La loutre et les canards du lac Mourre

Pour les besoins de la fiction, permettez que la loutre en reste le héros… car, selon Audrey et Anaïs, il s’agit d’un ragondin !

img_8574r.jpgimg_8567r.jpgUne loutre vivait tranquillement dans un petit étang de l’Hérault à Mauguio. Elle avait trouvé de la nourriture en suffisance et une catiche convenable sous les racines d’un arbre près du ponton de bois où elle se tenait bien cachée à l’affût de quelque proie. Elle était fière de faire partie du millier de loutres encore vivantes en France. Sans doute son lac était-il encore peu pollué. De nombreux mas avaient été construits autour du lac mais elle n’en était pas incommodée : mammifère protégé depuis 1981, elle s’était installée dans une réserve de pêche privée, qui ne recevait pratiquement pas de visite d’étrangers. Elle se sentait aussi bien dans l’eau que sur la terre ferme. Son plat préféré, c’était le poisson. Mais elle se régalait aussi d’insectes, de petits rongeurs, de batraciens, et parfois d’oiseaux aquatiques si c’était nécessaire. img_0195.jpgimg_0184.jpg
Une tribu de canards et de canetons vivaient également sur le lac. Peut-être était-ce des sarcelles d’été ? Qu’importe. Dès notre arrivée sur le ponton, ils s’approchent à grands cris, trufflant, cancanant, canquetant à tue-tête. Ils semblent vouloir nous attaquer bien que nous n’ayons aucune intention belliqueuse. Prudents, nous effrayons celui qui semble être dominant afin qu’il retienne sa tribu près de lui. img_0189.jpg
La loutre, souple, musclée, dotée d’un cou robuste et de quatre pattes palmées est une merveille d’adaptation pour le milieu aquatique : elle se déplace le long de la berge, retourne sous son abri puis revient, ses vibrisses l’ayant renseignée sur le frémissement de l’eau où nagent les jeunes canetons. Elle parcourt en apnée les quelques mètres qui la séparent de ses proies. Elle inspecte de ses yeux ronds et vifs tout ce qui se passe à la surface tout en gardant la quasi-totalité de son corps immergé. Les oiseaux crient de plus belle. img_8571r.jpgNous la surveillons. Arrivée à proximité des canetons, elle sort la tête de l’eau, semblant humer l’air, tourne la tête de droite à gauche, nous aperçoit, hésite… puis retourne à l’eau.
Ainsi notre présence a sauvé les frêles canetons.
Mais jusqu’à quand ?…

Bestiaire sans oubli, Maurice Genevoix
« Les têtes plates des loutres1, imperceptiblement émergeantes, avançaient comme des proues rapides, passaient si près parfois que la clarté de la lune pleine coulait soudain sur leur crâne mouillé comme un enduit phosphorescent. Elles jouaient, s’exaltaient de leurs jeux, laissant aller hors de leurs gorges, quand elles venaient à se frôler l’une l’autre, de petits cris irrépressibles, exultant. »

Les écologistes de l’Euzière ou leur nouveau site

img_0196.jpgLe lac de la Mourre selon l’IGN est appelé lac de la Maure par Google : une mauvaise transcription sans doute ; on ne peut douter de son nom qui est celui du bois et du mas du même nom. Tantôt classé lac, tantôt étang, ce plan d’eau est un espace naturel classé qui a été épargné par le projet d’autoroute A9. Mais pourquoi donc écrire Mourre2 au féminin ? cela désigne peut-être le ruisseau la Mourre dont le tracé peut se suivre en img_8578r.jpgsurface à partir du canal d’irrigation du Bas-Rhône Languedoc.
Le lac ne se voit pas depuis la route, il faut donc passer la barrière ; même si nous ne l’avons pas fait, il est possible selon Philovelo d’en faire le tour mais il conseille de ne pas s’y pointer avec une canne à pêche : vous êtes dans une zone de pêche réservée où les pêcheurs ont à coeur de protéger l’environnement contre la pollution et le braconnage, et donc de protéger les ressources de la pêche.

libellule_purpurineSaviez-vous que cet étang de la Mourre héberge une libellule d’origine afro-tropicale, encore rare dans le sud de la France : la libellule purpurine ? « Elle a colonisé la Corse dans les années 1980 et le Roussillon au début des années 1990. […] Tout le sud de la France est susceptible d’accueillir cette nouvelle arrivante. Le Trithemis affectionne les milieux artificiels : lacs de barrage, plans d’eau, gravières, déversoirs d’orages, etc. » Extrait du site de l’observatoire naturaliste des écosystèmes méditerranéens.

