La promenade de la Choisille

Bonne façon de capter l’ambiance d’une région qu’on ne connait pas : une petite randonnée au cours de laquelle on découvre aussi bien les paysages que les gens du pays. Celle-ci m’a été inspirée par ma fille lorsqu’elle nous a emmenés au départ de la promenade de la Choisille, rue Tartifume, à Saint-Cyr sur Loire près de Tours. L’ouverture du nouvel espace naturel sensible du val de Choisille (avec plan) a été inauguré le 2 juin 2013.

Il pleut légèrement mais cela ne me gêne pas (précipitations annuelles 2013 : Tours 390 mm ; Aix-en-Provence : 243 mm ; moyenne nationale : 468 mm). La balade commence sur une petite route longeant un champ bien vert. Sur le bord droit, un banc est une invitation au repos ; je croise quelques coureurs qui semblent étonnés que je leur dise bonjour. Ni les promeneurs, ni les randonneurs, ni les Vttistes ne se saluent quand ils se rencontrent, alors qu’en Provence c’est une pratique courante.
Dans un pré en contre-bas de la route, quelques chevaux paissent tranquillement ; la Choisille, affluent de la Loire, encore cachée derrière son rideau d’arbres, bruisse de ses flots abondants après plusieurs jours de pluie. Enfin un plan de la balade (ci-contre à gauche), taggué certes, mais c’est le seul que j’ai sous la main ; je n’ai trouvé un plan sur internet qu’après la balade. C’est uniquement avec la photo de celui-ci que je ferai la boucle ; je n’ai trouvé aucun balisage régulier, parfois quelques traces jaunes pas toujours bien visibles. Au carrefour suivant justement, rien n’indique qu’il faut continuer tout droit.

Aux abords de la rue de la Croix Chidaine (que de croix dans ce coin ! Croix de Pierre, Croix Chidaine, Croix Chaufour, le Crucifix) le bruit de l’eau qui court s’accroît ; c’est celle du bief du moulin à blé de Garot, un des nombreux moulins installés autrefois sur les bords de la Choisille. Il porte ce nom dès 1595. Plus près de nous, les anciens se souviennent qu’après son activité de meunerie, il accueillait des chevaux soignés par des générations de vétérinaires aux pratiques novatrices. Sur les chemins des moulins de la Choisille, la nouvelle république, 1er novembre 2013.

[…] A Saint-Cyr, c’est surtout le vignoble qui prend de l’expansion […] Au 14 et 15è siècle, les moulins de la Choisille approvisionnent Tours en farine, transportée par bateau du port de Saint-Cyr au port de Saint-Julien. La bourgeoisie s’enrichit, elle construit à l’écart de la ville « des maisons des champs », Saint-Cyr est son lieu de prédilection. Site officiel de J.-Y. Couteau, conseiller général et adjoint au maire de Saint-Cyr

Les moutons de la propriété en face plairont aux enfants qui vous accompagnent : ils accourent dès qu’on s’approche et même dès qu’on les regarde ! Coup d’œil au plan car il faut tourner à droite dans la rue de Charcenay. C’est là que je déduis que les piliers bordés de bandes inclinées rouges et blanches de chaque côté de la piste annoncent une voie pédestre. Le cadre du moulin de Charcenay a quelque chose de romantique : les propriétaires ont bordé la rivière de vasques de fleurs, tandis que l’eau coule sur deux côtés de la propriété bien cachée derrière les arbres. Un panneau incitatif invite à la visite du bélier hydraulique du moulin, vestige de l’industrie locale du XIXè.

Les deux moulins à blé de Charcenay sur la Choisille sont cités dans un acte dès 1430,  joignant du levant le cours d’eau et du couchant le chemin de fer de Tours au Mans. Selon le site de Denis Janson
Le bélier hydraulique de Charcenay permettait grâce à l’énergie d’une chute d’eau, d’élever une moindre quantité d’eau vers un point situé plus haut que la source, et ceci dans un mouvement perpétuel ; il alimentait en eau le Château de la Plaine, propriété d’un riche banquier tourangeau.

Continuer la lecture de « La promenade de la Choisille »

La chartreuse de Valbonne

En chemin vers l’Ardèche, je m’arrête dans le Gard pour une petite randonnée à la chartreuse de la Valbonne ; la route tortueuse s’enfonce dans les bois et découvre, à 6 kilomètres du village de Saint Paulet de Caisson, parmi les hautes frondaisons, les vastes bâtiments et les toits colorés de tuile vernissée ; à cause du vent et d’un peu de pluie, je me contente d’une rapide découverte de la forêt domaniale (1400 ha).

La météo à cet endroit
3 jours de prévision avec le vent

La Chartreuse est édifiée au centre d’une cuvette alluviale, bordée de toute part de collines boisées. Pour imaginer mieux ce qu’étaient autrefois nos forêts, il faut aller à la Sainte-Baume ou ici, à la Valbonne, car les moines les ont protégées de la déprédation. On y trouve des espèces d’arbres vivant à l’ombre et la fraîcheur  et pas seulement des espèces méditerranéennes : chênes pubescents, hêtres, houx. Elles n’ont pu s’implanter qu’à la faveur d’un climat plus frais qu’aujourd’hui d’où leur appellation quelquefois de forêt primitive.

