Rochecolombe

Un village médiéval perché sur un rocher abrupt et sombre. Son apparition au détour d’un virage est déjà en soi une merveille. Je me gare à l’entrée du village d’où part un sentier plus sympathique que la route. Il traverse à gué la rivière, parvient au pont de pierre puis s’élance à l’assaut du piton rocheux. Très vite, on a l’impression d’être au moyen-âge : ruelles étroites et pavées, hautes maisons de pierre, donjon.

L’église Saint-Barthélemy de Rochecolombe constitue l’un des derniers édifices restant du château de Rochecolombe (Ardèche). La partie la plus ancienne de l’église (chapelle du fond et celle droite) date du XIIIè siècle. La chapelle de droite est ornée d’une voûte à arcs-ogive supportés par des colonnettes d’angle à chapiteaux à crochets. Sous cette chapelle se trouve le caveau de la famille de Vogüé recouvert d’une dalle et portant l’inscription : Ici reposent auprès de dix générations de seigneurs de Vogüé, Guillaume de Vogüé, mort en 1602, Balthazar de Vogüé, chevalier de Malte, mort en 1630. La troisième chapelle a été construite au XVIè siècle.

Direction le hameau de Leyris (commune de Lagorce) par des chemins caillouteux, passant par des lieux déserts. Quel constraste quand j’arrive sur le plateau cultivé de lavandes et vignobles ! le hameau de Leyris est visiblement habité et vous y trouverez quelques gites. Après les Molières, j’entre à nouveau dans les bois avec sa végétation caractéristique des terrains calcaires méditerranéens : chênes, genévriers, buis,.. Au carrefour du petit Montagu, quatre directions différentes, preuves que ce plateau entre vallée de l’bie et vallée de l’Auzon, était fort fréquenté pour se rendre d’un village à l’autre. Je vais prendre la voie royale durant un petit moment, celle qui relie Villeneuve de Berg à Lagorce sur ordre des intendants du Languedoc. Mais ce n’est pas la partie la plus caractéristique avec ses épierrements et les ornières creusées par les chariots.

A la fin du siège de Privas (26 mai 1629) Louis XIII avec sa suite et une armée de 15000 hommes […] s’arrête à Villeneuve de Berg. Il […] passe la nuit dans l’hôtel du baron de Laroche des Astards, à Toutes-Aures. Il repart dès le 5 au matin pour Lagorce, Vallon, Barjac, toutes ralliées à la suite de la chute de Privas. Villeneuve de Berg en Vivarais et ses alentours, syndicat d’initiative du canton de Villeneuve de Berg.

Maintenant, nous allons descendre dans la vallée du Vendoule  ; plus je m’approche du village, plus les gorges se resserrent ; une large baume s’ouvre ; la cascade ne coule pas : cela arrive régulièrement en été. La résurgence toute proche est captée pour les besoins en eau du village. L’entrée est située dans un petit bâtiment fermé […] L’eau est extrêmement limpide. Plongée souterraine à Rochecolombe

Rochecolombe, sa cascade, blog monpays.blogs-de-voyage.fr

Par le vieux pont, je repasse dans le vieux village. Les points d’intérêt méritant un peu de votre temps de visite se trouvent donc au début et à la fin de randonnée, au plus proche du village de Rochecolombe.

 

Itinéraire 197m dénivelée (500m cumulées), 10km000, 2h45 dépl. seul

Tour des Bauges J2 : Aix-les-Bains et l’abbaye de Hautecombe

J2 tour des Bauges : la Motte en Bauges – Jarsy à pied, c’est ce qui est prévu ; mais il a plu toute la journée d’hier et il pleuvra encore aujourd’hui :  les gens du pays sont d’accord sur ce point ; de plus, chaussures, chaussettes, coupe-vent, pantalon ne sont pas encore secs ; nous décidons de faire du tourisme. L’office du tourisme du Chatelard nous remet un dépliant jaune fort judicieusement intitulé : « Temps pluvieux, itinéraires heureux » !

Nous décidons de partir à la découverte d’Aix-les-Bains puis de l’abbaye de Hautecombe1 au bord du lac du Bourget. Un moine bénédictin, croisé lors d’une randonnée, m’avait appris que les moines installés à Ganagobie, venaient de l’abbaye royale de Hautecombe (lire le plateau de ganagobie dans le blog randomania), où ils espéraient trouver un lieu plus calme et plus propice à la vie monastique.