Cache Lovelake de Philovelo

Le site philovelo pour les amateurs de VTT du coin, avec téléchargement de traces GPS
Itinéraire du lac de la Mourre

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1loutre : selon Audrey et Anaïs (voir commentaires ci-dessous) ce n’est pas une loutre que nous avons vue, mais un ragondin

2le Mourre : en provençal, museau, sommet de forme ronde

Balade dans la Vaunage

D‘après wikipédia, la Vaunage est un espace constitué de plaines et de collines autour de Nages (connu pour son oppidum) entre Languedoc et Provence et entre Sommières et Nîmes. 9 communes, un peu plus de 15000 habitants : Caveirac, Clarensac, Langlade, Saint-Dionizy, Nages-et-Solorgues, Calvisson, Boissières, Saint-Côme-et-Maruéjols, Congénies autant de petits villages du Gard dont je ne connaissais pas le nom avant la chasse aux trésors La balade en Vaunage de Gontran77, dans le cadre du jeu de geocaching (si vous ne savez pas ce qu’est le geocaching, voir Chasse au trésor high tech au barrage Zola dans ce blog) L’origine de son nom vient de « Vallée de Nages » qui contient 6 oppida occupés entre le VIIIème avant J.C. et le 1er siècle après.
La randonnée Congénies-Calvisson (8,00km, 90m de dénivelée) part du centre du village de Congénies par le chemin d’Alès jusqu’au mazet puis la manade : elle est balisée de jaune ; entre bois clairsemés et champs, tout en petites montées et descentes cailouteuses, elle mène ensuite au Roc de Gachonne à Calvisson, sur lequel trônent fièrement 3 moulins à vent. J’ai trouvé que cette liaison entre les deux villages ne présentait pas de grand intérêt mais il fallait la parcourir pour découvrir les moulins et trouver les deux dernières caches de La balade en Vaunage ; le retour se fait fort agréablement en bord de falaise par l’allée Jules Remésy – qui n’est autre qu’un sentier dominant le village – jusqu’au quartier des Clapiers à Congénies.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie et le vent

img_3038.JPGimg_3045.JPGimg_3039.JPGimg_3048.JPG

Le mazet (petit mas en Provence, ferme ou maison de campagne) est une étrange maison dont le jardin est dédié aux animaux sculptés dans la pierre de garrigue, pas vraiment pierre de sculpteur. Le jardin accroche notre regard surpris dans les arbres, au sol, sur les murs, dans les escaliers. Les enfants s’y plairont. Le sculpteur Daniel Lebrun est mort en 2003 mais les visiteurs sont toujours nombreux dans le musée promenade qu’il souhaitait.

« Je ne sais jamais vraiment ce que je vais faire. Je porte la pierre quand je peux, je la place par terre et je passe devant, je la regarde, j’attends qu’elle me parle pour commencer, si elle ne dit rien, je la laisse et j’attends d’en faire quelque chose […] Tout en douceur, car cette pierre casse sans crier gare. Il faut travailler à l’oreille. Si elle sonne creux, attention. »

La manade est bien calme en cette période ; un taureau nous observe avec insistance depuis son enclos. L’arène est déjà prête pour la première course de l’année.

img_3051.JPGimg_3050.JPGConstruit en 1774, le moulin le plus ancien est le plus à l’ouest. Le second situé au point culminant, en forme d’obus, date de 1787 : il a servi de point de repère à Cassini pour cartographier la région du Bas-Languedoc en 1787.

Comment a-t-il fait à l’époque ?

La carte de Cassini Calvisson CongéniesChaque feuille rectangulaire couvre … 80 kilomètres sur 50 environ) à l’échelle du 1/86 400e. Aux quatre coins sont portées les distances (en toises) à la méridienne de Paris et à sa perpendiculaire, informations qui ont permis de mettre en correspondance les feuilles et la carte IGN actuelle. Fondée sur une triangulation générale, cette carte géométrique repose sur le positionnement de quelques 300 points par feuille… Ce procédé de levés oblige d’effectuer les visées à partir de points élevés du paysage, les clochers, les tours, les collines ([ndlr] d’où le choix du moulin sur le point le plus élevé du village de Calvisson) ; leurs coordonnées sont donc précisément calculées. Le tracé des routes et des rivières est en revanche dessiné, et le relief esquissé.

Le troisième moulin de 1845, aujourd’hui doté d’une table d’orientation, vous présente les 14 départements alentour, les monts Ventoux et Bouquet, et la Méditerranée en fin de course à l’horizon. Du quatrième , il ne reste que le socle.

