J1 Mont Dore, Lac du Guéry, Tuilière et Sanadoire, Puy Gros… et des vaches Salers !

1ère journée d’une semaine de randonnée en liberté, Lacs et volcans d’Auvergne, concept qui a l’avantage d’être préparé par une agence spécialisée – Grand Angle – tout en laissant la liberté du rythme de la marche, ce qui est important pour moi qui ai quelques difficultés à suivre un groupe. Bien sûr il faut quand même arriver avant la nuit dans l’hébergement qui nous a été réservé mais on peut prendre le temps de faire des photos, choisir son lieu de pique-nique. Mieux vaut savoir se repérer et se servir d’une carte, la mésaventure du jour nous le prouvera.

IMG_0016.jpgTrès vite, la veille, nous nous sommes immergés dans les lieux en découvrant une collection de 80 volcans alignés sur un axe nord-sud de 40km, de formation géologique récente (8500 ans), au sommet arrondi, appelés puys (puy de la vache, puy gros) ; la température extérieure est idéale ; les constructions sont de pierre volcanique grise ; pas d’embouteillage ; l’eau et la verdure sont partout.

Les volcans d’Auvergne, site de Bernard Dichamp (nombreux schémas explicatifs)

IMG_2076.JPGDans la salle du petit déjeuner de notre hôtel au Mont Dore, un couple de randonneurs se prépare à partir. Nous ferons bientôt leur connaissance. En route pour notre première journée ! Nous passons devant le poids public où l’on pouvait faire constater, moyennant une rétribution réglée, le poids d’un objet à livrer ; l’entrepreneur du poids public remet tait alors une note. Le bâtiment est plutôt coquet, construit en moellons d’andésite1 avec des encadrements en pierre de taille. Le plateau de pesage est encore en place.

IMG_0059.jpgIl faut faire plus de 2km en bord de route pour atteindre la nature. Les sentiers sont bien balisés et traversent toujours des pâturages dans lesquels on retrouve souvent la vache de race salers, dont je ne garde pas un bon souvenir parce qu’elle n’était pas ce jour là sous forme de viande ou fromage dans mon assiette…

La fabrication du fromage Salers a lieu uniquement pendant la période de mise à l’herbe des vaches, c’est-à-dire entre le 15 avril et le 15 novembre. Elle se fait obligatoirement à la ferme, deux fois par jour après chaque traite. L’affinage dure au minimum 3 mois, et peut se prolonger jusqu’à 1 an selon le goût recherché. Le Salers […] est un fromage à croûte sèche. Par contre, à la différence du Cantal, le lait cru et entier doit être transformé à la ferme, tout de suite après la traite des vaches. C’est un fromage à pâte pressée non cuite. Après affinage, le Salers pèse entre 30 et 50 kg. La fabrication d’une tomme de fromage nécessite environ 400 litres de lait. Extrait du site des AOC d’Auvergne

IMG_0087.jpgIMG_0063.jpgLa première surprise vient de ces escabeaux de bois permettant de passer d’un pâturage à l’autre que ne peuvent emprunter ni les vaches, ni les chevaux ni les chiens. En l’absence de vacher pour garder les troupeaux, pas de risque donc de voir les vaches s’enfuir par une porte laissée ouverte ! Les fleurs des champs nous accompagneront tout le long du chemin.

IMG_2095.JPGIMG_0094.jpgIMG_2096.JPG

IMG_0097.jpgIMG_0103.jpgL’arrivée au lac du Guéry est un ravissement. Le lac du Guéry a des caractéristiques curieuses : le plus haut lac d’Auvergne (1244 mètres), peu profond (16 mètres max), dû à la fois à une coulée de lave qui a barré le cours d’un torrent venu du puy Gros et sur creusé pendant la période glaciaire. L’hiver, il offre la possibilité unique en France de venir taquiner la truite ou le brochet, à la « nordique » à travers des trous percés dans son épaisse couche de glace. Si les randonneurs sont tolérés sur une partie du sentier qui le contourne, le lac lui-même est privé et l’hôtelier de l’auberge du lac y veille. De gros bouquets d’angélique complètent le tableau champêtre. Deux auvergnats m’invitent à partager leur apéritif au bord du lac mais je refuse poliment : j’ai encore besoin de toutes mes forces.

