Tour des monts d’Aubrac J6 : d’Aubrac à Laguiole

6ème jour de notre randonnée liberté Tour des monts d’Aubrac. Nous quittons l’hôtel de la Domerie d’Aubrac avec la sœur de la propriétaire qui doit déposer nos bagages à Laguiole (prononcez Laïole) ; pour préserver la forme physique de mon compagnon de route, elle nous laisse au carrefour de la D15 et du GRP Tour des Monts d’Aubrac ; rapidement nous pénétrons dans la forêt domaniale d’Aubrac, vestige de la forêt primitive du moyen-âge avec ses hêtres et ses pins géants mais pas très fournis. Un panneau de l’ONF nous prie de ne pas entrer dans la zone de quiétude réservée aux animaux qui s’y reproduisent en septembre-octobre ; une douzaine de cerfs du parc du château de Chambord y ont été réintroduits vers 1958. Nous sommes au pied du roc del Cun. Puis c’est la traversée des pâturages.
A la croix du Triadou, nous aurions dû prendre la piste fermée à la circulation et peu entretenue mais nous avons pris le GR qui circule parallèlement à celle-ci. Traversée à gué de la boralde1 de Poujade, pile à la frontière entre les deux communes d’Aubrac et Laguiole. En longeant la clairière des Inguillens, au loin, un ancien buron isolé forme une petite bosse. Sans doute la fourme de Laguiole y était-elle fabriquée traditionnellement ; percé d’une seule ouverture, sur un terrain en pente près d’un point d’eau, il dispose d’une pièce pour vivre et d’une cave d’affinage.
On retrouve la piste de ski noire que l’on remonte à l’envers ; de beaux panneaux colorés aux couleurs des pistes de la station de ski de Laguiole nous remettent régulièrement sur le droit chemin.  Nous passons à gué le rau (ruisseau) de Menepeyre.

Nous contournons le puech par la droite pour atteindre la croix de Pal. Par une draille entre deux clôtures qu’il faut soigneusement refermer derrière soi, nous atteignons le lieu-dit Le Vayssaire et son élevage de vaches de race Aubrac. De draille en draille, de puech en puech, les mêmes paysages à l’infini nous amènent à Laguiole, capitale du célèbre couteau Laguiole, symbolisé par une abeille forgée.

Nous nous installons à l’hôtel Régis tôt dans l’après-midi : nous aurons le temps d’admirer dans les vitrines les couteaux avec une abeille forgée, la marque ciselée sur la lame ; parfois même, l’artisan fabrique entièrement les couteaux : il forge les pièces, ciselle au burin, grave, sculpte le manche, voire forge l’abeille dans la masse comme autrefois.
Itinéraire 15km000, 4h00 déplacement (5h15 au total), 340m dénivelée
Circuit complet prévu par Grand-Angle : 23km200, 6h déplacement

1Les boraldes désignent les longues croupes qui descendent des sommets de l’Aubrac vers la vallée du Lot. Les pentes dessinent des croupes au dos rond, séparées par des entailles en V profondes creusées par les rivières multiples qui alimentent le Lot. Par extension désigne les rivières qui descendent de ces crouupes. Extrait de ARGUMENTAIRE DU PROJET DE PERIMETRE D’ETUDE DU PARC NATUREL REGIONAL DE L’AUBRAC

Tour des monts d’Aubrac J4 : de Termes à Aumont-Aubrac

Je pars tôt sur la variante du GR de Pays Tour des Monts d’Aubrac qui relie Termes à Aumont-Aubrac ; mon compagnon de route doit me rejoindre en taxi à mi-chemin (avec M. Péret, chauffeur de taxi et acteur à l’occasion : voir J3 dans ce blog).

Le soleil n’est pas encore levé ; dans cet environnement silencieux et sombre, le brouillard a effacé les pâturages ; seules les vaches que je ne peux distinguer, meuglent de concert dans un cri sonore qui résonne longuement ; un autre troupeau leur répond. De quoi impressionner ; avec une douzaine de vocalisations différentes pour exprimer la souffrance, la faim, la tristesse, la peur, l’appel du ou de la mère, que signifie celle-ci ? Leur longue période de rumination et de repos s’est terminée à l’aube : une partie du troupeau s’est-il perdu et, affolé, a meuglé puissamment ? Etude éthologique des troupeaux de bovins charolais dans la réserve naturelle nationale du val d’Allier, Direction régionale de l’environnement, 2004.

Comme lors des étapes précédentes, je rencontre un mazuc1 et des croix de chemin : une croix à la sortie de Termes puis une seconde à un carrefour de pistes, la croix de Chébassade sur un piédestal à degrés.  Croix des morts, croix de rancs, croix de mission, croix des pèlerins, croix de cimetière, croix de justice, elles sont nombreuses dans la région : par exemple 7 à Nasbinals, 6 à Recoules d’Aubrac (selon J. Bauduin).

Le massif du Truc de l’Homme aménagé par six communes, est annoncé par un grand panneau à l’entrée du massif ; des trucs, il y en a partout, cela désigne  une montagne arrondie dans l’Aubrac ; même si elle n’est pas impressionnante, elle a fait l’objet de controverses entre une association écologique et le promoteur ALSTOM Ecotecnia qui veut y installer 7 éoliennes dans une première phase : permis de construire délivré le 4 avril 2005, contesté par l’Association pour la Promotion économique et le développement durable du Plateau de l’Aubrac et annulé ; en appel, le promoteur a gagné ; recours devant le Conseil d’Etat en décembre 2010 ; en juillet 2012, j’ai bien cru comprendre que les éoliennes seraient construites…

Au carrefour de la Croix de Chébassade, je continue vers le sud est à travers le bois de la Guerre jusqu’au hameau de Salèles. A la sortie du village, un pâturage en pente accueille un troupeau de vaches peu incommodées par la pluie qui commence à tomber.

