Deuxième séjour en Ardèche (autrefois Helvie puis Vivarais) ; grâce aux nombreuses documentations laissées par Evelyne dans le studio (ce n’est pas pour rien qu’Ardelyne a le label rando accueil), j’ai choisi la boucle à partir de Saint-Jean le Centenier qui mène au sommet de la Croix de Juliau. Ce n’est pas parce que nous sommes à quelques pas d’Alba la Romaine que le nom de cette montagne se rattache forcément à Jules César, même si Alba avait dédié son magnifique temple du mont Juliau au divin Jules César et à Auguste (d’après la bouquinerie).
Saint-Jean le Centenier se trouve à la limite des couches basaltiques du Coiron (pierre noire) et des couches de calcaires (pierres blanches) : du coup, la façade de l’église et celles des maisons sont construites tel un échiquier noir et blanc.
avec prévisions à 3 jours
La randonnée démarre sur la petite route goudronnée qui passe sous la nationale ; elle se poursuit ensuite le long des champs, puis des pelouses rases, presque toujours accompagnée de papillons ; quelques rares maisons à Argence, la Blachère, Bourboulet puis une longue montée progressive jusqu’à la croix de Juliau, qui mène, en quelques larges ondulations jusqu’au sommet (553m). Soudain, en pleine contemplation au sommet, j’entends l’orage au loin. La moitié du ciel s’obscurcit. Très vite, je mémorise la croix de Juliau… qui a complètement disparu au milieu de quelques piquets de bois tout à côté d’une borne indiquant la date de 1948. J’ai d’abord pensé que la date pouvait commémorer un évènement en rapport avec la seconde guerre mondiale, mais c’était une erreur : cette borne marque l’implantation d’un point géodésique IGN Saint-Pons I en granit ! (longitude 4° 33′ 45.1478, latitude E 44° 34′ 11.4908 N).
La vue sur le plateau du Coiron et la plaine de Valvignères est immense. L’interminable plaine du Regard se pare de festons noirs de basaltes. Si tout le monde connaît la Sainte-Victoire, qui connaît la colline Juliau qui a inspiré Nicolas Pesquès dans un recueil de poèmes la face nord de Juliau… en 7 volumes ?
Je commence la descente promptement jusqu’aux cultures en terrasses. Là, obligée de sortir l’imperméable, je continue jusqu’au carrefour où un second chemin plus long mais plus varié me ramènera vers le village.
Selon une étude du professeur Avias, les défrichements se sont déroulés essentiellement entre 1850 et 1880. On faisait appel aux faiseurs de champs, un groupe de deux ou trois hommes armés de barres à mine, pioches, brouettes, nourris logés pendant deux ans pratiquement sans salaire (droit à la première récolte de céréales), chargés de défricher, épierrer ; s’il y avait une pente, ils construisaient des terrasses. La terre était ensuite répartie sur la surface pour permettre le labourage.
Parvenue près de l’étang, j’enlève l’imper : le soleil est revenu ; je cherche un certain temps le sentier : il est si mal indiqué et tellement envahi par la végétation qu’il m’a fallu le chercher sous plusieurs angles pour le débusquer (voir photo de gauche). Le paysage a changé : plus verdoyant, des conifères ont remplacé les pelouses dénudées. Quand je me retrouve dans les petites gorges de Théoule1, deux rapaces s’amusent avec les courants thermiques en un vol majestueux et lent : blancs au bout des ailes noires, une queue pointue, je pense à un busard (Saint-Martin). Puis vers 18h ce sont des piaillements bruyants d’une tribu de passereaux postés sur le pylône à haute tension. Dès que j’arrive à leur hauteur, ils s’envolent vers l’autre pylône.
Au village, passage sur les rails du train devenu uniquement touristique. Jusque vers les années 1980 une carrière de basalte était implantée à l’est du village utilisant cette voie ferrée pour exporter les matériaux. Du quartier Charnier2, nom pas très sympathique a priori, je rejoins le centre du village et son église.
En résumé, je dirais que c’est une balade intéressante pour qui vient d’arriver en Ardèche ; elle permet de s’imprégner de l’environnement naturel et contrasté. Mais il faut accepter de marcher en partie sur des voies revêtues assez désagréables quand il fait chaud.
Cette randonnée est la fiche 9 extraite du topoguide Ardèche – balades et randonnées, Communauté de communes Berg et Coiron, Communauté de communes Berg et Coiron, juin 2007, 7€, en vente à l’office du tourisme (Villeneuve de Berg, Lavilledieu) et dans certains commerces.
Image de l’itinéraire 13km400, 260m dénivelée, 3h30 dépl.
1théoule (de l’occitan tuile) où l’on cuisait les tuiles et poteries
2charnier viendrait d’un ancien radical pré-indo-européen KRN qui désigne la pierre et que l’on retrouve dans le cairn bien connu des randonneurs (Dans les pas de Cévennes, terre de lumière, Hors-série des cahiers de Cévennes terre de lumière, association Cévennes Terre de Lumière, 2002
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