** Les mégalithes de la lande de Cojoux

IMG_7813.jpgUn paysage de landes qui m’est totalement inconnu ; l’association Natures et Mégalithes promet de nombreuses curiosités. C’est donc bien tentant de rejoindre Saint-Just en 45mn à partir de Rennes. Le temps est gris, incertain. Le boulanger, juste avant sa fermeture dominicale, me remet gracieusement le carnet de découverte. IMG_7820.jpgIl est midi quand je me mets en route à partir de l’église, construction en schiste et granit du pays. Guettez les flèches vertes du parcours pour ne pas vous perdre !

Construite en 1848 elle [L’église] est bénie en mai 1852. […] la rénovation la plus marquante reste celle de 1928-1930 qui voit l’agrandissement de l’église par le bas-côté. Extrait du site de la mairie de Saint-Just

IMG_7818-500x375.jpgAprès le parking réservé aux handicapés, je traverse le hameau du Châtaignier composé de quelques vieilles maisons, village-rue constitué de longères1. Après une courte montée, je découvre la lande bretonne, vaste étendue uniforme et peu fertile abandonnée depuis longtemps, dépaysante pour moi qui vis en Provence ; rien n’arrête le regard, sauf parfois au détour d’un virage un mégalithe impressionnant ; des bosquets de genêts tout au long du parcours, ponctuent de jaune les vertes prairies ou les pelouses.
IMG_7822.jpgIMG_7902.jpgJe passe à côté du moulin, probablement à grain, le sarrazin étant la seule céréale cultivable sur ce sol acide. Dans un enclos deux chevaux du Poitou, trapus et placides, entretiennent l’espace naturel : ils s’approchent de la clôture à mon approche ; une mare me parait bien incongrue à cet endroit : ancienne carrière abandonnée où le propriétaire venait extraire le schiste pour des constructions locales. Le Conseil Général les préserve pour maintenir l’équilibre de l’environnement.

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Il n’y a pas que dans les Alpes qu’il y a des Demoiselles, blocs de pierre dressés verticalement appelées ici Roches piquées : l’une est en poudingue de Gourin fait de petits galets de quartz, l’autre est en quartz recristallisé et plissé. Mais d’où provient ce quartz puisque nous sommes dans une zone de schistes ? Il n’y en a pas à moins de 3km d’ici, dans les landes de Quily… Ils faisaient peut-être partie d’un alignement de menhirs. Une tradition populaire raconte que ce sont des jeunes filles trop insouciantes qui auraient été transformées en pierre pour avoir dansé sur la lande au lieu d’assister aux vêpres du dimanche. Aux Mées, en Provence, ce sont des moines ayant osé poser leur regard sur des femmes, qui ont été pétrifiés (voir la note sur les pénitents des Mées dans ce blog).

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La Gittaz au départ de Villarenger

Un simple aller et retour pour découvrir un hameau authentique de Savoie – la Gittaz1 – sur la commune de Saint-Martin de Belleville, au départ de Villarenger par le sentier n°30. Beaucoup de départs de randonnées, donc beaucoup de monde dans le hameau.
IMG_5661.JPGIMG_5684.JPGNous passons au dessus du pont romain, joliment fleuri qui traverse le torrent des Encombres. Il est un peu comme celui de Céreste dans les Alpes de Haute Provence : il est dit « romain » mais ne l’est pas puisqu’il a été construit vers 1850.

La météo à cet endroit aujourd’hui et à 3 jours
avec le vent

La cache Le pont romain de Villarenger par Guy Homtel est un peu plus loin. Puis c’est une longue montée qui traverse plusieurs hameaux la Monta, les Communaux qui n’ont que quelques maisons. Les papillons sont nombreux mais dans un virage qui ressemble à tous les autres, ce sont des dizaines de papillons qui se rassemblent au même endroit, sans que nous comprenions vraiment ce qui les attire à cet endroit. IMG_0355.jpgSelon moi, il s’agit de Demi-Deuil (blanc et noir avec des yeux au dos des ailes) et Tabac d’Espagne.
Ce sentier serait-il humide ou une odeur particulière attirerait-elle ces papillons différents regroupés par dizaine ?

IMG_0364.jpgIMG_5671.JPGNous prenons quelques raccourcis dans les champs ou les pâturages mais encore plus raides que la piste prévue pour les véhicules. Le hameau d’estive de la Gittaz (prononcez la finale ‘a’ trainant) est superbement rénové mais n’est plus habité en permanence aujourd’hui.
IMG_0365.jpgUne petite cabane installée à l’entrée du hameau nous intrigue : il s’agit d’un lieu d’aisance à l’ancienne tel que mes grands-parents en ont connus. A la fontaine, nous nous rafraichissons puis cherchons un lieu pour déjeûner. A 1500m d’altitude, la température en été est idéale.

