Pourquoi tout le monde veut faire une promenade en mer sur la baie de la Canche alors qu’il ne fait pas très beau ? c’est pour voir des phoques bien sûr ! Les phoques qui sont dans l’eau, souvent à très peu de distance du rivage, ne viennent que très rarement se mettre au sec. On ne voit au loin que leur tête sombre au ras de l’eau, grande comme une tête d’épingle : c’est un peu décevant mais on y croit ! Quand on consulte le site qui concerne l’observation des phoques et cétacés de la côte d’Opale, on se rend bien compte que les veaux marins se comptent sur les doigts d’une main en baie de Canche et que l’on y récupère de temps en temps des cadavres, comme début avril 2013.
Le port d’Etaples
Le roulev, engin de levage du port
Le phare du Touquet
Défilé de canoës
Photo du site phoques et cétacés de la côte d’Opale
Même s’il est superbement entretenu en jardin fleuri, le cimetière militaire donne froid dans le dos. Qui a écouté les histoires de guerre vécues par ses grands-parents ou ses parents, ne peut être insensible.
Cela me rappelle une anecdote qui s’est passée sur le lieu du charnier de Signe (83) ; un autel, une vaste plaque de marbre gravée pour chaque résistant mitraillé par les Allemands durant la seconde guerre mondiale. Un père de famille y vient avec ses deux enfants : le plus jeune passe sous l’autel en marchant sur le coffret renfermant les ossements des fusillés – coffret déposé là à la demande de Gaston Defferre, alors maire de Marseille – tandis qu’une adolescente fait part de son étonnement à son père qui lui explique l’évènement : « ah bon ? y’a eu la guerre dans notre pays ? ». Pour moi qui était enseignante il n’y a pas si longtemps, je pense que l’éducation nationale n’a peut-être pas suffisamment joué son rôle… Nos enfants ne connaissent-ils pas mieux l’histoire des romains que celle de leurs plus proches ancêtres ?
A lire dans randomania : du charnier de Signes à la grotte du vieux Mounoï
L‘endroit idéal pour passer un bout de l’été quand on est bucco-rhodanien : température printanière (18-20°) propice aux sorties, léger vent rafraichissant, parfois pluies fines, pas trop de touristes. Etaples sur Mer (62) à découvrir en longeant le fleuve côtier, la Canche, puis son port de pêche.
Le port d’Etaples
la corderie
le pont rose sur la Canche
le calvaire des marins
Onagre biennis
L’estuaire de la Canche à marée basse
L’estuaire de la Canche depuis la base nautique du Touquet
L’estuaire de la Canche, paysages changeant au gré des marées, est formé d’un cordon littoral en galets formé par l’action des courants et sur la rive opposée, du musoir surcreusé par ces mêmes courants et l’action des vagues. Le milieu naturel est essentiellement représenté par des dunes littorales qui abritent une flore variée (485 espèces) et une riche faune.
L’onagre aux grandes fleurs jaunes dresse sa tige jusqu’à 1 m de haut , des fleurs en épi éphémères qui s’ouvrent à la tombée de la nuit et fanent au lever du jour, une particularité qui lui a valu le surnom de Belle-de-nuit. Originaire d’Amérique du Nord, elle était traditionnellement utilisée par des tribus amérindiennes pour ses vertus sur la peau mais aussi pour ses qualités culinaires. Merci à iHerbarium pour l’identification de cette onagre bisannuelle. Onagre et bourrache, nos alliées féminité
Près du calvaire des marins plusieurs panneaux énumèrent le nom des marins morts en mer, le nom de leur bateau, la date du naufrage et ce depuis le début du XXè siècle. Le dernier en date, 51 ans, Didier Fourrier, le 30 novembre 2007 sur M. Bijou. Suite à la mort de ce pêcheur, le ministre de la pêche était venu à Etaples pour proposer de doter chaque marin d’une balise individuelle.
Image itinéraire port d’Etaples et centre ville 2km300 environ, 12m dénivelée, 45mn – reprendre la voiture pour rejoindre la base nautique du Touquet d’où vous verrez le large estuaire de la Canche et les éoliennes de Camiers.