Petite variante par la gauche pour rejoindre le lac par un sentier généreux en papillons. Nous rendons visite au centre montagnard du Guéry qui a placé quelques caches dans le coin (mais à la date d’aujourd’hui non publiée sur le site geocaching France). Après une longue discusssion avec un de ses animateurs, nous repartons avec une fiche « La ferme du (puy) May » et un itinéraire différent de celui prévu par Grand Angle. Bien que n’étant pas rassurée par ce changement de programme, je fais confiance à mon compagnon de route qui a un très bon sens de l’orientation.

IMG_2034r.JPGIMG_2034r2.JPGDu col, nous pouvons voir deux monolithes de phonolithe gris – sonore sous les coups de marteau – dans un cirque profond : la roche Tuilière à gauche (origine du nom : on se servait de la phonolite pour faire des tuiles de lave) avec un seul débit en dalles : la lave était très pâteuse et s’est refroidie lentement ; la roche Sanadoire avec de la lave très visqueuse sortie en plusieurs poussées puis refroidie dans le cône : elle s’est contractée et fragmentée en « orgues » ; elle portait un chateau quasi imprenable qui servit de refuge pendant la guerre de cent ans aux bandits de grand chemin. Le vallon entre les deux a été creusé par un glacier. Depuis le 17 septembre 2009, une earthcache les roches Tuilière et sanadoire a été placée par antti.

pano_tuiliere_sanadoire.jpg

Continuer la lecture de « J1 Mont Dore, Lac du Guéry, Tuilière et Sanadoire, Puy Gros… et des vaches Salers ! »

La loutre et les canards du lac Mourre

Pour les besoins de la fiction, permettez que la loutre en reste le héros… car, selon Audrey et Anaïs, il s’agit d’un ragondin !

img_8574r.jpgimg_8567r.jpgUne loutre vivait tranquillement dans un petit étang de l’Hérault à Mauguio. Elle avait trouvé de la nourriture en suffisance et une catiche convenable sous les racines d’un arbre près du ponton de bois où elle se tenait bien cachée à l’affût de quelque proie. Elle était fière de faire partie du millier de loutres encore vivantes en France. Sans doute son lac était-il encore peu pollué. De nombreux mas avaient été construits autour du lac mais elle n’en était pas incommodée : mammifère protégé depuis 1981, elle s’était installée dans une réserve de pêche privée, qui ne recevait pratiquement pas de visite d’étrangers. Elle se sentait aussi bien dans l’eau que sur la terre ferme. Son plat préféré, c’était le poisson. Mais elle se régalait aussi d’insectes, de petits rongeurs, de batraciens, et parfois d’oiseaux aquatiques si c’était nécessaire. img_0195.jpgimg_0184.jpg
Une tribu de canards et de canetons vivaient également sur le lac. Peut-être était-ce des sarcelles d’été ? Qu’importe. Dès notre arrivée sur le ponton, ils s’approchent à grands cris, trufflant, cancanant, canquetant à tue-tête. Ils semblent vouloir nous attaquer bien que nous n’ayons aucune intention belliqueuse. Prudents, nous effrayons celui qui semble être dominant afin qu’il retienne sa tribu près de lui. img_0189.jpg
La loutre, souple, musclée, dotée d’un cou robuste et de quatre pattes palmées est une merveille d’adaptation pour le milieu aquatique : elle se déplace le long de la berge, retourne sous son abri puis revient, ses vibrisses l’ayant renseignée sur le frémissement de l’eau où nagent les jeunes canetons. Elle parcourt en apnée les quelques mètres qui la séparent de ses proies. Elle inspecte de ses yeux ronds et vifs tout ce qui se passe à la surface tout en gardant la quasi-totalité de son corps immergé. Les oiseaux crient de plus belle. img_8571r.jpgNous la surveillons. Arrivée à proximité des canetons, elle sort la tête de l’eau, semblant humer l’air, tourne la tête de droite à gauche, nous aperçoit, hésite… puis retourne à l’eau.
Ainsi notre présence a sauvé les frêles canetons.
Mais jusqu’à quand ?…