IMG_0359.jpgIMG_0370.jpgNous partons pour la cache Les beaux gites de la Gitte par Guy Homtel. A quelques pas sur le sentier, tout en longueur, une impressionnante colonne de papillons s’agglutinent au sol, y reviennent dès que nous sommes passés. Beaucoup d’Argus bleus. Une énigme pour nous qui ne connaissons pas les mœurs des papillons.
Image de l’itinéraire 6.4km A/R 437m dénivelée, 3h20 (2h20 dépl. seul) avec les caches et le pique-nique

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1gittaz : dans le dictionnaire étymologique des noms de lieux de la Savoie, A. Gros, J. Désormaux, La Fontaine de Siloë, 2005 se rattache au vieux français gîte, habitation temporaire pour l’été

Circuit des trois lacs au départ du Logis des Fées

IMG_5688.JPGEn direction du célèbre col de la Madeleine, c’est le dernier itinéraire de découverte (balisage jaune) avant de repartir chez nous. Nous en avons trouvé la description dans un petit dépliant de l’office du tourisme. Le départ se fait du refuge du Logis des Fées (à Celliers), un nom déjà enchanteur. Plusieurs voitures sont garées. Nous partons avec le gardien du refuge qui rejoint le premier lac.

Le col de la Madeleine à 1 993 mètres d’altitude se situe entre les vallées de la Tarentaise et de la Maurienne. Il a été franchi au total à 23 reprises par le Tour de France.

Un panneau à peine lisible nous signale le nom des ingénieurs français ayant participé aux travaux paravalanches de Celliers autour des années 1950 – un dispositif placé dans un couloir d’avalanches afin d’empêcher l’avalanche de faire des dégâts humains et matériels en aval.
IMG_5691.JPGAu loin, un tuyau semblant sortir des flancs de la montagne alimente en eau un réservoir. C’est là qu’autrefois la biolène (ou bié) – petite rigole creusée à flanc de coteau en pente régulière, alimentait en eau les bergers. Le lacté de l’Arpettaz1 à 1950m d’altitude, ne ressemble pas tout à fait à un lac de montagne avec ses linaigrettes. Pachenée photo extraite du livre les alpages...Je cherche les pachenés dans les prés surplombant le lac ; j’ai beau avoir sous les yeux la définition de ce mot patois – petites terrasses creusées à la pioche dans les pentes herbeuses facilitant la traite et la rumination des vaches – je ne les vois pas. Ce sont des creux de 2m2 de surface dont le fond est pratiquement horizontal. La vache est attachée à un piquet par une chaîne. Tous les deux ou trois jours, le préposé au déplacement des piquets et à l’épandage du fumier (le pachenier), doit réaliser plusieurs creux qui seront utilisés lorsqu’ils seront à nouveau gazonnés. Le troupeau n’est pas rentré à l’abri la nuit. La pachenée était essentielle pour la fumure des pâturages.
Les alpages et la vie d’une communauté montagnarde : Beaufort du Moyen Âge au XVIIIe siècle, Viallet, Hélène, Académie Salésienne (Annecy), Centre Alpin et rhodanien d’ethnologie (Grenoble), 1993

IMG_5697.JPGA partir de là, nous entrons dans un environnement véritablement montagnard, dans les alpages avec montées et descentes. Il fait frais. Un petit lac alimenté par la fonte des neiges, habituellement à sec en août, est encore bien en eau. Nous passons au sud-est du Grand Plan, poste d’observation des chamois dans la réserve de la Lauzière.

IMG_5700.JPGIMG_5701.JPGLe sentier sinue, s’éloigne pour finalement traverser un torrent où il se perd mais le lac du Branlay (2027m) étant maintenant repérable, il suffit de se laisser guider. Le vent froid nous pousse à rechercher un peu d’abri derrière les rochers. Dans l’eau pure, un ruban de couleur claire me laisse supposer qu’une source s’écoule dans l’eau.

IMG_5709.JPGNous repartons par un sentier plus accidenté. Une famille s’est arrêtée pour observer les marmottes qui s’enfuiront à notre arrivée. Nous traversons des lieches, zone humide donnant une impression de désolation en cette saison ; ces laiches, foin de marécage, ont donné leur nom à la Léchère où nous avons passé notre séjour.
Lieux en mémoire de l’alpe: toponymie des alpages en Savoie et Vallée d’Aoste, Hubert Bessat, Claudette Germi, Ellug, 1993

IMG_0432.jpgLes laiches : Ce sont des plantes herbacées, vivaces par un rhizome. […] Les fleurs sont unisexuées et dépourvues de périanthe, mais pourvue d’un écaille à leur base. L’inflorescence est formée d’un ou plusieurs épis (appelés épillets dans certaines flores) qui sont bisexués ou unisexués. Une des difficultés de ce genre est la différence d’allure qu’ont les plantes selon qu’elles sont jeunes, en fleur, ou âgées, en fruit. […] Extrait du site du centre régional de documentation pédagogique de Besançon

IMG_0428.jpgUn couple avec enfants s’est arrêté, nous montrant du doigt plusieurs marmottes. Comment les voir ? elles sont de la même couleur que les rochers. On les entend, elles se montrent sur les rochers, souvent par deux. Même avec une paire de jumelles, j’ai bien du mal à les apercevoir mais je les entends siffler.

IMG_0437.jpgNous arrivons en vue du refuge annoncé par de grands panneaux solaires. Beaucoup de monde attablé face aux montagnes. Une tarte et un café, une discussion avec deux autres randonneurs, termineront notre randonnée belle, facile, sauvage, dans le massif de la Lauzière.

Image de l’itinéraire 5km430 déplacement seul, 2h20, 318m dénivelée

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1arpettaz : variante de l’alpe, l’alpage