Arrivée à Fau de Peyre où nous avons rendez-vous, je me sèche et me désaltère avec un café en attendant l’arrivée d’André que M. Péret doit déposer en taxi. Je commande nos deux sandwichs, nous buvons un café au bar-restaurant et en route ! Entourée du cimetière, l’église romane du XIIIè déjà citée en 1109, porte un magnifique clocher à peigne, typique de l’art roman dans la région ; un escalier de pierre permet de l’atteindre.

La RimeizeMoulin GraniboulesNous franchissons le ruisseau du Fau puis atteignons Vareilles ; après la descente vers la rafraîchissante Rimeize, nous la longeons rive gauche, en passant devant un gite, un des anciens moulins de Graniboules construit en 1902 et entièrement rénové en 1986 ; à l’entrée du hameau de Chambon, nous franchissons la Rimeize. Dans le hameau de Nozières, j’admire le mur de pierre sèche qui cache deux gites situés dans d’anciens bâtiments agricoles ; sur la route des Crozes, nous terminons la dernière partie sur route (1km500).

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Tour des monts d’Aubrac J2 : de Saint-Urcize à la Chaldette

Rando liberté J2 (2è jour, J1 : pas de randonnée) avec André, âgé de 34  (3 puissance 4 années), rencontré la première fois en Auvergne. C’est un sportif de longue date, de fort agréable compagnie qui a toujours une anecdote à raconter tellement il a vécu d’expériences dans tous les coins du monde. C’est l’agence de voyages Grand Angle qui propose les 6 parcours de ce tour des monts d’Aubrac ; elle s’est chargée des réservations hôtelières et du transfert des bagages. Nous n’avons que le sac à dos de la journée à transporter, un concept permettant de voyager librement avec moins de fatigue. Une carte IGN, une boussole, un GPS, une petite trousse à pharmacie, un couteau, de l’eau, un vêtement chaud complètent la panoplie du parfait randonneur. L’hôtel Remise simple mais confortable nous accueille pour la première nuit avec une cuisine régionale copieuse.

L’Aubrac couvre trois départements mais l’essentiel se trouve dans la Lozère. Je ne connais pas du tout cette région ; j’en attends du dépaysement, de la nature, et d’oublier la vie urbaine. Le téléphone ne capte aucun signal. J’ai donc toutes les chances de parvenir à passer de vraies vacances.

Départ de Saint-Urcize dans le Cantal et ses maisons de basalte presque toujours datées du xixè, pour la Chaldette dans la Lozère. Nous suivons le GR de Pays du tour des Monts d’Aubrac, passons devant l’église et son clocher-peigne assez typique de la région. Saint Urcize était au moyen âge une étape du pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle par la via Podiensis, reliant Le Puy en Velay à Saint-Jean Pied de Port. C’est sans doute une des raisons qui explique les nombreuses croix de pierre que nous trouverons en chemin.

Le parcours s’effectue d’abord sur la route. Au premier village de Recoules d’Aubrac, nous avons déjà vu quatre croix de pierre. Nous apercevons au loin l’église, autrefois propriété des Templiers. C’est le métier à ferrer (nom local ferradou) qui m’intrigue : espace aménagé servant à ferrer les boeufs, reconnaissable à ses quatre robustes piliers de granit. Après en avoir vu pratiquement un par village, avec leurs accessoires plus ou moins complets, j’ai presque réussi à deviner comment il fonctionnait. mais c’est le livre de Daniel BrugèsVivre la terre : Jean et Marie-Louise, paysans, De Borée, oct. 2006 qui saura le mieux témoigner de la vie à l’ancienne.

Avant la fenaison, les fers sont vérifiés ; lorsqu’ils marchent trop sur le goudron, les boeufs peuvent se mettre à boiter. On fixe donc une semelle métallique sous leurs onglons. « Un boeuf sans fers c’est comme un homme sans chaussures ».
Un joug se trouve à l’avant. Il bloque la tête de l’animal. Jean lui passe les sangles sous le ventre et, à l’aide d’un système de treuil, réussit à le soulever. Il lui plie la patte à ferrer et la dispose sur le support en forme de gouttière. L’ancien fer est retiré. Après un nettoyage de la sole pour ôter les gravillons et la vieille corne, Jean fixe le fer neuf avec les clous [clous spéciaux à tête carrée] plantés en biais.
Avec les tricoises, on coupe la partie qui dépasse du sabot et on recourbe le pinçon du fer sur l’extrémité de l’onglon.

A la sortie du village, nous empruntons un chemin qui traverse la Cabre à gué ; nous préférons marcher dans l’eau plutôt que de sauter sur les grosses pierres grossièrement juxtaposées. Nous retrouvons la route peu avant Recoulettes, petit hameau de quelques maisons qui a également son métier à ferrer ; nous atteignons le buron1 du Bès qui n’est plus un buron mais un restaurant renommé.

Office tourisme Nasbinals, Recoules d’Aubrac

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