Des aqueducs romains, j’en ai vu plusieurs, enfin quelques uns de leurs vestiges : le pont du Gard, la Traconnade (Jouques-Aix-en-Provence ), l’aqueduc d’Arles, la Roche Taillée à Mons (Var), celui de Luynes (Indre et Loire). Je savais que celui du Gier avait quelques particularités que j’avais très envie de découvrir.
En résumé : 86km, environ 30 ponts, 12 tunnels, plus de 1000 regards de visite, à moitié dans la Loire, l’autre moitié dans le Rhône, départ Saint-Chamond, arrivée Lyon (Lugdunum).
J’ai la chance aujourd’hui d’avoir pour guide, Jean-Claude Litaudon, président du groupe archéologique Jarez-Forez(ne pas prononcer le ‘z’ final !) l’un de ceux qui connait le mieux l’aqueduc ; ici, à Saint-Etienne, ils prononcent ‘akduc’ ! Nous ferons sa découverte en plusieurs points du département du Rhône.
*Tableau complet* des vestiges sur le site de l’association Jarez-Forez.
De quand date-t-il ? Hadrien ou Claude ? cela semble encore un vaste débat comme en témoigne l’article la datation de l’aqueduc du Gier par Armand Desbat. Il faut dire que les bornes de protection trouvées (Chagnon, Saint-Joseph) ne prouvent rien : l’une d’elle qui date d’Hadrien (117-138) fait référence à un sénatus-consulte de -11 av. JC…
Captant l’eau du Gier au lieu-dit Moulin-Combat sur la commune de Saint-Chamond, il parcourt 85km jusqu’à la colline de Fourvière à Lyon. Pourquoi aller la chercher si loin ? sans doute parce que cette source était pérenne et de très bonne qualité puisque contrairement à celui du Gard, les concrétions calcaires ne bouchent pas le canal.
Saint-Maurice sur Dargoire
Premier rendez-vous en voiture, à Saint-Maurice sur Dargoire : la vallée du Bozençon est si large que les Romains ont préféré la contourner plutôt que la traverser. Vous en avez un bon exemple ci-contre. Dans un ancien dictionnaire topographique on remarque diverses orthographes au fil des siècles (Bosanson, Bouczenson, Bouzanson), mais je n’en ai pas retrouvé l’origine toponymique. Dictionnaire topographique du département de la Loire, J.-E. Dufour, Université de Saint-Etienne, 1946
Mesurée sur la carte IGN cette vallée mesure entre 280m et 850m de large : impossible de construire un tel pont surtout qu’il en aurait fallu à plusieurs endroits (longueur Pont du Gard : 274m). Les Romains ont donc contourné plusieurs fois les vallées pour éviter de les traverser.
Mornant
Pont du Mornantet : un panneau d’information gravé tente de nous éclairer mais mon guide me signalant plusieurs erreurs ou affirmations non vérifiées, je préfère ne pas vous en donner le contenu. Côté ouest, l’appareil réticulé(voir photo ci-dessous) de l’aqueduc du Gier, le seul du monde romain entièrement construit ainsi, est très bien conservé ; composé de petits moellons de forme pyramidale – des molaires – posés sur un angle, parfois colorés de différentes couleurs, il attire l’attention : les romains voulaient-ils laisser un témoignage de leur grandeur comme avec leurs mosaïques ou leur cénotaphe ?
C’est une des caractéristiques remarquables de cet aqueduc pour les parements des parties visibles, avec des arases de brique. La technique a été très employée en Italie durant plusieurs siècles. La partie intérieure des moellons était taillée en biseau pour une meilleure insertion dans le mortier.
Le canal avec son enduit est apparent, la voûte a disparu. A la sortie du pont le conduit s’enterre en direction de la route qui l’a détruit. Nous le retrouvons un peu plus loin, dans une propriété privée dont le chemin d’accès a coupé l’aqueduc, laissant voir l’intérieur du canal.