Bestiaire sans oubli, Maurice Genevoix
« Les têtes plates des loutres1, imperceptiblement émergeantes, avançaient comme des proues rapides, passaient si près parfois que la clarté de la lune pleine coulait soudain sur leur crâne mouillé comme un enduit phosphorescent. Elles jouaient, s’exaltaient de leurs jeux, laissant aller hors de leurs gorges, quand elles venaient à se frôler l’une l’autre, de petits cris irrépressibles, exultant. »

Les écologistes de l’Euzière ou leur nouveau site

img_0196.jpgLe lac de la Mourre selon l’IGN est appelé lac de la Maure par Google : une mauvaise transcription sans doute ; on ne peut douter de son nom qui est celui du bois et du mas du même nom. Tantôt classé lac, tantôt étang, ce plan d’eau est un espace naturel classé qui a été épargné par le projet d’autoroute A9. Mais pourquoi donc écrire Mourre2 au féminin ? cela désigne peut-être le ruisseau la Mourre dont le tracé peut se suivre en img_8578r.jpgsurface à partir du canal d’irrigation du Bas-Rhône Languedoc.
Le lac ne se voit pas depuis la route, il faut donc passer la barrière ; même si nous ne l’avons pas fait, il est possible selon Philovelo d’en faire le tour mais il conseille de ne pas s’y pointer avec une canne à pêche : vous êtes dans une zone de pêche réservée où les pêcheurs ont à coeur de protéger l’environnement contre la pollution et le braconnage, et donc de protéger les ressources de la pêche.

libellule_purpurineSaviez-vous que cet étang de la Mourre héberge une libellule d’origine afro-tropicale, encore rare dans le sud de la France : la libellule purpurine ? « Elle a colonisé la Corse dans les années 1980 et le Roussillon au début des années 1990. […] Tout le sud de la France est susceptible d’accueillir cette nouvelle arrivante. Le Trithemis affectionne les milieux artificiels : lacs de barrage, plans d’eau, gravières, déversoirs d’orages, etc. » Extrait du site de l’observatoire naturaliste des écosystèmes méditerranéens.

Cache Lovelake de Philovelo

Le site philovelo pour les amateurs de VTT du coin, avec téléchargement de traces GPS
Itinéraire du lac de la Mourre

bullet1.gif

1loutre : selon Audrey et Anaïs (voir commentaires ci-dessous) ce n’est pas une loutre que nous avons vue, mais un ragondin

2le Mourre : en provençal, museau, sommet de forme ronde

L’aqueduc de Castries

amelin-1.jpgAu coeur de la garrigue1 s’élève, au détour d’un sentier ombragé par la pinède, l’aqueduc de Castries : oliviers et senteurs de thym vous accompagnent. Au détour d’une ruelle, nous avions déjà aperçu des pans de l’aqueduc qui traverse le village avant de s’enfoncer dans la forêt. A plusieurs endroits, des maisons se sont blotties sous une arche. img_8603r.jpgJ.M. Amelin, artiste et grand observateur des moeurs du XIXème dans son Guide du ?voyageur dans le département de l’Hérault, avait croqué ces particularités dans son album sur Castries, par exemple la Cour de l’auberge de Mme Renouard, adossée à l’aqueduc, 1822 extrait de la base documentaire régionale Montpellier.

