Les cascades du Sautadet

img_3184.JPGLa Roque sur Cèze, un petit village du Gard. Un pont médiéval étroit (Pont Charles Martel), classé monument historique, enjambe la rivière de ses onze arches : c’est par là que je rejoins le village, avec ses ruelles joliment pavées qui me replongent quelques centaines d’années en arrière. Le château, qui date du XIIème siècle est une propriété privée qui ne se visite pas. On sait peu de choses son histoire. Le château fut brûlé en 1573 par les Huguenots et fut abandonné à la fin de XIXème siècle. Après la visite du village, je me rends aux cascades du Sautadet, visite que recommande Buckfast, qui y a placé la cache Rompe Cul, du nom de la rue pavée la plus raide du village.

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« La Cèze a creusé des chenaux et des cavités qui finissent par se rejoindre et forment des crevasses dans lesquelles la rivière s’engouffre. » Le Gard provençal

Ces roches calcaires ont 5 millions d’années. Cet ensemble est un site classé en zone naturelle, exceptionnel mais aussi dangereux. Je me promène le long de la berge de la Cèze, sautant de rocher en rocher, par dessus des failles ou des petites marmites, dans la foulée du montagnard qui m’accompagne. Le spectacle attrayant des remous bouillonnants attire un grand nombre de promeneurs qui circulent sur les abords plus ou moins aménagés sur les deux rives de la Cèze. Malgré la signalisation d’extrême dangerosité implantée sur les abords, on dénombre 23 morts en 20 ans.

img_3190.jpgLe secteur des cascades : est très turbulent, avec des rapides, des gorges très étroites (1 à 2 m), et une pente très forte. Le seuil hydraulique, récemment refait à neuf par la commune, permettait d’alimenter en eau le béal d’un ancien moulin situé sur la rive gauche. 

img_3193.jpgLe secteur des marmites, comporte tout une série de trous cylindriques, de 4 à 13 m de profondeur à l’étiage, de 6 à 8 m de diamètre, creusées dans le lit rocheux de la rivière par le mouvement tourbillonnant des galets.

img_3197.JPGLe secteur du canyon : profond, plus large mais des tourbillons moins rapides. Des matériaux charriés par le cours d’eau s’y déposent.

A l’extrême aval des cascades, le secteur de la plagette est la première zone de dépôt latéral de galets et de sable, la fin de la traversée du banc calcaire. C’est le seul secteur qui ne soit pas dangereux mais la saison ne se prête pas à la baignade.

A certains endroits, je n’ai plus l’impression d’être en France, tellement ces cascades ressemblent si peu aux paysages français. Une courte balade mais un véritable enchantement.

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** L’ermite de la Sainte-Baume de Lirac

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« En l’année 1647,… Joseph Queyranne,… habitant Lirac, travaillait à un four à chaux, à la combe de Vallaurouse, avec quatre autres. Ayant été obligés par un temps de pluie et de tonnerre de se mettre à couvert dans la grande baume1, ses quatre camarades s’étant endormis, ledit Qeyranne qui était attaqué du haut mal, deux à trois fois par semaine, img_2485.JPGressentant les approches de son attaque commença à se promener à grands pas d’un bout à l’autre de la baume quand tout à coup à la lueur d’un éclair, il vit paraitre dans un petit trou du rocher, une image de la Sainte-Vierge en marbre… ; il la prit… la cacha dans sa besace, la porta chez lui, la garda trois jours sans rien dire ; mais l’ayant déclaré à Guillaume, son frère aîné et celui-ci à monsieur le prieur, ce dernier fut la prendre dans leur maison et la porta décemment à l’église. »

L’archevêque ordonna la création d’une chapelle dans la baume pour y venir en pélerinage. Notre dame de Consolation était née.img_2498.JPG 
La nouvelle que Joseph Queyranne semblait guéri de sa forme d’épilepsie se répandit rapidement img_2499.jpget l’on vint en pélerinage implorer la guérison des malades. Plusieurs miracles furent enregistrés. Queyranne fit le voeu de vivre à perpétuité comme ermite de la grotte. On construisit un ermitage qui fut agrandi en 1712. Le dernier ermite abandonna l’ermitage en 1903.

Quand il souffrait de solitude, il sonnait la cloche pour img_2502.jpgsignaler aux travailleurs des environs qu’il espérait une visite. Découragé, il finit par revenir au village et mourut 3 ans plus tard de ce fameux mal qui l’avait repris. Pour compenser le voeu qui n’avait pas été tenu, la paroisse s’engagea à aller en pélerinage à la baume trois fois par an.  Pour la circonstance, la statuette du XVème siècle (cachée là durant les guerres de img_2493.JPGreligion ?), habituellement conservée à l’église paroissiale, est portée en procession jusqu’à la grotte.

Cette baume qui servit de refuge depuis la préhistoire, permit aux habitants d’échapper aux troupes huguenotes du baron des Adrets durant les guerres de religion.

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A l’heure de ma visite, la grotte est fermée. Je commence ma partie de chasse au trésor qui me fait tourner autour du soupirail qui domine la grotte. Je ne trouve pas la cache ; mais d’où a pu être prise la photo censée me guider pour trouver l’endroit ? Finalement, c’est une erreur d’altitude ; je grimpe de quelques mètres et je la trouve. Merci Buckfast ! grâce à cette cache, la journée fut passionnante et pleine d’imprévus.

