L’aqueduc de Castries

amelin-1.jpgAu coeur de la garrigue1 s’élève, au détour d’un sentier ombragé par la pinède, l’aqueduc de Castries : oliviers et senteurs de thym vous accompagnent. Au détour d’une ruelle, nous avions déjà aperçu des pans de l’aqueduc qui traverse le village avant de s’enfoncer dans la forêt. A plusieurs endroits, des maisons se sont blotties sous une arche. img_8603r.jpgJ.M. Amelin, artiste et grand observateur des moeurs du XIXème dans son Guide du ?voyageur dans le département de l’Hérault, avait croqué ces particularités dans son album sur Castries, par exemple la Cour de l’auberge de Mme Renouard, adossée à l’aqueduc, 1822 extrait de la base documentaire régionale Montpellier.

img_8552r.jpgimg_8553r.jpgNous partons du domaine de Fondespierre, un ancien mas de l’époque gallo-romaine, et nous suivons une large piste forestière. Au point signalé par Mire-Mich, nous avons une première vision de l’aqueduc, par en dessous. De grandes arches, des piliers en bon état ; en haut du canal, curieusement, quelques touffes de végétation ont repris vie dans les creux des pierres.

img_8560r.jpgimg_8557r.jpgPuis nous grimpons lentement jusqu’au niveau du canal. Dans une allée transversale, de simples dalles de pierre sont posées à plat sur des piédroits latéraux. On dirait des sarcophages. A cet endroit, l’aqueduc est enterré au ras du sol. Nous le suivons sur plusieurs centaines de mètres. img_8563r.jpgUne construction, à la limite entre la partie souterraine et la partie aérienne du pont-canal, me laisse supposer qu’il y a eu un regard ou, selon Mire-Mich, « un bassin de décantation qui servait à piéger les particules les plus lourdes en suspension dans l’eau ». Nous continuons la marche dans le canal étroit jusqu’à dominer le vallon. Si nous avions poursuivi, nous nous serions retrouvés sur les grands arceaux, à 15m au-dessus du sol. Mais la prudence a prévalu…

L’aqueduc transporte les eaux de la source de Fontgrand2 jusqu’aux jardins du château, sur presque 7 km (6,822km) et une pente douce de 3m seulement. Le gouverneur de Montpellier, le marquis de Castries, « favorise la construction d’ouvrages d’art, de jardins, d’aqueducs, préoccupation importante du roi à cette période. Il soutient Pierre Paul Riquet dans le projet du canal de l’Entre?deux?Mers [ndlr : le canal du midi] et lui fait construire un aqueduc de sept kilomètres pour les bassins du château de Castries conçus par Le Nôtre ». Pascale Mormiche, Les fidélités languedociennes et provençales du cardinal de Fleury à la Cour, Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, Les Méridionaux à Versailles.
La conduite portée sur les arceaux est l’ouvrage de deux maçons locaux : Antoine, maitre maçon et architecte qui a construit sa propre maison encore visible à Montpellier, et Jean Arman ; ils ont été conseillés par un spécialiste de l’hydraulique. Sa construction durera 2 ans.

img_8602r.jpgimg_8599r.jpgSurnommé le Versailles du Languedoc, le château de Castries a été édifié au XVIème siècle sur les bases d’un ancien château gothique. Ses jardins à la française ont été dessinés par Le Nôtre, le célèbre jardinier de Louis XIV. À la renaissance, le château connut une période faste quand y séjournaient notamment le roi et la marquise de Sévigné, qui, dans sa lettre n° 243 à Montpellier, le samedi 1er ou 8 octobre 1672 écrit : «Je trouve les femmes d’ici jolies : elles sont vives, elles ont de l’esprit, elles parlent françois.» En effet, on parle français à Montpellier ! la capitale provinciale était redevenue, après la fin des luttes religieuses et le siège de 1622, définitivement rattachée au pouvoir royal par ses représentants.

image de l’itinéraire 3.900km A/R 1h15 env (en brun l’itinéraire VTT du site GPX-view)
Trace d’un parcours en VTT de 10km du site GPX-view.com
Autres parcours en VTT autour de Castries
L’office du tourisme vient de sortir (juillet 2008) une nouvelle fiche de randonnée sur l’aqueduc (11km, 3h) : la demander sur place.

Merci Mire-Mich pour la cache de l’aqueduc de Castries, agréable intermède sur mon lieu de vacances.