img_8552r.jpgimg_8553r.jpgNous partons du domaine de Fondespierre, un ancien mas de l’époque gallo-romaine, et nous suivons une large piste forestière. Au point signalé par Mire-Mich, nous avons une première vision de l’aqueduc, par en dessous. De grandes arches, des piliers en bon état ; en haut du canal, curieusement, quelques touffes de végétation ont repris vie dans les creux des pierres.

img_8560r.jpgimg_8557r.jpgPuis nous grimpons lentement jusqu’au niveau du canal. Dans une allée transversale, de simples dalles de pierre sont posées à plat sur des piédroits latéraux. On dirait des sarcophages. A cet endroit, l’aqueduc est enterré au ras du sol. Nous le suivons sur plusieurs centaines de mètres. img_8563r.jpgUne construction, à la limite entre la partie souterraine et la partie aérienne du pont-canal, me laisse supposer qu’il y a eu un regard ou, selon Mire-Mich, « un bassin de décantation qui servait à piéger les particules les plus lourdes en suspension dans l’eau ». Nous continuons la marche dans le canal étroit jusqu’à dominer le vallon. Si nous avions poursuivi, nous nous serions retrouvés sur les grands arceaux, à 15m au-dessus du sol. Mais la prudence a prévalu…

L’aqueduc transporte les eaux de la source de Fontgrand2 jusqu’aux jardins du château, sur presque 7 km (6,822km) et une pente douce de 3m seulement. Le gouverneur de Montpellier, le marquis de Castries, « favorise la construction d’ouvrages d’art, de jardins, d’aqueducs, préoccupation importante du roi à cette période. Il soutient Pierre Paul Riquet dans le projet du canal de l’Entre?deux?Mers [ndlr : le canal du midi] et lui fait construire un aqueduc de sept kilomètres pour les bassins du château de Castries conçus par Le Nôtre ». Pascale Mormiche, Les fidélités languedociennes et provençales du cardinal de Fleury à la Cour, Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, Les Méridionaux à Versailles.
La conduite portée sur les arceaux est l’ouvrage de deux maçons locaux : Antoine, maitre maçon et architecte qui a construit sa propre maison encore visible à Montpellier, et Jean Arman ; ils ont été conseillés par un spécialiste de l’hydraulique. Sa construction durera 2 ans.

img_8602r.jpgimg_8599r.jpgSurnommé le Versailles du Languedoc, le château de Castries a été édifié au XVIème siècle sur les bases d’un ancien château gothique. Ses jardins à la française ont été dessinés par Le Nôtre, le célèbre jardinier de Louis XIV. À la renaissance, le château connut une période faste quand y séjournaient notamment le roi et la marquise de Sévigné, qui, dans sa lettre n° 243 à Montpellier, le samedi 1er ou 8 octobre 1672 écrit : «Je trouve les femmes d’ici jolies : elles sont vives, elles ont de l’esprit, elles parlent françois.» En effet, on parle français à Montpellier ! la capitale provinciale était redevenue, après la fin des luttes religieuses et le siège de 1622, définitivement rattachée au pouvoir royal par ses représentants.

image de l’itinéraire 3.900km A/R 1h15 env (en brun l’itinéraire VTT du site GPX-view)
Trace d’un parcours en VTT de 10km du site GPX-view.com
Autres parcours en VTT autour de Castries
L’office du tourisme vient de sortir (juillet 2008) une nouvelle fiche de randonnée sur l’aqueduc (11km, 3h) : la demander sur place.

Merci Mire-Mich pour la cache de l’aqueduc de Castries, agréable intermède sur mon lieu de vacances.

blsqr05.gif

1La garrigue désigne une terre inculte constituée principalement d’arbrisseaux très résistants à la sécheresse. Ce mot tire son nom du garric, chêne Kermès en occitan
2de font = source, fontaine et l’adjectif grand : grande source