Le tour du Roc de Chère, entre Menthon Saint-Bernard et Talloires

Le roc de Chère est un site écologique majeur, une petite avancée rocheuse au bord du lac sur la rive est, située sur le territoire de la commune de Talloires. C’est un espace protégé, depuis 1977 d’une superficie de 200 ha. Site randos en Savoie. Cette boucle nous ayant été conseillée par une amie de Majo, nous n’avons pas hésité à changer le programme prévu. Menthon Saint-Bernard, 2000 habitants, se trouve en Haute-Savoie, à quelques kilomètres d’Annecy sur la rive est du lac.

La topographie très variée du Roc, qui forme un ensemble de microreliefs et donc de microclimats, permet de définir cinq grands ensembles naturels : les abruptes pentes calcaires, les crêtes gréseuses, la dépression centrale, le vallon marécageux et le plateau central. Selon le site lac Annecy tourisme et Congrès

J’ai prévu le parking proposé par la carte IGN mais en empruntant la route du port, on tombe sur un autre grand parking sur terre battue à gauche. C’est le départ du sentier de randonnée.
Temps ensoleillé, comme ce matin au Semnoz face au Mont-Blanc, net comme s’il était tout près de nous.
Nous partons en direction du port et retrouvons les panneaux directionnels pour le Roc de Chère.
Depuis le port, niché au cœur d’un parc immense, le Palace de Menthon nous séduit par son cachet typique des grands hôtels et palaces du début du XXe siècle et sa situation au calme. Nous passons devant l’hôtel ***** perché en hauteur, qui se vante d’offrir une belle vue unique sur le lac d’Annecy : nous espérons profiter également d’un belvédère lors de notre randonnée.

Petit chemin à droite qui passe au square des bains parce que des substructions de thermes romains qui ne se visitent pas (aqueduc, piscine, cabinets, vaporarium, promenoirs,…) et d’une villae ont été retrouvées près du lac, au lieu-dit Les Bains où il y eut également un établissement thermal.
En 1786, des travaux agricoles ont mis à découvert, près des bains romains, un vase de terre rempli de monnaies romaines en argent. […]
Sur le banc public, nous ferons quelques selfies à quatre ; tantôt l’une est absente de la photo, tantôt l’autre est coupée, la troisième est hirsute et la quatrième ne sourit pas assez ; néanmoins, nous nous sommes bien amusées.

[Les thermes romains à La Muraz] Ensemble d’une trentaine de salles, couvrant 900 m² environ, sans compter les amorces de constructions au nord et à l’ouest. Deux groupes de pièces séparés : groupe méridional alimenté par divers conduits aujourd’hui disparus ; groupe septentrional comportant des salles à absides aplaties correspondant sans doute au caldarium. A l’ouest, amorce d’une piscine circulaire tronquée. Le captage antique de l’eau se situe au lieu-dit Le Var. Il s’agit d’une chambre polygonale plaquée de marbre. L’activité des thermes s’étend du 1er au 4e siècle. Selon le site Monumentum

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Tour du lac d’Annecy

Il est possible de faire le tour du lac d’Annecy en vélo ou à pied sur presque la totalité du parcours (42 km) ; ayant déjà découvert la rive est il y a quelques années, je propose à Pierre et Marie de marcher sur la rive ouest d’Annecy à Saint-Jorioz ; afin de marcher le plus longtemps possible, nous ne ferons pas un aller-retour à pied mais nous reviendrons par le car de la ligne 51 ou 52. J’aurais préféré prendre l’omnibus par bateau mais il ne fonctionne plus en cette période. Il suffit de bien évaluer la distance à parcourir pour ne pas rater le dernier car qui nous ramènera à Annecy.

Départ du parking du centre Bonlieu. Accès aux Jardins de l’Europe par le pont des Amours qui, aujourd’hui, n’a rien de particulier pour mériter ce nom. Depuis le pont de la Halle, Annecy ressemble à une petite Venise avec son ruisseau – le Thiou – qui traverse la ville et ses maisons colorées qui se mirent dans l’eau claire. L’îlot des cygnes, artificiel, incongru avec son arbre à la ramure imposante, porte bien son nom. Le niveau du lac est si bas que les pédalos ne parviennent pas à rejoindre la rive sans aide.

