Moissac-Boudou par le chemin de halage du canal latéral à la Garonne

Entre Moissac et Lectoure, cinq courtes étapes seront publiées ; certains les considérant comme étapes du chemin de Compostelle (GR 65) en parcourront deux en un jour, d’autres les voyant comme randonnées, déposeront un véhicule à l’arrivée de l’étape. Pour cette première expérience, mon amie Claire et moi avons confié à La Pèlerine le soin des réservations des chambres d’hôtes, transport des bagages d’un gîte à l’autre, navette pour le retour à Moissac (Transport Claudine). Tout s’est bien passé. Nous avions seulement imposé deux choses : des demi-étapes pour privilégier les visites, les points de vue, les rencontres, le rythme lent, et de dormir au gite Ultreia à Moissac dont nous connaissions les propriétaires depuis l’an dernier.

Comme en 2016, nous avons pris deux personnes en covoiturage. A l’arrivée à Ultreia, Aideen s’est souvenue de nous ; Rom nous a offert une boisson et la conversation s’est engagée avec naturel, comme si nous ne nous étions jamais quittés.

Le jour de notre arrivée à Moissac (82), nous avons porté notre attention sur le célèbre tympan du XIIè et sur l’intérieur de l’abbatiale Saint-Pierre : nous n’avions pas eu le temps d’approfondir cette découverte l’an dernier.

L’album de Moissac

Le soir une belle et longue table est installée dans le jardin, tablée cosmopolite avec trois allemands, un couple de Nouvelle-Zélande, un norvégien et quelques Français du sud-est. Le repas est copieux et équilibré : soupe, viande accompagnée de trois légumes, glace avec abricots au sirop recouverts d’un coulis de fruits rouges ; Claire s’essaie à l’anglais qu’elle a révisé toute l’année ; son verre d’eau en déséquilibre sur la table de jardin inonde mon smartphone alors qu’elle fait le service ; aussitôt Rom l’essuie, le fait sécher au soleil, me recommandant de ne pas l’allumer tout de suite. iPhone sauvé des eaux !
Ce que je retiens de l’échange avec les Néo-Zélandais, c’est que la laine d’agneau des randonneurs (hikersWool pack) protège des ampoules au pied, par emballage de la zone d’échauffement ; elle se vend sous forme de rouleau de laine légère et fine, riche en lanoline. Elle offre un confort sans frottement et évacue l’humidité. 18 g, 3 jours de randonnée, 11.20 $ NZD soit 7.25€ environ. Vendue uniquement dans leur pays.

Le lendemain, nous quittons l’avenue Pierre Chabrié vers 9h20, les autres pèlerins sont déjà tous partis. Chabrié était un avocat talentueux, qui a exercé au barreau de Moissac. Il a été maire de Moissac pendant plus de vingt ans, et à plusieurs reprises au XIXè siècle. Ena Henri, Moissac aux deux bouts du XXè siècle. Témoin d’un autre temps, témoin de notre temps, Color-Press, 1998.

Pour cette première étape, nous suivrons les conseils de Rom : longer le canal, passer sur le pont bleu pour un détour jusqu’au centre nautique afin d’observer la confluence du Tarn et de la Garonne de plus près ; l’an dernier, nous l’avions vue d’en haut, à Boudou. Lire Moissac Boudou sur le chemin de Compostelle.

Après le pont au dessus du canal latéral à la Garonne, nous enfilons les kilomètres à l’ombre et à plat, parfait pour mon amie qui n’a pas l’habitude de marcher. Le clocher de l’église Saint-Martin émerge des maisons sur l’autre rive ; Saint Martin, comme Saint Saturnin et Saint Pierre sont les plus anciens hagiotoponymes1 correspondant à un culte dès le Ve siècle (fin VIè selon le toponymiste Auguste Vincent). 237 communes portent le nom de Saint-Martin et 175 celui de Saint-Pierre ! Nous allons tous les rencontrer dans les églises du Chemin. Dictionnaire des noms de rues, site de André Calvet.