P. George, Une étude de forêt méditerranéenne. La forêt de Valbonne (Gard), Les Études rhodaniennes, 1933, vol. 9, n° 2, pp. 141-143

Une étude de forêt méditerranéenne. La forêt de Valbonne

Bien balisé sur la gauche, le sentier longe un vaste enclos entouré d’un mur de pierre sèche puis se dirige dans le sous-bois presque immédiatement. La montée sera rude et continue. Des vignes aux ceps sombres bien alignés me rappellent que l’on prépare ici le vin de Valbonne, Côtes du Rhône et Côtes du Rhône Villages, que je n’ai pu déguster (boire ou conduire, il faut choisir). La relative fraîcheur dont bénéficie le vignoble de Valbonne lui confèrerait une finesse aromatique que n’ont pas les autres vins de la même appellation. Une cave du XIIIè sert toujours au vieillissement en fût.

Les chartreux ont planté de la vigne sur les coteaux qui dominent le monastère dès le XIIIè siècle. Abandonné après leur départ en 1901, le vignoble disparaît jusqu’en 1977.

Vers le sud, je rencontre finalement une route forestière plus large où s’amoncellent les coupes de bois enserrées dans un solide cordage. J’entends le bruit des tracteurs qui œuvrent au ramassage, dans une bonne odeur du bois fraîchement coupé.

Deux hêtres se sont collés l’un à l’autre, tout en continuant leur propre vie. Quand la route contourne vers le nord le Sarraier, le paysage change : quelques sols siliceux, quelques blocs calcaires égarés et ensuite, dans le fond du vallon, de très hauts arbres que l’on ne s’attendrait pas à voir ici.

Continuer la lecture de « La chartreuse de Valbonne »

Cascade de Gournier depuis Alissas

Petit passage à l’office du tourisme de Privas pour choisir une randonnée ; c’est le dernier jour de mon (troisième) séjour en Ardèche chez Ardelyne à Darbres ; comme je ne consacre qu’une journée à Privas et ses environs, l’achat à l’unité de la fiche n°6 est plutôt intéressante. Je me gare sur un grand parking près du premier panneau directionnel Greylas mais vous pourrez stationner sur le parking de la mairie. Le balisage sera jaune-blanc comme tous les PR de la région.

Je traverse un pont cassé dont le tablier s’est affaissé au centre ; les deux morceaux du parapet ne sont plus en face l’un de l’autre mais la commune ayant repris le mur en 2008 a jugé qu’il était suffisamment solide pour que l’on puisse le traverser. Sur la photo, derrière la pierre portant le balisage, vous pouvez voir le dos d’âne causé par cette cassure.

Je passe au dessus de l’ancienne voie de chemin de fer Le Pouzin-Privas ; que deviendra cette ligne de chemin de fer concédée à la société PLM, il y a 150 ans ? d’abord dédiée au transport de marchandises, en 1862 elle s’ouvre aux voyageurs par ajout d’un wagon aux wagons de marchandises, tout simplement ; elle fermera aux voyageurs en 1938, et aux marchandises entre 1989 et 1994 selon les portions de voie ; aujourd’hui, l’Ardèche est le seul département français sans aucune ligne de chemin de fer voyageur… déclassée, elle peut être utilisée autrement : le site de la commune annonce qu’elle sera utilisée pour un réseau fibre optique fournissant du (très) haut débit. L’entreprise TPAM enlèvera les traverses qui supportaient les rails avant de creuser les tranchées pour accueillir fuseaux et câbles du Pouzin à Privas.

Académie de Grenoble, documents pédagogiques pour une recherche sur la ligne Le Pouzin-Privas

Le chemin des chênes (et non la montée des chênes comme indiqué sur la fiche), puis la montée de la Grangette titubent entre les champs avec une féroce raideur ; Pendant presque 4km je monte, monte et monte encore sur la route fraîchement macadamisée et bordée de murs de soutènement en basalte ; là, un pré accueille un troupeau de curieux ovins qui tournent la tête tous dans le même sens : est-ce à cause du vent froid ? pratiquement aucune habitation avant la Grangette dont il faudra franchir le portail accédant au jardin de la propriété privée et au chemin rural qui monte entre les châtaigniers et les murets de pierre.

Que de travail a dû représenter la manipulation de ces grosses pierres du pays ! rien à voir avec ceux de la région PACA, plus petites et plus plates. Juste avant le panneau les Traverses (commune de Rochessauve), je referme soigneusement le portail. La montée est enfin terminée, le point culminant de la rando est presque atteint à 527m !

Les Traverses GC3VYDT par fredcarinelea

Agréable déambulation dans le bois de la colline Chante-Duc ; d’en haut, je reconnais le viaduc d’Alissas qui enjambe le torrent de Combier et les routes ; c’est le plus grand de la ligne Privas-Le Pouzin, avec ses 178 m et ses 12 arches.

Août 1944 : les troupes allemandes stationnées à Privas veulent partir. Un train est chargé de munitions, de matériel, d’objets divers. Le maquis, les 9-10 août, veulent faire sauter les deux arches les plus proches de Privas, mais aucune pile n’est touchée.

Continuer la lecture de « Cascade de Gournier depuis Alissas »