Nous suivons pendant un bon bout de temps la piste cyclable qui elle-même suit la route passante et bruyante. La promenade Cheltelham traverse la base de loisirs des Marquisats en pleine effervescence car il fait beau.Un bout de jardin au bord de l’eau se prolonge sur une piste macadamisée : quelques oiseaux paisibles nagent près du bord. A noter que le tracé officiel longe la piste cyclable mais nombreux sont ceux qui passent par là.

Le Grand Hôtel Beau Rivage à Sévrier avec vue sur le lac et jardins d’agrément, avait son propre embarcadère à la fin du XIXe siècle ; des services étaient assurés d’Annecy par les navettes Roselet ou Beau-Rivage, ainsi que par les grands vapeurs comme le Ville d’Annecy ou le Mont-Blanc. Selon le site Annecy vapeurs.

La piste s’éloigne car de belles propriétés ont pris possession des rives avec leur propre embarcadère (quels veinards ceux qui habitent là !). En allant vers Chuguet, nous sommes attirés par un bruit cadencé : sur la piste cyclable, deux coureurs, bâtons de ski en main et roller-ski aux pieds, font des allers et retours en se balançant d’une jambe sur l’autre d’une drôle de façon. Mais qu’est-ce que c’est que ce sport ?  du ski à roulettes ! les bâtons servent à se propulser ; les skis permettent le skating et le pas alternatif. Ils doivent être munis de système anti-recul sur les roues arrières. Le total skis et fixations, bâtons, casque coûte au moins 400€. Un cours en photo sur ce site personnel

Quelques oiseaux dont une mouette rieuse qui ne niche pas sur le lac d’Annecy et quelques canards qui nous font sourire quand ils agitent sans vergogne leur arrière-train pour chercher leur nourriture sous l’eau.

Changement de décor au hameau du Crêt : une première roselière. Tout juste devinerons-nous au bruit la présence de quelques oiseaux d’eau qui s’y abritent. Puis un petit port de plaisance.

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Le voile noir de la mariée

Ce début d’octobre est ensoleillé près d’Annecy ; après une matinée plutôt cool, nous décidons d’aller jusqu’au voile de la mariée à partir de l’église de Saint-Sylvestre, perchée sur sa colline (658 m) qui domine la vallée des Bornières et l’Albanais. Nous l’apercevons depuis notre location à Alby sur Chéran.

Le parking se trouve face à l’école ; nous suivons la route que nous quittons rapidement, au grand hangar de véhicules agricoles, pour un chemin communal qui s’enfonce dans les sous-bois. Balisage jaune-vert.

A travers une trouée d’arbres, une longue crête rocheuse hérissée de dents (Lanfon, du Cruet) et de têtes (Turpin, Paccaly) se termine vers le Semnoz tout en rondeur. En contre-bas, dans le hameau de Champollier, un potager aux touches orangées attire notre attention : les citrouilles sont déjà là, bien avant Halloween !
Le chemin rural porte encore le nom qu’il avait autrefois, mentionnant les lieux qu’il reliait : chemin rural de Champollier à Saint-Sylvestre.

A nouveau un petit bout de route dans le hameau ; en haut du talus, quelques vaches profitent encore du pré sous une température clémente. Un sentier en sous-bois sombre, toujours plus bas et de plus en plus étroit, traverse le ruisseau sur une planche de bois, descend encore et nous mène au pied du voile de la mariée située sur le nant (cours d’eau en Savoie) de l’Eau Salée, à la frontière entre Chapeiry et Saint-Sylvestre ; un voile noir, de la couleur de la roche  humide, quasiment sans eau à part quelques gouttes au bas de la roche de tuf. D’après la légende, ce sont les larmes d’une princesse déçue par un chagrin d’amour qui alimenteraient la cascade. Moins prosaïque, au contact des végétaux, l’eau a formé un dépôt calcaire formant le tuf, roche légère et poreuse caractéristique des régions calcaires.

Quand il a plu, les eaux de la cascade se dispersent telles une chevelure au vent ; je suis un peu déçue forcément mais il ne pouvait en être autrement puisque l’été a été particulièrement sec.