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1La garrigue désigne une terre inculte constituée principalement d’arbrisseaux très résistants à la sécheresse. Ce mot tire son nom du garric, chêne Kermès en occitan
2de font = source, fontaine et l’adjectif grand : grande source

Minerve, classé plus beau village de France

img_7757r.JPGimg_7795r.JPGMinerve, un des plus beaux villages de France, je suis prête à le croire. C’est le deuxième week-end consécutif que je passe dans cette région, tant elle m’a plu. Le dépaysement sans doute : la fraicheur du canal du midi, l’histoire, les paysages auxquels je ne suis pas habituée et qui donnent l’impression d’être au bout du monde, l’accueil. Dès que nous arrivons près du village, nous arrêtons la voiture, appareil photo en main. On regarde les gorges impressionnantes malgré un maigre filet d’eau, et le vieux village bâti sur l’un de ses flancs, profitant du rocher pour s’y adosser. Des remparts et la porte basse la protègent encore. La candela, seul vestige octogonal du château du XIIIème siècle, semble fièrement se dresser au-dessus de toutes les maisons. Comment cette forteresse imprenable a-t-elle pu succomber aux mains de Simon de Montfort en 1210 ?
Histoire de Minerve, Les Cahiers de Minerve n. 01, Préface de Pierre Bauduffe, Inspecteur de l’Education Nationale de Béziers III, 1998
En parcourant le village et ses ruelles étroites, nous découvrons une première cave : le sommelier à l’accent roulant du sud-ouest, prépare une « verticale » pour 18h (le même vin vieilli sur 10 ans et dégusté en partant du plus jeune au plus vieux) ; il nous parle avec passion de son vin. Il nous invite à une première dégustation. Première parce qu’il y en aura d’autres : boire peu mais bon, telle est ma devise.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

Un pont viaduc très long traverse la rivière asséchée de la Cesse, et sous celui-ci quelques jardins où vagabondent librement un coq et sa basse-cour. De là, le premier pont naturel se dévoile : le pont Grand 228m et le pont Petit 126m creusés par l’érosion de deux rivieres réunies : la Cesse et le Brian, depuis le début du quaternaire. En ce jour de mai, il est possible de passer dessous presque en totalité. A certaines périodes de crue, c’est impossible. Petite sensation d’oppression sous le tunnel sombre quand je pense qu’au-dessus de nos têtes passent des centaines de voitures. Certes la voûte mesure plus de 25m de hauteur… Nous entendons le clapotis de l’eau sans comprendre d’où il peut venir. Le lieu de convergence de ces rivières est étrangement calme.

img_7770r.JPGimg_7776r.JPGimg_7772r.JPGimg_7783r.JPGimg_7785r.JPG

Schéma géologique (coupe) de Minerve
Histoire de Minerve blog cessenon
Histoire de Minerve par l’office du tourisme

img_7763r.JPG« Le monument als catars 1210 a été taillé dans la pierre de Minerve par J.L. Séverac en 1981. Il est dédié à la mémoire des cathares. 140 à 180 moururent dans les flammes du bûcher [ndlr : où ils s’y jettèrent, parait-il]. Le monument est un bloc de pierre du causse finement taillée par le sculpteur dans sa partie haute où la colombe cathare (en bas sur la photo à contre-jour) apparaît dans toute sa splendeur. »

Les Cathares (nom d’origine grecque signifiant «pureté») contestent à l’Église catholique Romaine d’être la seule à détenir la Vérité religieuse, et veulent une église plus «pure» tout en restant chrétiens. Cette doctrine va se répandre grâce aux Parfaits, hommes ou femmes ayant reçu le «consolamentum».  Ils parcourent le pays, mènent une vie chaste et austère, pour porter le message cathare. Les seigneurs les accueillent dans leurs châteaux et leur offrent leur protection. Le mouvement … inquiète Rome et le Pape Innocent III ainsi que le roi de France, Philippe Auguste. Ce sera la croisade Albigeoise, sous la conduite de Simon de Montfort qui durant un demi-siècle va pourchasser dans tout le Laguedoc «l’hérésie» Cathare.  » Extrait d’un site canadien

Le Hérault des terres cathares

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Barjac, les dolmens des Oeillantes

img_6872r.JPGVous avouerai-je mon ignorance ? je ne savais pas que le Gard était riche en mégalithes :  il compterait, selon Bruno Marc, 300 dolmens et autant de menhirs. Sur le plateau calcaire où Buckfast nous enmène, on compte un groupe de 6 dolmens sur les Oeillantes, un groupe de 5 dans la Dévèze et 3 ruinés à la Serre de Fabre. Le premier, ci-contre, serait le plus gros du bois communal, le poids de sa table avoisinerait les 5 tonnes.