Avec l’arrivée de la voie ferrée à Moissac, la destruction de l’église Saint-Martin fut évitée in-extremis par son classement comme monument historique. On doit ce sauvetage au génie du laborieux et savant Armand Viré. […] Toujours debout, l’église Saint-Martin abrite un hypocauste du IIIe siècle, des fresques du XVe siècle, et elle est une des plus anciennes églises de France. D’après Aymeric de Peyrac, les reliques d’Ansbert, deuxième abbé du monastère, furent déposées en 868 dans la chapelle Saint-Martin, qui prit alors le nom de Saint-Ansbert, qu’elle garda jusqu’au XIIe siècle. Armand Viré s’est retiré à Moissac en 1939, dans une maison de famille. Dictionnaire des noms de rues, site de André Calvet.

Eglise Saint-Martin, base des monuments historiques.

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Savonnières, entre champs et Cher

Inspirée de la trace trouvée sur randogps (balisage PR jaune), proche de Saint-Cyr sur Loire où habite ma fille, je pars sous le soleil et le ciel bleu jusqu’au port de Savonnières1 où je me gare sur la dernière place libre ; quelques bateaux à fond plat y sont amarrés (gabarres, toues sablières ou cabanées).

# 13 le port, desavoo

Je me dirige vers l’église Saint-Gervais et Saint-Protais dont le clocher dépasse largement la toiture des maisons ; du xiie siècle, classée monument historique depuis 1973, son portail saintongeais porte des sujets disposés par deux sur chaque claveau.
Les voûtes dominicales dîtes « angevines » sont du dernier quart du 12è siècle. Les têtes conjuratoires repoussent les mauvais esprits. Elles sont sept visibles de la rue.
Les cloches se nomment Gervais (1850), qui égrène les heures, la plus grosse Protais (1881) et Louise-Jeanne (1891) la plus petite.
Le beffroi construit au 18è serait l’un des plus anciens de France.
Frères jumeaux et enfants de St Vital et de la Bienheureuse Valérie, St-Gervais et St Protais furent martyrisés et leurs corps furent retrouvés par St Ambroise 300 ans après leur mort dans le même état que s’ils venaient d’être ensevelis à l’heure même. Page de l’église de Savonnières

A gauche de l’église débute le sentier des 100 marches, une institution permettant d’accéder au coteau au prix d’un effort physique certain. Ses marches disjointes ou en partie effondrées, ont été rénovées par les services techniques de la commune en 2015 ; les rampes de bois favorisent un court arrêt pour admirer le clocher de l’église.

# 16 la montée 2desavoo

Le sentier circule entre les maisons en haut et les chiens aboient sur mon passage ; je croise chemin venant du cimetière.

Avant de prendre le rue de la Butte, je remarque un réservoir d’eau comme il y en a dans le Vaucluse. Le chemin circule entre le terrain de sport et les maisons, puis entre un champ et les pavillons : quelle bonne idée d’avoir préservé un espace public pour la circulation des piétons dans une région urbanisée !

Route de Bois Robert, je longe de nombreux étangs entourés d’arbres puis je traverse un bois clairsemé, bordé de deux profonds fossés, autrefois entretenus par des fosseyeurs, spécialistes de l’entretien des fossés et turcies des zones marécageuses. Les nombreuses mares ça et là dans les propriétés ont plusieurs rôles : régulation du ruissellement des eaux de pluie, réserves biologiques pour la faune et la flore aquatiques, pôles d’intérêt pour les animaux qui viennent s’y abreuver. Selon le PLU de Savonnières.
Au sortir du bois et de la plantation de peupliers, je trouve un champ immense puis la route des Rosiers. Face au clos des Roziers, la gentilhommière du XIXe siècle qui ne laisse pas voir grand chose de son parc, je passe entre deux champs à perte de vue.

Changement de décor après la Bassellerie : une forêt plus dense aux arbres fort hauts, la bonne odeur de troncs fraîchement coupés, une cabane dans les arbres puis le chemin de la Foucaudière.Traversée sur un pont du ruisseau Boire Fontembre, parallèle au Cher, puis le long du plan d’eau allongé de Boire Morin. Ce nom de boire caractéristique de la région désigne une zone humide à activité temporaire et en étiage à eau stagnante, utilisée au moyen-âge pour installer des structures de pêche (pêcherie de boires). 
Vivre en Touraine au xviiie siècle, Brigitte Maillard, Annie Antoine, Presses Universitaires de Rennes (broché ou format kindle)

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Azay sur Cher, l’eau au fil des siècles en Val de Cher