A Aix-les-Bains (de Aquae = eaux, comme à Aix-en-Provence, même origine), nous visiterons le luxueux casino à la décoration légèrement rétro ; les œuvres d’art côtoient les salles de jeux, les salons et le bar ; l’invitation au plaisir du jeu se ressent partout.

Puis nous déambulerons sur la place de la mairie où subsistent quelques vestiges romains :

  • l’arc de Campanus à destination funéraire ; les 8 niches devaient abriter des statues ou des urnes,
  • le temple de Diane,
  • les thermes que les hommes ont beaucoup saccagé : ils comprenaient trois grandes piscines froides, deux baignoires à revêtement de marbre, deux pièces tièdes et plusieurs piscines chaudes. Les murs étaient ornés de marbre et stuc peint. Le torse drapé que l’on peut voir sur la place vient peut-être de ces thermes romains. Wuilleumier Pierre, Aix-les-Bains à l’époque romaine, In: Les Études rhodaniennes. Vol. 15 n°1-3, 1939. pp. 299-302 dans persée le portail de revue en sciences humaines et sociales.

L’abbaye de Hautecombe (Saint-Pierre de Curtille) n’est accessible que par une route en impasse ; seule la visite minutée de l’abbatiale est possible avec audio guide (3€). Nous accédons à la terrasse sur le lac depuis le parc extérieur.

Créée au début de l’année 1101, elle est prospère durant plusieurs siècles. Du XVè au XVIIè elle tombe en ruines petit à petit, les abbés commendataires ne résidant pas sur place et préférant jouir immédiatement des revenus de l’abbaye. Pillée pendant la révolution, elle est restaurée au XIXè par le roi de Sardaigne. Les moines cisterciens reviennent en 1826, les bénédictins de l’abbaye Sainte-Madeleine de Marseille en 1922. En 1992 les moines rejoignent Ganagobie en Haute Provence et la communauté  du Chemin Neuf prend la relève.

Elle [l’abbaye royale de Hautecombe] est connue pour être la nécropole de la Maison de Savoie (comtes de Savoie, leur famille, et quelques membres de la famille ducale de Savoie) puis de quelques-uns des rois et reines d’Italie. ndlr : le dernier roi d’Italie Humbert II de Savoie et son épouse Marie-José y sont inhumés, respectivement en 1983 et 2001
Par le traité de Vienne du 20 novembre 1815, la Savoie est rattachée à nouveau au Piémont, et détachée de la France. Le 19 juillet 1824, le nouveau souverain, en visite dans ses terres cisalpines, est accueilli à Chambéry et à Aix-les-Bains […] Il fait savoir à M. Landoz son désir de racheter l’abbaye. Il confie la restauration de l’église à un architecte piémontais, Ernesto Melano, capitaine du génie et ingénieur de la province de Savoie, qui adopte le style du baroque troubadour. Selon wikipedia

A noter : ce n’est qu’en 1860 que les deux Savoies seront réunies à la France.
Une surprenante exposition de photos d’art rupestre de l’arc alpin (auteur : Emmanuel Breteau) intéressera aussi bien les curieux de pré-histoire que les amateurs de photographie. Elle se situe dans la Grange Batelière (grange d’eau abritant les barques par mauvais temps) du XIIè, sur la gauche de l’entrée. Du 20 juin au 15 septembre 2013, ouvert tous les jours de 10h à 18h – entrée libre – Fermé le mardi.

 art rupestre

Retour par le belvédère d’Ontex pour capter l’abbaye dans son écrin de verdure et d’eau.

1Hautecombe : de haute combe parce qu’à l’origine l’abbaye se situait dans un haut vallon de la montagne de Cessens

Tour des Bauges J1 : du Mont de Bellecombe à la Motte en Bauges

J1 Tour des Bauges : quand j’ai parlé autour de moi que j’allais randonner dans le massif des Bauges, personne ne savait situer ce massif. Je le connaissais par ma belle-soeur qui possède une maison familiale en bordure du parc naturel régional du massif des Bauges. Situé en Savoie (moyenne montagne), habité par 60000 baujus, encore peu fréquenté par les randonneurs, il est délimité par Annecy, Aix les Bains, Chambéry et Albertville ;  il réserve de belles… et moins bonnes surprises.