Dolmen des Oeillantes par le site Mégalithes du monde

img_6900r.JPGLe parcours choisi, bien balisé, est repéré sur l’un de ses départs possibles, par un menhir moderne. Il passe par 3 dolmens qui sont classés monuments historiques depuis 1992, les autres sont bien cachés dans les bois de chênes. J’ai téléchargé sur mon GPS la route au format .gpx (merci Buckfast) qui permettra de ne pas perdre de temps à chercher le bon chemin à chaque intersection. Prudente quand même, j’ai emmené la carte IGN qui nous servira bien pour le retour. img_6884r.JPGimg_6882r.JPG Quelques kilomètres sur une piste forestière caillouteuse sans difficulté. Nous nous arrêtons face à un grand arbre pour lequel je me pose la question du nom : des aiguilles en étoile, des gros fruits dressés ovoïdes, des écailles larges. Un cèdre de l’Atlas ? Souvent, je m’interroge sur l’environnement : géologie, biologie, fleurs, animaux, patrimoine régional. Existerait-t-il dans le sud-est une association organisant des randonnées le week-end menées de main de maître par un guide nature ou un polyvalent de l’environnement ? Si vous avez trouvé cette perle rare, je vous remercie de me le faire savoir.

img_6886r.JPGDe chaque côté de l’étroit sentier de la colline de la Serre de Fabre, c’est une forêt sauvage. Au loin la montagne enneigée des Cévennes nous rappelle que c’est l’hiver malgré le soleil qui tente de nous réchauffer.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie et le vent

img_6878r.JPGUn dolmen est une sépulture mégalithique préhistorique constituée d’une ou plusieurs grosses dalles (tables) posées sur des pierres verticales qui lui servent de pieds (les orthostates). Le tout étant originellement recouvert, maintenu et protégé par un tumulus. Il s’agissait de sépultures individuelles ou collectives pouvant contenir jusqu’à plusieurs centaines d’individus.

  • Il y a 35 000 ans environ, l’homme « moderne » arrive (Cro-Magnon). Il s’installe définitivement sur cette terre, dessine peintures et gravures.  Il marque le paysage par la construction de monuments mégalithiques, […] et aménagent des grottes naturelles.
  • Néolithique, nouvel âge de pierre ou pierre polie : entre -6.000 et – 3000 ans. La domestication des animaux et la culture des céréales changent la vie quotidienne des hommes. Ils se fixent sur ‘leur’ territoire pour surveiller ‘leurs’ biens.
    Les innovations techniques se multiplient : poterie, filage, tissage, polissage etc.
    La tombe devient collective et monumentale : le dolmen.

Extrait du site Préhistoire du Sud du Massif Central, Le pays des Cévennes, Causses, & Gorges du Tarn

Les dolmens de l’Ardèche

img_6892r.JPGNous rejoignons la grotte de la Forestière, fermée à la visite en cette période. On peut juste descendre quelques marches et imaginer grâce à l’entrée ce que peut être l’intérieur.

img_6896r.JPGimg_6893r.JPGQuelques centaines de mètres plus loin, nous tentons de marcher en équilibriste sur les pointes rocheuses  des lapiaz, formation géologique due au ruissellement de l’eau de pluie qui dissout la roche : prudence, il s’agit de ne pas tomber dans les rigoles et crevasses creusées par l’eau.

lapiaz

img_6902r.JPGEn suivant les panneaux vers la baume de Ronzé, je n’ai pas trouvé la grotte mais j’ai manifestement suivi la trace d’un gros sanglier. Au vu de la carte IGN, je crois bien que le panneau indiquait une fausse piste. Pendant ce temps, Ti’Mars… cherchait la cache qui lui résistera malgré ses deux tentatives.

Nous terminerons par une courte visite du village de Barjac : la poste est fermée le vendredi après-midi, la chambre d’hôtes n’a pas servi depuis novembre dernier, un seul restaurant d’ouvert dont nous profiterons entre amis. Le tourisme d’hiver n’a pas encore pris son essor et pourtant je trouve que c’est souvent une période favorable pour découvrir la nature en toute tranquillité, à pied ou à vélo. Itinéraire 2h20 déplacement, dénivelée 130m

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Merci Buckfast pour les 4 caches de Barjac le circuit des dolmens, préparées et cachées par un pro du geocaching.