Le site de Gérard, habitant Calvisson

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La source de la Marnade à Montclus dans le Gard Provençal

img_3239.jpgold-entry.JPGQui pourrait penser en voyant ce « trou », cette vasque d’eau, qu’un plongeur puisse y pénétrer avec tout attirail ? qui pourrait penser que cette rivière souterraine n’a toujours pas révélé tous ses secrets ? elle est toujours en cours d’exploration par des équipes internationales de plongée. En 1955, les premiers plongeurs découvrent le syphon 1 en passant par une entrée étroite dans le vieux mur (photo de droite du site Deep Cave Diving Explorations). 30 ans après, en 1985, ils arrivent au 3ème syphon à 70m de profondeur ; « c’est une équipe de Gardois motivés qui entreprend, en septembre 1994, d’ouvrir une vasque (photo de gauche) dans le cours aérien de la rivière. Suite à un considérable travail de désobstruction, qui soulage du transport du matériel dans la grotte, le cavité est accessible aisément et l’organisation d’expéditions lourdes devient envisageable » (site plongéesout.com). En 2006, ils atteignent une profondeur de -141m, plus profond que le Ragas et ont parcouru plus de 1,400km de rivière souterraine.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

marnade-pont.jpgmarnade-inondation-automne-2002.jpgLa cavité porte le nom d’une ancienne bergerie et de son moulin. Origine du mot marnade : qui naît de l’auge à huile (marno : auge de moulin à huile, nado : né). Nous traversons un pont étroit sur la Cèze, sorte de gué sans protection qu’il vaut mieux emprunter sans avoir bu ! Ensuite, une route étroite, sinueuse et en mauvais état, longe la Céze sur plusieurs kilomètres, contournant totalement le village. On se demande où l’où va débarquer. En 2002, lors des indondations, l’accès par cette route était impraticable et la source débordait (photos extraites du site Deep Cave Diving Explorations). Nous nous garons à côté d’une barrière. A l’initiative du propriétaire, le chemin d’accès à la source de Marnade est fermé par une barrière, afin de protéger les cultures, une ancienne vigne colonisée par les acacias. Les plongeurs-spéléo locaux ont négocié avec lui afin qu’elle ne soit pas fermée à clé : ainsi les plongeurs, et les visiteurs, peuvent avancer leur véhicule au plus près de la résurgence. N’oubliez pas de refermer la barrière après votre passage et de respecter scrupuleusement les cultures. « Le talweg1 encaissé, bordé d’une murette en rive gauche, débute sous une barre rocheuse. Par un modeste orifice, un boyau conduit au ressaut dominant la vasque qui fut un passage redouté mais obligé jusqu’en 1994. » On s’y sent enfermé.

img_3241.JPGDes lianes enlaçant un arbre, me font penser à celles de la forêt guyanaise qui ont adopté un mode de croissance économique ; leur axe principal étant une structure légère, elles utilisent les arbres comme appui pour s’élever vers la lumière. …elles ont donc résolu le problème de quête de lumière en développant une caractéristique peu commune chez les plantes : la mobilité, verticalement mais surtout horizontalement dans le sous bois pour se positionner de façon stratégique dans la voûte forestière (voir photo ci-contre).

topo-geo-2003.JPGLes sources sont classées suivant les conditions hydrogéologiques qui déterminent leur situation, le type de nappe souterraine dont elles constituent un exutoire :

  • source artésienne ou jaillissante (issue d’une nappe captive) ;
  • source diaclasienne, source karstique dont l’eau ne provient pas d’une perte, mais de condensations et d’infiltrations cavernicoles ;
  • source vauclusienne (exutoire d’un conduit karstique ascendant subvertical) comme à Fontaine de Vaucluse ou au Ragas ;
  • résurgence, ou « source secondaire », retour en surface d’eau originaire, en tout ou partie, de pertes d’un ou plusieurs cours d’eau dans un aquifère karstique.

Je n’oublie que nous sommes venus pour le trou à Montclus, trésor placé par Buckfast. Il va falloir s’enfoncer dans les brouissailles et mon GPS n’aime pas ça. Heureusement, une photo indice m’aidera quelque peu.

chateau-montclus-1920.jpgDes fouilles archéologiques, à proximité de Montclus, datant de 1957 ont permis de mettre en évidence la présence de l’homme à Montclus depuis des temps immémoriaux. Le village médiéval existait avant le XIIIème siècle. Castrum Montecluso , telle est la forme latine contenue dans un document de 1275. Sa position sur une colline entourée de montagnes lui a valu son nom. En 1263 fut fondée à Montclus une abbaye au nom de Mons Serratus. Il reste les vestiges d’un ancien monastère bénédictin troglodytique (vaste salle creusée dans le roc) au lieu-dit «Les Baumes» qui servit plus tard de chapelle aux Templiers (XIIème et XIIIème siècles). En 1275 fut construit un château dont il reste le donjon carré d’une grande hauteur. (Extrait du site officiel de Montclus)

*Télécharger l’tinéraire de 5,600km aller vers la Marnade depuis le village.

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1Thalweg : ligne reliant les points les plus bas du lit d’un cours d’eau ou d’une vallée