivons à une autre chambre et à la sacristie. Pour ne pas déranger les ermites installés dans la grotte, un tunnel a été percé au XVIIIème siècle et sert d’entrée indépendante. Je suis autorisée à tirer sur la corde de la cloche dont le son attirera sans doute d’autres visiteurs.
Nous parlons de la restauration entamée par l’association et de l’exposition qui a lieu en ce moment à la salle des fêtes Henri de Régis. Un groupe de randonneurs venant de Lirac en passant par les grottes, rejoint bientôt l’ermitage. * Itinéraire pour se rendre à la Sainte-Baumeimg_2516.JPG

Sur les tables de la salle des fêtes, de grands albums rassemblent les articles de presse et les témoignages. Sur les panneaux, de superbes photos de la baume : comme j’aimerais en faire de semblables ! Deux autres membres de l’association me montrent la fameuse statue et les photos du baptême de la nouvelle cloche 350 ans après la découverte de la Vierge. Un vigneron de la Cave des Vins de Cru de Lirac me présente la cuvée du trentenaire de l’association. J’en achète trois bouteilles. Excellent et avec du caractère. (Si vous voulez de cette cuvée spéciale, adressez-vous à l’une des deux personnes indiquées en bas de page)

La comtesse de Sévigné encourageait le roi à boire du Lirac car ce dernier « lui faisait grand bien ». Selon la maison des vins  : « A déboucher 3 heures à l’avance, servi à 18°, ce vin trouvera sa plénitude dans 4 ou 5 ans. Accompagnera à merveille un gigot de sept heures, un magret de canard, un véritable coq fermier ou une selle d’agneau farcie aux champignons. » Le propriétaire du Château de Clary à Lirac avait importé des Etats-Unis des ceps porteurs du phylloxera. Les vignobles devinrent des oliveraies. Ce n’est que dans les années 30 que le vignoble réapparut de façon significative. Le décret du 14 octobre 1947 signe l’avènement d’une nouvelle appellation : AOC Lirac, mais surtout du premier cru des Côtes du Rhône à produire des vins dans les trois couleurs : rouge, rosé, blanc.

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1baume : grotte

Bibliographie : la Sainte-Baume de Lirac : sa grotte, son ermitage, son pélerinage – les Amis de la Sainte-Baume (Lirac Gard), C. Lacour ed, 1989

Pour se renseigner : tél. secrétaire 04 66 50 47 70 ou président 04 66 50 40 88 à Lirac (30126)