Vue depuis l'ermitageJe redescends jusqu’au soupirail grillagé. Je devine dans la pénombre des  chaises alignées ; quelques minutes plus tard, une voix résonne à l’intérieur puis la cloche sonne comme une invitation à pénétrer dans l’ermitage. Olivier (de l’Association les Amis de la Sainte-Baume), fort gentiment, me fait visiter la grotte, une visite rien que pour moi. Passionné, aimant ce patrimoine spirituel comme s’il lui appartenait, il me montre au rez-de-chaussée : le creux de la grotte où est apparue la Vierge, la citerne, la cheminée qui fonctionne encore, la cuisine et la chambre de l’ermite ; par un escalier en colimaçon, nous arrivons à une autre chambre et à la sacristie. Pour ne pas déranger les ermites installés dans la grotte, un tunnel a été percé au XVIIIème siècle et sert d’entrée indépendante. Je suis autorisée à tirer sur la corde de la cloche dont le son attirera sans doute d’autres visiteurs.
Nous parlons de la restauration entamée par l’association et de l’exposition qui a lieu en ce moment à la salle des fêtes Henri de Régis. Un groupe de randonneurs venant de Lirac en passant par les grottes, rejoint bientôt l’ermitage. * Itinéraire pour se rendre à la Sainte-Baumeimg_2516.JPG

Sur les tables de la salle des fêtes, de grands albums rassemblent les articles de presse et les témoignages. Sur les panneaux, de superbes photos de la baume : comme j’aimerais en faire de semblables ! Deux autres membres de l’association me montrent la fameuse statue et les photos du baptême de la nouvelle cloche 350 ans après la découverte de la Vierge. Un vigneron de la Cave des Vins de Cru de Lirac me présente la cuvée du trentenaire de l’association. J’en achète trois bouteilles. Excellent et avec du caractère. (Si vous voulez de cette cuvée spéciale, adressez-vous à l’une des deux personnes indiquées en bas de page)

La comtesse de Sévigné encourageait le roi à boire du Lirac car ce dernier « lui faisait grand bien ». Selon la maison des vins  : « A déboucher 3 heures à l’avance, servi à 18°, ce vin trouvera sa plénitude dans 4 ou 5 ans. Accompagnera à merveille un gigot de sept heures, un magret de canard, un véritable coq fermier ou une selle d’agneau farcie aux champignons. » Le propriétaire du Château de Clary à Lirac avait importé des Etats-Unis des ceps porteurs du phylloxera. Les vignobles devinrent des oliveraies. Ce n’est que dans les années 30 que le vignoble réapparut de façon significative. Le décret du 14 octobre 1947 signe l’avènement d’une nouvelle appellation : AOC Lirac, mais surtout du premier cru des Côtes du Rhône à produire des vins dans les trois couleurs : rouge, rosé, blanc.

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1baume : grotte

Bibliographie : la Sainte-Baume de Lirac : sa grotte, son ermitage, son pélerinage – les Amis de la Sainte-Baume (Lirac Gard), C. Lacour ed, 1989

Pour se renseigner : tél. secrétaire 04 66 50 47 70 ou président 04 66 50 40 88 à Lirac (30126)

*** Le fort Peccais, une piste au bout du monde

fort peccais aerien.jpgPrononcer Peccaï, nom qui viendrait de Peccatius, ingénieur romain inventeur des premières techniques d’exploitation du sel. Et rétablissons la vérité : ce fort se situe sur le territoire de la commune de Saint-Laurent-d’Aigouze et non sur celui d’Aigues-Mortes ! * Télécharger l’itinéraire depuis le centre ville

Une véritable aventure que cette balade en petite Camargue au fort Peccais dans les salines ausud d’Aigues-Mortes ! je ne le vois indiqué nulle part dans la ville bondée de touristes qui se disputent les parkings payants autour des remparts. Je prends la direction sud et m’engage sur une première piste où seul un homme promène son chien. Arrivée au bord des étangs, je ne trouve plus le moyen de progresser. Ce n’est pas la bonne piste. Je m’arrête une première fois pour demander mon chemin mais là encore, je ne trouve pas : je bute maintenant contre un champ et une propriété privée. Je questionne à nouveau un vieil habitant qui me donne quelques points de repère : le restaurant à consonance espagnole, la piste qui traverse une propriété privée mais que tout le monde ici a l’habitude d’emprunter.

Carnets de rando #2 Camargue, le fort Peccais (vidéo)

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Enfin ! je trouve la route bientôt prolongée par une large piste poussiéreuse, cahotique, longue de 7 kilomètres qui traverse marais, vignobles et canaux, découvrant parfois la surprise d’un oiseau de Camargue. Je roule avec ma voiture neuve qui inaugure sa première sortie. Dans le rétroviseur, je ne vois qu’un nuage de poussière mais devant, enfin, le fort de Peccais, au bout du monde.

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Bermond III d’Uzès, 7ème et dernier seigneur d’Uzès de 1285 à 1318, échange avec le roi de France Philippe le Bel, les salines de Peccais contre la seigneurie de Remoulins et autres lieux.

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