Le lac Lauvitel à partir de la Danchère

Image à la une : arc-en-ciel au-dessus des montagnes de la Danchère (photo Lilou)

C‘est dans la vallée du Vénéon que nous allons, c’est là qu’ont eu lieu les inondations destructrices en juin 2024 ; la circulation est interdite sur la D530 à tous les véhicules à moteur et aux vélos, hors habitants de la vallée, engins de chantier et services de l’État, mais une navette gratuite dessert le village de Vénosc et les accès aux différentes randonnées. Préfecture, communiqué de presse du 26 juin, Vidéo France Bleu La Bérarde

La météo ce jour à cet endroit :
Avec le vent et la température ressentie

La surprise fut totale pour Lilou qui fête ses 18 ans et a vu débarquer sa mère, sa grand-mère et sa tante pour l’occasion. Elle a déjà parcouru la montagne sous toutes ses facettes et nous emmène, après son boulot, au Lauvitel ; mais nous sommes parties bien tard ; la chaleur sera maximale à 13h40 (pour les curieux : 12h zénith + 2h décalage Greenwich -0h25 longitude du lieu + 0h05 équation du temps), soit 1 h après notre départ… Je comprends pourquoi les marcheurs préfèrent partir du lodge à 6h… Beaucoup de randonneurs sont partis depuis longtemps.

Attention parc national des Ecrins réglementé : pas de chien même tenu en laisse, pas de bivouac sauf dans la zone réservée. Les gardes veillent à l’entrée du sentier à la Danchère

 Facile, 1h30, selon l’évaluation de la difficulté de cette randonnée annoncée sur le panneau directionnel et sur plusieurs sites dont Isère rando. C’est une évaluation de sportif montagnard et ce n’est sûrement pas une balade familiale ! Nous en avons vu des enfants supplier leurs parents de les porter. Avec un aller tout en montée soutenue (+549m de dénivelée) sur une un pavage de pierres plus ou moins plates, quelques passages glissants, la canicule, mieux vaut compter 2h ; la norme DIN évalue l’aller à 2h20, et 2h45 de manière réaliste : c’est le temps que nous avons mis, nous plaçant ainsi dans la moyenne.

A l’entrée du sentier un oratoire récemment restauré : avait-il un rôle protecteur pour les bergers qui emmenaient leur troupeau dans les pâturages (les cabanes de berger figuraient encore sur la carte d’Etat-Major au nord du lac vers 1840) ?  Un seul accès possible en ce moment : Lauvitel par les Selles. Le sentier longe le ruisseau du Lauvitel, ruisseau : est-ce le bon mot ? Bruyant, fougueux, il offre quelques points de vue sur sa caractéristique torrentielle.

schéma extrait du site sur la CentralePrise d’eau EDF sur le torrent ; l’EDF s’est engagé à restituer 70l/s pour alimenter la retenue du Plan du Lac qui elle-même alimente une conduite forcée jusqu’à la centrale du pont Escoffier.  Il  y en a une autre sur le ruisseau de la Muzelle. La conduite est souterraine, c’est pour cela qu’on ne l’a pas vue. La centrale du pont Escoffier

Après la passerelle, une source captée offre son eau fraîche par un robinet : je ne me pose pas la question de sa potabilité ; pour moi, venant des montagnes non polluées par les humains, elle est sans risque, forcément. Le sentier pavé ombragé dans une végétation luxuriante est très apprécié.

C. s’est arrêtée ; elle a repéré des baies rouges dans le buisson : c’est l’heure de la dégustation de petites framboises sauvages au goût inimitable. Pour l’instant tout le monde suit. Un autre torrent se jette dans le premier : pourquoi ne pas se rafraichir les pieds dans l’eau sur sa terrasse de pierre ?

Parfois le sentier réserve quelques surprises : l’eau déborde sur les pierres ou il faut jouer à saute-mouton pour ne pas se mouiller les pieds mais ça reste facile. Les arrêts se multiplient en nombre et en temps ; Lilou n’arrête pas de nous dire : « On est presque arrivé ! ». Et ça finit par arriver.

De par sa profondeur (68 m), sa superficie (37,2ha) et son volume d’eau (6,8 millions m3), le Lauvitel est le lac de tous les records. Il est jouxté par la réserve intégrale du Lauvitel, interdite au public (1995).  Réserve intégrale
Avec un écart d’environ 20 mètres en moyenne, la variation du niveau du lac du Lauvitel est l’une de ses caractéristiques marquantes. « Il présente un marnage annuel exceptionnel pour un lac alpin variant ainsi en 2 mois de plusieurs centaines de milliers de mètres cube ».
Trois plongeurs ont installé des capteurs de pression et de température à une dizaine de mètres de profondeur, au fond du lac.

