L’escalassoun du Cougourlier

Un nom qui sonne bon la Provence et la Camargue mais qu’est-ce donc qu’un escalassoun ?

EscalassonL’escalasson est une échelle de bois située près de l’habitation du gardian. En montant au sommet, celui-ci pouvait mieux apercevoir, et donc surveiller, son troupeau laissé en semi-liberté. Mais la particularité c’est que cette échelle n’a qu’un montant vertical, la base est enfoncée et fixée dans le sol. (extrait du * Vade mecum du voyageur en Camargue). gardian sur l'escalassoun (G. Amat)Cette image a donné une idée à Gérard Amat : créer un santon représentant un  gardian sur son escalassoun (hauteur 20 cm – santon de 7 cm). Vous n’en verrez pas beaucoup des santons de ce genre !

L’escalassoun du CougourlierPanneau d’information de l’escalassounCelui du Cougourlier, le long du canal, est déjà plus sophistiqué : véritable plate-forme aménagée (photo de Serge Robert, geocacheur) avec tables d’orientation et panneau explicatif, il m’a permis d’observer à la jumelle les gardians qui s’entrainaient à isoler un taureau pour le sortir de son enclos, le tout ponctué d’exclamations stimulantes et brèves. C’est ce qu’ils auront à faire lors de la prochaine course à la cocarde.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie et le vent

Paysage de Petite CamargueJe longe le canal du Rhône à Sète sur quelques centaines de mètres ; il permet de joindre Toulouse à Lyon ; ouvert à la navigation en 1778, il a été financé jusqu’à la révolution par la taxe sur le sel. Le fort Peccaïs près d’Aigues-Mortes était chargé de surveiller le transport du sel (voir * Le fort Peccaïs, une piste au bout du monde  dans ce blog). 

Roseaux de CamargueLe roseau commun ou sagne (ne pas confondre avec la canne, autre roseau) désigne une graminée lacustre dont la longue feuille tranchante peut blesser ; il est encore utilisé pour faire des toits de chaume, chaume exporté en Angleterre ou aux Pays-Bas ; certains bâtiments en sont pourvus aux * marais du Vigueirat. Mais ils ne sont plus qu’une poignée à le couper à la main (photo du site Camargue, un delta et des hommes). 
Feuillages

Petit pont sur une roubineEnsuite, nous avons fait notre partie de geocaching1 (si vous ne savez pas ce qu’est le geocaching, voir * Chasse au trésor au barrage Zola dans ce blog) qui n’était qu’un prétexte à cette découverte par le jeu.

Pour être apprécié, ce sentier de découverte pédestre doit être parcouru avec patience, sens de l’observation et… une paire de jumelles. Et si les enfants trouvent que c’est trop long, je vous suggère de les emmener à l’escalassoun uniquement d’où ils pourront observer les chevaux et les taureaux des manades tout proches, et sans doute quelques oiseaux.
* itinéraire autour du marais de Cougourlier, sa description complète (6km, 2h30, balisage jaune, dénivelé faible) ; commentaires et photos du site randonnee.biz 

Le Gard à pied – Autour du marais du Cougourlier – , Coll. Topo-guide, FFRP (actuellement indisponible)

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1Merci f5pvj pour cet escalassoun du Cougourlier qui nous plonge dans la Camargue authentique, « un concentré de la petite Camargue » comme il l’exprime lui-même

*** Le site de Gicon à Chusclan

img_2536.JPGUn petit village Chusclan, une petite route interminable et en mauvais état, une seule voiture de chasseur sur le parking. Le cadre est planté. Je me gare près de l’abri de la ferme de Gicon et cherche le chemin qui me mènera au chateau.
*Télécharger la boucle de ma visite du site de Gicon

Rien ne laissait présager la grandeur et la beauté du site que j’allais découvrir et qui pourtant avait été abandonné par leurs propriétaires successifs pendant 300 ans avant d’être racheté par la cave des vignerons de Chusclan.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

img_2531.JPGLe sentier est bien balisé. 350m après le parking, au pied du château, la chapelle dédiée à Ste-Madeleine, qui a été plusieurs fois restaurée au cours des temps, apparait au milieu d’un enclos qui la met en valeur ; la légende chusclanaise la classe à l’époque de Charlemagne (c’est ce qu’indique le panneau d’ailleurs) mais les traces retrouvées ne remontent qu’à l’époque romane ; de plus, les Chartreux de Valbonne étaient prieurs de cette chapelle : or, la Chartreuse n’a été fondée qu’en 1203 par Guillaume de Vénéjan. Elle est toujours le lieu d’un pèlerinage qui se déroule le 3ème dimanche de Juin. Après la messe en provençal, les pèlerins se retrouvent autour d’un repas, dans une ambiance chaleureuse et conviviale.  img_2539.JPG
Après la traversée d’un sous-bois sombre, je débouche à l’entrée du château en longeant un long mur. La restauration de cette forteresse de Gicon est exemplaire ; des panneaux ont été mis en place à la demande de la Cave Coopérative, propriétaire du site, afin de guider au mieux les visiteurs.  img_2540.JPGJ’apprends dès l’entrée qu’il a été construit sur l’emplacement d’un oppidum celte.

