Minerve, classé plus beau village de France

img_7757r.JPGimg_7795r.JPGMinerve, un des plus beaux villages de France, je suis prête à le croire. C’est le deuxième week-end consécutif que je passe dans cette région, tant elle m’a plu. Le dépaysement sans doute : la fraicheur du canal du midi, l’histoire, les paysages auxquels je ne suis pas habituée et qui donnent l’impression d’être au bout du monde, l’accueil. Dès que nous arrivons près du village, nous arrêtons la voiture, appareil photo en main. On regarde les gorges impressionnantes malgré un maigre filet d’eau, et le vieux village bâti sur l’un de ses flancs, profitant du rocher pour s’y adosser. Des remparts et la porte basse la protègent encore. La candela, seul vestige octogonal du château du XIIIème siècle, semble fièrement se dresser au-dessus de toutes les maisons. Comment cette forteresse imprenable a-t-elle pu succomber aux mains de Simon de Montfort en 1210 ?
Histoire de Minerve, Les Cahiers de Minerve n. 01, Préface de Pierre Bauduffe, Inspecteur de l’Education Nationale de Béziers III, 1998
En parcourant le village et ses ruelles étroites, nous découvrons une première cave : le sommelier à l’accent roulant du sud-ouest, prépare une « verticale » pour 18h (le même vin vieilli sur 10 ans et dégusté en partant du plus jeune au plus vieux) ; il nous parle avec passion de son vin. Il nous invite à une première dégustation. Première parce qu’il y en aura d’autres : boire peu mais bon, telle est ma devise.

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Avec la température ressentie

Un pont viaduc très long traverse la rivière asséchée de la Cesse, et sous celui-ci quelques jardins où vagabondent librement un coq et sa basse-cour. De là, le premier pont naturel se dévoile : le pont Grand 228m et le pont Petit 126m creusés par l’érosion de deux rivieres réunies : la Cesse et le Brian, depuis le début du quaternaire. En ce jour de mai, il est possible de passer dessous presque en totalité. A certaines périodes de crue, c’est impossible. Petite sensation d’oppression sous le tunnel sombre quand je pense qu’au-dessus de nos têtes passent des centaines de voitures. Certes la voûte mesure plus de 25m de hauteur… Nous entendons le clapotis de l’eau sans comprendre d’où il peut venir. Le lieu de convergence de ces rivières est étrangement calme.

img_7770r.JPGimg_7776r.JPGimg_7772r.JPGimg_7783r.JPGimg_7785r.JPG

Schéma géologique (coupe) de Minerve
Histoire de Minerve blog cessenon
Histoire de Minerve par l’office du tourisme

img_7763r.JPG« Le monument als catars 1210 a été taillé dans la pierre de Minerve par J.L. Séverac en 1981. Il est dédié à la mémoire des cathares. 140 à 180 moururent dans les flammes du bûcher [ndlr : où ils s’y jettèrent, parait-il]. Le monument est un bloc de pierre du causse finement taillée par le sculpteur dans sa partie haute où la colombe cathare (en bas sur la photo à contre-jour) apparaît dans toute sa splendeur. »

Les Cathares (nom d’origine grecque signifiant «pureté») contestent à l’Église catholique Romaine d’être la seule à détenir la Vérité religieuse, et veulent une église plus «pure» tout en restant chrétiens. Cette doctrine va se répandre grâce aux Parfaits, hommes ou femmes ayant reçu le «consolamentum».  Ils parcourent le pays, mènent une vie chaste et austère, pour porter le message cathare. Les seigneurs les accueillent dans leurs châteaux et leur offrent leur protection. Le mouvement … inquiète Rome et le Pape Innocent III ainsi que le roi de France, Philippe Auguste. Ce sera la croisade Albigeoise, sous la conduite de Simon de Montfort qui durant un demi-siècle va pourchasser dans tout le Laguedoc «l’hérésie» Cathare.  » Extrait d’un site canadien

Le Hérault des terres cathares

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Le chateau de Ferreyrolles

Saint-Privat-de-Champclos. D’où pourrait-on rejoindre le chemin qui mène au chateau oublié de Ferreyrolles (auteur : Buckfast) dominant la Cèze ? d’autres geocacheurs en cherchent également l’accès. La cache n’a jamais  été trouvée. Par le camping, c’est impossible : il est fermé. Nous essayons plusieurs chemins avant de trouver le bon et le plus simple : depuis le village. Nous traversons les bois sur une piste forestière puis un sentier plus étroit mais sans difficulté particulière. L’accès au chateau est interdit et un peu risqué. Le chateau de Ferreyrolles a été construit vers 1100 comme lieu de défense et de surveillanceVue sur la Cèze depuis le chateau ruiné des gorges de la Cèze. En les regardant au travers des murs dégradés, on comprend un peu mieux Le chateau de Ferreryollesle choix de son emplacement. Lors des guerres de religion, il a abrité une garnison de 6 hommes et fut assiégé sans succès le 9 février 1703 par Jean Cavalier et 800 camisards1, mais comme il était trop bien défendu, ils ont abandonné le siège.  « …dans les châteaux et églises fortifiées sont souvent stockées les armes des compagnies de bourgeoisie et celles confisquées aux protestants, armes dont les camisards ont besoin pour armer les nouveaux venus. » (Depasse Henri)

Je remercie Jacques Gana de m’avoir communiqué l’adresse de sa page sur le chateau de Ferreyrolles extraite du livre épuisé de Louis Raymond (avec photos de toutes les parties du chateau et un plan)

La « guerre des camisards » (voir le site camisards.net plébiscité par le mensuel l’Histoire, extraits ci-dessous) est ce soulèvement armé qui mobilisa les protestants des Cévennes et d’une partie de la plaine du Bas-Languedoc contre le pouvoir royal de 1702 à 1705. Quelques milliers d’hommes, voire quelques centaines, ont tenu tête au roi. jean-cavalier.jpg« 1685. Après la conversion forcée par les « missionnaires bottés » (les Dragons) de la quasi totalité des protestants du Languedoc, devenus ainsi des « Nouveaux convertis », l’Edit de Nantes est révoqué le 18 octobre. Ceux qui résistent à la conversion s’enfuient à l’étranger ou deviennent des clandestins, se cachant dans les maisons amies, dans les bois et dans les baumes (cavernes). » Alors que je termine cet article, une nouvelle cache vient justement d’être placée dans les grottes d’Euzet (auteur : f5pvj) où s’étaient réfugiés les Camisards.

