De la tourbière de Gimel au Gnaorou

La tourbière de Gimel, à Saint-Régis-du-Coin, est aménagée sur caillebotis de manière à ce que les promeneurs aient les pieds au sec et sans doute aussi pour que les mousses et autres espèces végétales soient protégés. C’est une réserve biologique dirigée, où les interventions sylvicoles ou travaux spécifiques sont orientées uniquement dans un but de conservation des habitats et des espèces ayant motivé la création de la réserve. Selon Pilat patrimoines. C’est la seule commune de France dédiée à saint Régis qui, en 1866, sur la carte d’état-Major s’appelait encore le Coin.

Le lieu se nommait primitivement ‘le Coin’, c’était un simple hameau de la commune de Saint-Sauveur-en-Rue. Au XVIIIe siècle il reçut la visite de saint François Régis, ‘l’apôtre du Vivarais’ […]. Mais l’infatigable marcheur de Dieu y fut très mal reçu […]. Le remords finit par ronger les habitants du Coin, qui décidèrent en 1830 d’élever une église dédiée à  saint Régis. En 1858 le hameau fut érigé en commune, qui prit naturellement le nom de Saint-Régis-du-Coin. On a d’ailleurs coutume de dire : ‘dans le Pilat, on a mis saint Régis au coin et saint Sauveur à  la rue’. D’après l’encyclopédie de forez-info.com

Dans la tourbière, on récolte la tourbe : tous les jardiniers connaissent la tourbe qui sert de support au rempotage, bouturage, mélangée à du terreau et du sable. Au sein de ces environnements acides se caractérisant par la présence d’eau stagnante, une décomposition des débris végétaux se produit. Cette fossilisation de végétaux comme les sphaignes peut prendre de 1000 à 7000 ans en fonction des cas.

La tourbe blonde, la plus jeune, est peu décomposée (entre 3000 et 4000 ans) et présente une texture fibreuse, à sphaignes. […] Par contre, elle possède une importante capacité de rétention d’eau. Absorbant 40 fois leur poids sec,  elles sont utilisées pour les protections féminines…

Bien qu’à l’affût je n’ai pas repéré la fameuse drosera cachée dans les herbes ; la floraison pourtant a lieu de juin à septembre sur des tiges de 5 à 20 cm naissant verticalement du centre de la rosette ; elle colonise souvent en grand nombre les ‘coussins’ de sphaignes vivantes ou mortes lorsque l’exposition au soleil est abondante. Ses poils roses et collants  lui permettent d’attraper les insectes ; assez rare en France, elle se rencontre généralement de 600 à 2 000 m d’altitude, c’est une plante carnivore.

Les feuilles sont orbiculaires, pouvant atteindre 1 cm de large, avec un long pétiole étroit de 1 à 3 cm de long. Elles sont d’un vert olive se teintant de rouge en exposition ensoleillée. Le bord et la face supérieure sont couverts de poils glandulaires roussâtres à rouge vif, enduits d’un mucilage collant. Cette sécrétion sert à attirer et à capturer les petits insectes. selon wikipedia

La tourbière est parfois colonisée par quelques arbres ; le tapis de fleurs bleues ressemble à de la bruyère mais je suis si peu habituée à cet environnement que je ne sais identifier les plantes de cette tourbière. A part les tapis de sphaignes et le rossolis à feuilles rondes, poussent la gentiane des marais, la linaigrette à feuilles étroites, le doronic d’Autriche, le trèfle d’eau, la cirse des marais, la benoîte des ruisseaux. En automne les couleurs seront bien différentes, de quoi justifier une nouvelle visite en automne les couleurs seront bien différentes.

En route maintenant pour le point de vue de Panère ; après un court passage dans les bois, nous retrouvons le GR7  que nous abandonnons pour une piste forestière bien droite ; nous montons de façon régulière dans une zone de landes à genêts. Sur le côté à intervalles réguliers, je repère des miradors, postes de tir surélevés situés à l’orée du bois, peut-être pour viser l’animal quand il en sort. Que chasse-t-on ici ?

Au sommet, une belle et grande table d’orientation, avec la précision géographique d’une photo prise en février 2014 (réalisation Yves Malochet, dessin Marion Lacroix), nous présente le vaste paysage au lieu-dit Panère à 1301 m d’altitude ; toute la chaîne des Alpes, le Mont-Blanc par temps pur, les Bauges où j’ai passé des vacances en mai, on voit même les éoliennes près de Valence à 60 km à vol d’oiseau.

Mais c’est plutôt devant le bois que mon regarde se pose ; je pense tout de suite à un site mégalithique – gnaorou en patois local, signifiant ‘dans les nuages’ et ne figurant sur aucune carte – avec ces deux pierres dressées dont une, cassée et reconstituée et l’autre redressée par une association en 2012. Je n’ai trouvé aucun document d’archéologie officielle qui l’évoque ; l’inventaire des mégalithes du monde ne le cite pas non plus.
Ce qui ressemble à un fossé qui mènerait au pied de la pierre plantée reconstituée, n’est en vérité que la trace d’un ancien chemin du XIXe. En vue aérienne, je vois deux alignements de pierres parallèles. Les monolithes sont hauts et lourds, les transporter jusqu’ici ne peut être un hasard.