A quelques mètres de là, je peux distinguer l’intérieur du regard d’entretien envahi de branchages : des pierres bien taillées en constituent la voûte ; il comporte un fonds surbaissé – sorte de réceptacle à sédiments qui auraient pu boucher les tuyaux de plomb : ils étaient finalement inutiles tant l’eau est pure. Les regards, c’est la spécialité de mon guide… Un petit regarde de 57×57 cm alterne avec un grand 90×90 cm. Sur la dalle de couverture provenant d’un autre regard, le carrier a creusé le trou de louve qui permettait de soulever la pierre.
Soucieu en Jarrest
Une belle rangée d’arches (79) – au lieu-dit le Barret – mais 4 seulement sont intactes. A l’une des extrémités, le spécus est bien visible. A l’autre bout, à quoi ressemble celle-là ? me demande mon guide. A un chameau bien sûr, d’où son surnom !
Nous continuons à suivre l’aqueduc jusqu’au réservoir de chasse de la Gerle, chambre de 4m60 sur 1m55 : c’est la première fois que je vois un vestige de siphon romain, application à très grande échelle du principe des vases communicants ; 10 tuyaux de plomb de 25 cm de diamètre capables de supporter des pressions énormes reposaient sur une partie bâtie, le rampant, pour atteindre le sol, descendre la vallée jusqu’à un pont-siphon avant de remonter de l’autre côté jusqu’au réservoir de fuite ; le réservoir (propriété privée) montre encore quatre orifices dans lesquels se trouvaient ces tuyaux conduisant au pont-siphon du Garon. De l’autre côté, le réservoir de fuite de la Gagère, un peu plus bas que le réservoir de chasse, récupérait l’eau qui continuait ainsi son parcours dans l’aqueduc. Difficile à reconnaître sous l’abondante végétation. Un œil exercé comme celui de Jean-Claude a repéré le réservoir de chasse de l’autre côté de la vallée.
Au lieu-dit Plat-de-l’Air, une longue enfilade de 72 arches tous complètes provoque mon admiration ; trois regards sont visibles sur les arches, et l’enduit subsiste souvent sur l’un des piédroits. Les réticulés sont ici en calcaire blanc. Après un virage vers la droite, et la traversée d’un agréable coin de pique-nique, nous retrouvons le troisième siphon destiné à traverser la vallée du Beaunant.
Aucun tuyau de plomb n’ayant été retrouvé, on ne sait comment ils étaient protégés. En haut du réservoir de chasse très dégradé, apparaît le profil du canal d’arrivée ; sur le large ‘rampant’ incliné, les tuyaux de plomb acheminaient l’eau jusqu’au pont dans la vallée.
Beaunant
Dernière étape de notre découverte, Beaunant, chemin de Montray : un appareil réticulé coloré, de très hautes (18m) et lourdes arches dont certaines ont été comblées avec le même appareil, pour empêcher la fragilisation de l’ouvrage. Les doubles arases de brique horizontales servaient à arrêter d’éventuelles lézardes et à se repositionner à l’horizontale au fur et à mesure de l’élévation de la construction ; j’y ajouterais un côté esthétique.
Près de la plupart des vestiges, ont été posés des panneaux d’information ; de nombreux circuits de randonnée y passent ; en voici deux exemples sans avoir besoin de chercher bien longtemps : En vélo depuis Lyon, randonnée commentée par Rhône-Tourisme
L’attrait touristique de cet aqueduc a bien été perçu : c’est une réussite à laquelle participe l’association Jarez-Forez qui joue également un rôle pédagogique en intervenant dans les écoles et en organisant des visites guidées. Si seulement nous arrivions à obtenir une telle mise en valeur pour celui de la Traconnade…
Images des parcours pédestres
Je remercie J.C. Litaudon pour la relecture de cette note.
L’aqueduc romain du Gier ou du Pilat, J.-A. Hamm, J.-C. Litaudon, F.R.A.L., LIGER, édition revue et augmentée, 2004. Le guide idéal pour une balade ou une randonnée thématique
A la découverte de l’Aqueduc romain du Gier, Syndicat Intercommunal de l’Aqueduc Romain du Gier