Nous retraversons le ruisseau sur une planche de bois et nous nous arrêtons : un ruban de balisage rouge et blanc coupé, est encore accroché à un arbre ; un arrêté municipal, pris en février 2018, nous interdit le retour par les Daudes, lieu d’un important éboulement ; peut-être l’arrêté n’est-il plus valable ? coup de fil à la mairie qui maintient son interdiction. Le service aménagement du Grand Annecy n’est donc pas revenu faire son état des lieux. Mais pourquoi donc n’avertit-il pas dès le départ sur le panneau d’information du parking ?

Demi-tour. Nous passons entre un champ avec des chevaux et un jardin, impression d’enfreindre une propriété privée ; des arbres au tronc courbé sans doute par le poids de la neige, me font penser aux tavalans que j’ai vus dans les Bauges. Lire dans ce blog le tour des Bauges

Dans les pentes des montagnes, lorsqu’un jeune arbre pousse, la neige le couche chaque année et à chaque printemps, il se redresse mais en gardant la forme coudée, ce qui fait qu’avec l’âge, il possède une belle crosse. Ces crosses étaient fixées dans la charpente de l’avant-toit et faisaient, avec l’assemblage qui lui était nécessaire, de véritables balcons qui avançaient sur les murs de la grange. Selon le site de La Compote

Une vieille publicité de machine à coudre, comme la première de ma maman, orne la porte d’une grange  en bois. Le chemin rural dit ‘de la Coix’1 (non, pas la croix !), un long sous-bois puis au débouché du grand virage de la route, la croix devant l’église, puis l’église de saint-Sylvestre fermée : nous ne verrons donc pas les statues polychromes. Au pied de l’ancien clocher médiéval qui sert de sacristie aujourd’hui, se trouve une inscription romaine, fragment d’un monument d’origine inconnue sur lequel on ne reconnaît que le mot latin FILIAE (= fille).  Vidéo par drône au dessus de l’église

Pour nous consoler, nous décidons de visiter le patrimoine local de deux hameaux de Saint-Sylvestre (en voiture) car même s’ils sont proches, à vol d’oiseau ils ne le sont pas à pied : Vouchy et Songy.

A Vouchy, nous n’avons pas trouvé la maison forte signalée sur le panneau d’information de la place de l’église : elle était propriété des Barnabites d’Annecy, religieux de l’ordre de Saint-Barnabé qui, au XVIIe et XVIIIe, possédaient des biens à Champollier et Grenier ; il y en a une autre au nord du bourg de Saint-Félix, au hameau de la Sauffaz (Ne pas prononcez le z final2) ; le four banal est en bon état (restauré en 1810 et 1975) et toujours utilisé : des fagots de bois posés contre le mur attendent la prochaine fournée.
Dans le lavoir double, juste en face, de construction récente, s’écoule une eau parfaitement claire. Dommage que ce petit patrimoine local ne fasse pas l’objet d’un panneau d’information et de l’indication d’un parking…

Le château de Songy, signalée dès 1370 dans les textes, est en réalité une maison forte, difficilement visible depuis la route : elle ressemble à une grosse maison avec une tour ronde et une tour carrée ; une demeure seigneuriale a complété le bâtiment au XIXe.

Une balade bien agréable dans les sous-bois à parcourir de préférence au printemps quand l’eau du ruisseau est abondante. Pour les plus téméraires, les failles de Saint-Sylvestre, étroites et profondes, méritent une petite visite. Photos dans ce blog et itinéraire dans Altitude rando, les failles de St-Sylvestre

Image des itinéraires aller-retour  5.790 km 196 m dénivelée (+265, -265) 2h30 au total. Boucle prévue 4km300 196 m dénivelée (+265, -265)

1Coix : peut-être de coise (toponymie des Alpes) signifiant bois, forêt. Pas de carte de Cassini pour essayer de comprendre ce toponyme (la Savoie n’est pas française à cette époque)
2 les suffixes en -az, -oz (-otz), -uz, -ax, -ex, -ux, -oux, et -ieux (-ieu) en sont caractéristiques. Ils indiquent la syllabe accentuée. Pour les noms multisyllabiques, « z » indique l’accentuation sur l’avant-dernière syllabe, et « x » sur la dernière selon toponymie arpitane de Henri Denarié, La Voix des Alloborges n°13, 2007