Une randonnée sans difficulté, le long du Cher, affluent de la Loire ; je ne suis pas très loin de sa confluence avec le fleuve (Villandry, une trentaine de km), et il est donc large et son débit assez rapide. Mais quel calme sur ses berges ! je n’ai rencontré personne, seuls quelques oiseaux effarouchés se sont enfuis sur mon passage
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Le lavoir près du parking BesnardPlaine de LeugnyLe parking Besnard n’est pas indiqué sur la carte : il se trouve à côté du lavoir juste avant le pont sur le Cher que je traverse pour démarrer sur l’autre rive. C’est le point de départ des circuits de randonnées. Ce lavoir, construit en 1888, est alimenté en eau par la fontaine Sainte-Tutrille autrefois baptisée Saint-Aoustrille.

le lavoir d’Azay sur Cher, Chickilim

Le sentier qui longe le Cher se trouve au bout des jardins des maisons qui le bordent ; il rejoint alors la rue des Ursulines puis pendant un moment se frotte aux plaines immenses comme celle de Leugny avec ses champs de céréales et ses prairies. Poste de chasse ?Les bosquets d’arbres me gênent pour observer les oiseaux.
A quoi peut bien servir ce curieux cabanon de parpaings surélevé ? un poste de chasse ?
Quand j’arrive aux abords de Nitray, un sentier se rapproche de la rivière et je me laisse tenter. Le  grillage de la propriété sert de guide mais bientôt ce sera quasiment impossible de continuer : les cannes sont si serrées que je peux à peine passer entre elles, la terre s’éboule et finalement, je me trouverai au pied d’une passerelle près du barrage sans pouvoir rejoindre le sentier ; je vous le déconseille.

Bâtiments modernes du moulin de NitrayDu moulin à eau de Nitray datant du XIVè, on ne voit rien de ce côté : il est situé sur un îlot à côté du barrage ; depuis peu, il a une nouvelle roue à aubes que vous pourrez voir avec une paire de jumelles quand vous serez sur l’autre rive. Au XIXè devenu manufacture de limes, on y étirait l’acier.

Une belle borne blanche gravée ‘D St M’ – doyenné de Saint-Martin – rappelle que l’un des trois chemins de Borne directionnelle du chemin de St-MartinSaint-Martin, le chemin de Trèves de Vendôme à Tours, passe à Saint-Martin-Le-Beau. La forme de cette borne directionnelle se veut ressemblante à celles du Doyenné de Saint-Martin qui marquaient la limite des parcelles appartenant au chapitre de Saint-Martin de Tours.

Variante 1 : visiter l’église de Saint-Martin 4 km aller et retour depuis le moulin.

Cette commune [Saint-Martin le Beau] tire son nom de la commémoration de la victoire des Tourangeaux sur les Normands en 903. Après avoir brûlé Amboise et Bléré, ceux-ci vinrent assiéger la ville de Tours. Une brèche qu’ils réussirent à pratiquer dans la muraille allait leur permettre de rentrer dans la cité, quand l’archevêque et les clercs eurent l’idée de porter en procession sur cette brèche la Châsse de saint Martin, leur protecteur […] Se passa alors un étrange phénomène, autant les Normands […] se mirent à tomber «les uns sur les autres comme s’ils avaient été sur de la glace», autant les Tourangeaux […] les firent s’enfuir jusqu’à… Saint-Martin-le-Beau.
[…] Ces derniers élevèrent alors sur le lieu du combat une église dédiée à saint Martin […] En remerciement, le village prit le nom de Sanctus Martinus Belli ou Sanctus Martini de Bello. Extrait du 2-guide du chemin Vendôme-Amboise-Tours

WC public du port der ChandonAprès le dernier bâtiment du moulin de Nitray, je perçois au travers des feuillages, le barrage. Vous pouvez contourner le parc de loisirs Family Park par la gauche, ou par la droite en passant par leur parking ; je retraverse le Cher pour entamer la boucle retour. Petit détour par le port de Chandon : le bâtiment en forme de tonneau, ce sont les toilettes publiques, ouvertes et propres ! toue-cabanee photo mairie st martinC’est le port d’attache de Valchantray 2, la toue cabanée1 reconstruite par des bénévoles et qui navigue sur le Cher. Ce bateau d’origine ligérienne transportait personnes et marchandises. Aujourd’hui les toues cabanées sont parfois transformées en hébergement insolite.

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