Comme l’an dernier, c’est avec Grand Angle que nous partons pour ce circuit de randonnée liberté ; son partenaire du Chatelard Terre d’Altitude l’a préparé. Le matin même de la première randonnée, nous rencontrons Pascal Mouchet pour les conseils d’usage. Il insiste sur ce qu’il faut faire dans le cas où nous nous perdrions, sur l’usage de la boussole. Comme le temps est à la pluie, il nous suggère l’option 2 par le col du Plane, plus courte et moins risquée que par les crêtes du mont Julioz. Je ne l’ai pas préparée sur mon GPS mais nous partons, riches et confiants des expériences multiples que mon compagnon de route et moi-même avons vécues.

Pascal nous dépose au lieu-dit le Reposoir ;  par chance, il a pu passer jusque là malgré les travaux sur la route. Là, deux options possibles : la traversée par les pâturages où se trouve un taureau qui semble paisible, et le GR tour des Bauges. Pour la première, une remarque de Pascal nous fait craindre le pire ; après avoir enfilé un vêtement de pluie, nous décidons de privilégier le GR qui ne cesse de monter. Nous arrivons au premier pâturage envahi de vératre, plante  vénéneuse pour les troupeaux, ressemblant à la grande gentiane jaune, mais les grosses feuilles elliptiques plissées sont alternées sur la tige, alors que la gentiane a ses feuilles opposées. Les éleveurs cherchent donc à la détruire par des herbicides. Extrait de L. Authoserre, association française pour la production fourragère. Nous sortons du pâturage par un système de franchissement en chicane, système différent de celui en marches d’escalier que nous avions vu en Auvergne ou par poignée isolante sur une clôture électrifiée comme dans l’Aubrac.

Golet de Doucy : c’est là que nous changeons de direction. Nous devons tourner à droite mais aucun chemin n’est visible. Pas de doute, pourtant selon le topo. Serait-il derrière la barrière ? il me semble percevoir au loin les marques d’un piétinement. Nous passons au dessus des fils barbelés et nous enfonçons progressivement dans les bois, sur un sentier à peine marqué, envahi par de hautes herbes. La montée devient difficile pour mon compagnon de route qui n’apprécie pas ce type de sentier. Quand il faudra descendre sur 300m, en pente raide, une ornière ravinée et extrêmement glissante, nous ne trouverons pas de berges rassurantes et deux chutes seront inévitables. Quel soulagement quand nous atteindrons le sentier en contre-bas des crêtes du mont Julioz, même si nous devrons traverser le bois d’Enfer qui garde le souvenir d’un glissement de terrain de 1939 : un parmi tant d’autres.

Croisement avec le GR 96 et plus loin le col du Plane où s’est déroulé le terrible glissement de terrain du Châtelard le 12 mars 1931 :

Dès octobre 1930, les habitants découvrirent de nombreuses crevasses transversales allant d’un mont [Chabert] à l’autre [Julioz] sur 800 m de long et 500 m de large. Elles ne cessèrent de grandir pour atteindre en mars 1931 les premières maisons […]. Les grandes pluies de début mars donnèrent le signal d’évacuation des habitants et déclenchèrent la débâcle. Le jeudi 12 mars, vers 9 h du matin, de grandes bandes parallèles successives de terre large de 10 à 30 m se mirent en marche ravageant les hameaux. […] Six millions de m3 se sont détachés de la montagne sur plus de quarante hectares. Vers 21 h, la masse de terre en mouvement et transportant arbres, briques et rochers, alla s’arrêter sur le cône de déjection du Nant1 des Granges en amont du hameau du même nom, sans toucher les habitations.
La coulée a donc mis 9 h pour effectuer un trajet d’environ 1,8 km de long et plus de 600 m de dénivelé. Aucune victime n’est à déplorer mais les pertes financières sont lourdes pour Le Châtelard […].

Continuer la lecture de « Tour des Bauges J1 : du Mont de Bellecombe à la Motte en Bauges »