L'entrée avec indication de l'emplacement de l'oppidum celteLa porte d’entrée est à l’Est ; la calade intérieure d’époque romaine a été retrouvée intacte sous les décombres.  Autre preuve de la présence des romains : les blocs de pierre du coin nord-ouest troués pour introduire 3 pièces de fer permettant de les soulever pour les mettre en place, méthode utilisée dans les grands monuments romains.

Au Moyen-Age, une garnison de 300 hommes s’installe sur place. L’ensemble logement et citernes leur permettaient probablement de faire des provisions pour une année.

img_2555.JPGJe croise un groupe de visiteurs accompagné d’un membre de l’association des amis de Gicon ; ils terminent la visite. L’un d’eux, canadien jovial, me glisse à l’oreille avec le fort accent de son pays : « c’est un vrai bonheur de découvrir cet endroit ! « .

*Photos des élèves de l’école publique d’Orsan

Au travers des arcades de la bergerie reconstruite sur des murs du 13ème siècle, la vue tronquée des bâtiments et les arbres qui ont repoussé donnent une vision irréelle des lieux. La construction du donjon se situe entre 1200 et 1260, d’après les fondations retrouvées. En 1631, Henri de Montmorency et le seigneur de Gicon s’opposent au roi qui ordonne le démantélement du donjon de Gicon qui est miné.
Le plan situé dans la maison forte indique l’accès à la grotte vouée au culte druidique du soleil. Elle est accessible par un petit escalier sous le poste de garde ouest non loin du donjon, mais je ne l’ai pas trouvée le jour de ma visite. La légende rapporte que la cavité creusée était destinée à recevoir la faucille d’or des druides.

Pour déjeûner, je m’installe sur la terrasse panoramique près du logis seigneurial. C’est une maison forte construite au début du 14ème siècle sur l’ordre de Philippe le Bel servant également de cour de justice. Entourée de ces tours de garde, ces grands bâtiments étagés en gradins, ces murs de pierre bien alignés, je ressens l’importance qu’ont eu ces lieux stratégiques à la croisée de plusieurs provinces et de deux vallées, celle de la Céze et du Rhône.
Selon le plan MONTLEAU – A : salle barlongue1 : niveau 1 couvert en berceau ; latrine ; escalier droit dans un mur, desservant le niveau 2, arasé ; B : tour de plan presque carré ; C : haute tour maîtresse, dont ne subsiste qu’un pan de mur avec arrachements d’une voûte en berceau ; E : bâtiment complexe, à plusieurs pièces ; hotte de cheminée conique contre le mur extérieur
*Récupérer le plan du site de Gicon (visible à l’intérieur de la maison forte)

img_2561.JPGimg_2560.JPGUne table d’orientation très colorée complète avec bonheur ce site plein de surprises. Au pied des falaises du château se déploie le vignoble expérimental de Chusclan. Les gradins viticoles épousant les courbes de niveau assurent une meilleure protection contre l’érosion. La cave de Chusclan a inscrit dans le cahier des charges de ses meilleures sélections une clause inattendue pour une coopérative : l’obligation pour le vigneron de participer à la vinification des raisins issus de ses parcelles. Les 12 ha de vignoble qui se trouvent en contre-bas du château font l’objet d’une vinification séparée pour donner la cuvée Château de Gicon en Côtes du Rhône rouge.

J’ai passé tant de temps à visiter le château que j’en ai presque oublié ma partie de chasse au trésor. Je n’ai pas eu trop de mal à trouver la cache Lou Castel de Buckfast. Pour changer de trajet, j’ai fait une boucle qui m’a amenée sur l’autre versant de la colline. Sur le parking, les chasseurs se plaignent de la chaleur qui a incommodé leurs chiens mais évoquent aussi des coins secrets de nature qu’eux seuls connaissent : je dresse l’oreille pour capter leurs propos mais en l’absence de la carte IGN du coin, je n’ai pas su les repérer, hélas !

Ce lieu vaut le détour, je vous l’assure !

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1barlongue : en architecture, bâtiment dont le côté le plus long se trouve de face.

Le château de Gicon, Archéologie du Midi médiéval, MAIGRET C.

Histoire du chateau de Gicon et de Chusclan, Assocation amis de Gicon & Chusclan, 1991