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De Verrières-le-Buisson au parc de Sceaux par la coulée verte

Un peu de nature dans la ville, voilà une sacrée prouesse en Ile-de-France ! Nous partons de Verrières-le-Buisson, puis par l’allée Saint-Fiacre, nous rejoignons le bois de la Noisette traversée par  la Promenade de Swanley. Que de beaux arbres le long de celle-ci !

Elle passe sous la route, sur le ruisseau des Godets et rejoint le GR655, de Compostelle. Nous longeons la ligne LGV Atlantique, tantôt en tunnel, tantôt aérienne ; on entend un bruit sourd à son passage.

Au croisement avenue du Bois de Verrières et Coulée verte, un obélisque de modeste hauteur, commémore la première bataille de la révolution américaine pour l’indépendance en 1775.

En 1999, Antony inaugurait la place de Lexington, sur la Coulée verte […]. La ville américaine a de son côté aménagé aujourd’hui sur ses terres « Antony Park », un parc de 4 hectares, inauguré le 27 mai 2013 en présence de la délégation française. Ville d’Antony

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** Deux sources qui parlent : l’énigme de la Font-Ria

Pour y accéder depuis Saint-Etienne, nous sommes passés d’abord à la République qui, selon le site Forez-info.com, pourrait bien n’être qu’une déformation de « l’arrêt public » des diligences sur cette route, remplacées aujourd’hui par les cars. Arrêtez-vous à la Croix du Trêves (de Trivium = carrefour), sur la route entre Saint-Genest-Malifaux et Planfoy, jonction de la D33 et la D501. Je ne vous y emmène pas pour la marche qui est très courte, mais pour la curieuse histoire de cette source.

Première étape de mon séjour dans le Pilat dans le Bois Farost. Le sentier n’est pas balisé, la source n’est pas repérée ; c’est donc Jean-Claude, qui habite Saint-Etienne, qui me guide jusque là, par un sentier forestier bordé de hauts sapins ; à 1019 m d’altitude, entre des rochers taillés qui la protègent, s’écoule la source Font-Ria fraîche et limpide, la source du Cotatay qui alimente le barrage. Sur les parois horizontales et verticales, des inscriptions sont encore visibles ; je ne sais pas trop dans quel sens les lire, je décode quelques mots, mais heureusement un érudit local s’est penché sur le sujet.

Font-Ria, site de la commune de Saint-Genest Malifaux

L’histoire de la source

1614 environ : ce serait la date des inscriptions ; ce n’est qu’au XXe siècle qu’une étude très approfondie des données de l’épigraphie, de la linguistique et de la chronologie a permis à l’abbé Granger de les dater. Le graveur pourrait être Jean Pirand ou son collaborateur Anthoine Mosnier, ou Melchior Mitte de Chevrières, ou… Flânerie autour de la croix du Trêve
1623 : un poème intitulé Antiquitez du lieu de Saint-Genez de Malifaut et environs, abbé Louis Jacquemin 1590-1652, évoque l’histoire antique du lieu. Ce récit burlesque cite le bois Farost et la Font Réale ; il a été lu sur place en 1623 par François Rousset, âgé de 16 ans, fils du notaire royal Jean Rousset.
1876 : un érudit, Charles Guilhaume, retrouve poème et source, et communique le résultat de ses recherches à la Société historique et archéologique du Forez (DIANA) en 1895. Il pense qu’il s’agit d’une source sacrée. Flânerie autour de la croix du Trêve, Forez-info.com
1918 : un jeune étudiant Jean Granger – qui deviendra Père mariste, professeur de Lettres et aumônier de l’hôpital de Saint-Jean-Bonnefonds -, agacé par les rumeurs autour de la source, défriche les bois  et retrouve la fontaine bordée de deux dalles gravées, porteuses d’inscriptions en français.

A l’occasion de ses recherches il [le père Granger] met à jour de très nombreux éclats de silex taillés, prouvant une occupation des lieux dès la préhistoire, mais aussi des tessons de poterie de l’époque celtique ou gallo-romaine. Selon forez-info.com

1935 : premières photographies des inscriptions.
Années 60 : le père Mariste Granger découvre une pierre cassée portant seulement quelques lettres : LE C… AP… MC… V… Avec l’accord du propriétaire, aidé d’un maçon, il restaure la source et ses dalles gravées dont il a décodé l’énigme.
14 mai 1971 : La Font-Ria est inaugurée ; elle nous livre enfin son poème complet. Ci-contre photo de l’inauguration (extraite du site forez-info.com)

L’énigme poétique gravée sur les pierres

La ponctuation a été rétablie ainsi que les espaces pour une meilleure lisibilité. Poème à deux voix, celles des deux sources, et trois cloisonnements.

LE COULAGE
ARRESTE
MON ONDE
VOUS RESTE
JE GLACE DE
PEUR
EN PERDANT
MA SOEUR
(Le JE n’est plus visible aujourd’hui)
CAR L’ON ME
CARESSE
LORSQU’ELLE
ME LAISSE

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