Le choix de la localisation d’un mégalithe apparaît donc comme un acte prémédité, déterminé par une intention délibérée et non par le contexte géologique. On peut parler, là encore, d’une véritable stratégie d’implantation. […] Ces critères topographiques peuvent se résumer à deux paramètres, souvent couplés : recherche des situations dominantes [ici le sommet 1301 m d’altitude) ; recherche des limites naturelles dans le paysage [ici limite bois, landes]. Apports de l’étude de la localisation des monuments mégalithiques à la compréhension du phénomène mégalithique : Exemples des environs de Saint-Flour (Cantal) et de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), Frédéric Surmely, Alain de Goër de Herve, René Murat, René Liabeuf, Bulletin de la Société préhistorique française, 1996, 93-3 pp. 434-441.

Les plus grands spécialistes des mégalithes affirment que leur implantation répond à des figures géométriques et dépend des angles de lever et de coucher de soleil aux solstices. Etude Statistique du Plan d’implantation des mégalithiques du Massif du Sancy, Quentin LEPLAT, déc. 2016, Messagedelanuitdestemps.org

Retour par le même chemin jusqu’au parking de la tourbière. Vous trouverez sur internet une randonnée qui passe par un autre site mégalithique, la Pierre des trois Evêques. Demain sera une longue journée de découvertes de l’aqueduc du Gier…

Image de l’itinéraire 4km300, 102m (+153, -153) 2h



La chapelle de Ligny

Randonnée tranquille et courte non loin de la maison que nous avons louée. Après la montagne, les lacs, c’est la campagne, donc c’est une randonnée encore différente des autres. Nous stationnons dans le hameau de Ligny, commune de Massingy. Nous alternerons entre petites routes peu fréquentées et sentiers à travers champs.

Route du Mollard1 puis premier arrêt à la table d’orientation. Bien que l’altitude soit faible (552 m), on reconnait la Tournette dépassant à peine du premier plan et la montagne de Veyrier sur la rive est du lac d’Annecy ; on pourrait presque voir la pointe du Mont-Blanc si le temps était clair et lumineux. A nos pieds, le village de Massingy que l’on repère par le clocher de son église.

La chapelle Notre Dame de Délivrance, à Ligny, la curiosité du circuit, est si petite qu’on a bien du mal à la prendre pour une chapelle. L’intérieur est crépi de blanc ; modeste autel en bois mais intérieur fleuri : elle est manifestement entretenue.
Son histoire religieuse remonterait au VIIe siècle. Elle a été bénie plusieurs fois au XIXe ; elle accueillait les pèlerins venant de Rumilly qui se rendaient à Cessens (73) à Notre Dame de la Salette.

Au premier carrefour, malgré les doutes de certaines, je propose de continuer tout droit et faire à l’envers le circuit. La route se mue en sentier à travers champs ; les fleurs de printemps sont un ravissement : grands iris bleus, salsifis sauvages, globulaires, oeillets du poète,…

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Le tour du Roc de Chère, entre Menthon Saint-Bernard et Talloires

Le roc de Chère est un site écologique majeur, une petite avancée rocheuse au bord du lac sur la rive est, située sur le territoire de la commune de Talloires. C’est un espace protégé, depuis 1977 d’une superficie de 200 ha. Site randos en Savoie. Cette boucle nous ayant été conseillée par une amie de Majo, nous n’avons pas hésité à changer le programme prévu. Menthon Saint-Bernard, 2000 habitants, se trouve en Haute-Savoie, à quelques kilomètres d’Annecy sur la rive est du lac.

La topographie très variée du Roc, qui forme un ensemble de microreliefs et donc de microclimats, permet de définir cinq grands ensembles naturels : les abruptes pentes calcaires, les crêtes gréseuses, la dépression centrale, le vallon marécageux et le plateau central. Selon le site lac Annecy tourisme et Congrès

J’ai prévu le parking proposé par la carte IGN mais en empruntant la route du port, on tombe sur un autre grand parking sur terre battue à gauche. C’est le départ du sentier de randonnée.
Temps ensoleillé, comme ce matin au Semnoz face au Mont-Blanc, net comme s’il était tout près de nous.
Nous partons en direction du port et retrouvons les panneaux directionnels pour le Roc de Chère.
Depuis le port, niché au cœur d’un parc immense, le Palace de Menthon nous séduit par son cachet typique des grands hôtels et palaces du début du XXe siècle et sa situation au calme. Nous passons devant l’hôtel ***** perché en hauteur, qui se vante d’offrir une belle vue unique sur le lac d’Annecy : nous espérons profiter également d’un belvédère lors de notre randonnée.

Petit chemin à droite qui passe au square des bains parce que des substructions de thermes romains qui ne se visitent pas (aqueduc, piscine, cabinets, vaporarium, promenoirs,…) et d’une villae ont été retrouvées près du lac, au lieu-dit Les Bains où il y eut également un établissement thermal.
En 1786, des travaux agricoles ont mis à découvert, près des bains romains, un vase de terre rempli de monnaies romaines en argent. […]
Sur le banc public, nous ferons quelques selfies à quatre ; tantôt l’une est absente de la photo, tantôt l’autre est coupée, la troisième est hirsute et la quatrième ne sourit pas assez ; néanmoins, nous nous sommes bien amusées.

[Les thermes romains à La Muraz] Ensemble d’une trentaine de salles, couvrant 900 m² environ, sans compter les amorces de constructions au nord et à l’ouest. Deux groupes de pièces séparés : groupe méridional alimenté par divers conduits aujourd’hui disparus ; groupe septentrional comportant des salles à absides aplaties correspondant sans doute au caldarium. A l’ouest, amorce d’une piscine circulaire tronquée. Le captage antique de l’eau se situe au lieu-dit Le Var. Il s’agit d’une chambre polygonale plaquée de marbre. L’activité des thermes s’étend du 1er au 4e siècle. Selon le site Monumentum

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