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*** Le site de Gicon à Chusclan

img_2536.JPGUn petit village Chusclan, une petite route interminable et en mauvais état, une seule voiture de chasseur sur le parking. Le cadre est planté. Je me gare près de l’abri de la ferme de Gicon et cherche le chemin qui me mènera au chateau.
*Télécharger la boucle de ma visite du site de Gicon

Rien ne laissait présager la grandeur et la beauté du site que j’allais découvrir et qui pourtant avait été abandonné par leurs propriétaires successifs pendant 300 ans avant d’être racheté par la cave des vignerons de Chusclan.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

img_2531.JPGLe sentier est bien balisé. 350m après le parking, au pied du château, la chapelle dédiée à Ste-Madeleine, qui a été plusieurs fois restaurée au cours des temps, apparait au milieu d’un enclos qui la met en valeur ; la légende chusclanaise la classe à l’époque de Charlemagne (c’est ce qu’indique le panneau d’ailleurs) mais les traces retrouvées ne remontent qu’à l’époque romane ; de plus, les Chartreux de Valbonne étaient prieurs de cette chapelle : or, la Chartreuse n’a été fondée qu’en 1203 par Guillaume de Vénéjan. Elle est toujours le lieu d’un pèlerinage qui se déroule le 3ème dimanche de Juin. Après la messe en provençal, les pèlerins se retrouvent autour d’un repas, dans une ambiance chaleureuse et conviviale.  img_2539.JPG
Après la traversée d’un sous-bois sombre, je débouche à l’entrée du château en longeant un long mur. La restauration de cette forteresse de Gicon est exemplaire ; des panneaux ont été mis en place à la demande de la Cave Coopérative, propriétaire du site, afin de guider au mieux les visiteurs.  img_2540.JPGJ’apprends dès l’entrée qu’il a été construit sur l’emplacement d’un oppidum celte.

L'entrée avec indication de l'emplacement de l'oppidum celteLa porte d’entrée est à l’Est ; la calade intérieure d’époque romaine a été retrouvée intacte sous les décombres.  Autre preuve de la présence des romains : les blocs de pierre du coin nord-ouest troués pour introduire 3 pièces de fer permettant de les soulever pour les mettre en place, méthode utilisée dans les grands monuments romains.

Au Moyen-Age, une garnison de 300 hommes s’installe sur place. L’ensemble logement et citernes leur permettaient probablement de faire des provisions pour une année.

img_2555.JPGJe croise un groupe de visiteurs accompagné d’un membre de l’association des amis de Gicon ; ils terminent la visite. L’un d’eux, canadien jovial, me glisse à l’oreille avec le fort accent de son pays : « c’est un vrai bonheur de découvrir cet endroit ! « .

*Photos des élèves de l’école publique d’Orsan

Au travers des arcades de la bergerie reconstruite sur des murs du 13ème siècle, la vue tronquée des bâtiments et les arbres qui ont repoussé donnent une vision irréelle des lieux. La construction du donjon se situe entre 1200 et 1260, d’après les fondations retrouvées. En 1631, Henri de Montmorency et le seigneur de Gicon s’opposent au roi qui ordonne le démantélement du donjon de Gicon qui est miné.
Le plan situé dans la maison forte indique l’accès à la grotte vouée au culte druidique du soleil. Elle est accessible par un petit escalier sous le poste de garde ouest non loin du donjon, mais je ne l’ai pas trouvée le jour de ma visite. La légende rapporte que la cavité creusée était destinée à recevoir la faucille d’or des druides.

Pour déjeûner, je m’installe sur la terrasse panoramique près du logis seigneurial. C’est une maison forte construite au début du 14ème siècle sur l’ordre de Philippe le Bel servant également de cour de justice. Entourée de ces tours de garde, ces grands bâtiments étagés en gradins, ces murs de pierre bien alignés, je ressens l’importance qu’ont eu ces lieux stratégiques à la croisée de plusieurs provinces et de deux vallées, celle de la Céze et du Rhône.
Selon le plan MONTLEAU – A : salle barlongue1 : niveau 1 couvert en berceau ; latrine ; escalier droit dans un mur, desservant le niveau 2, arasé ; B : tour de plan presque carré ; C : haute tour maîtresse, dont ne subsiste qu’un pan de mur avec arrachements d’une voûte en berceau ; E : bâtiment complexe, à plusieurs pièces ; hotte de cheminée conique contre le mur extérieur
*Récupérer le plan du site de Gicon (visible à l’intérieur de la maison forte)

img_2561.JPGimg_2560.JPGUne table d’orientation très colorée complète avec bonheur ce site plein de surprises. Au pied des falaises du château se déploie le vignoble expérimental de Chusclan. Les gradins viticoles épousant les courbes de niveau assurent une meilleure protection contre l’érosion. La cave de Chusclan a inscrit dans le cahier des charges de ses meilleures sélections une clause inattendue pour une coopérative : l’obligation pour le vigneron de participer à la vinification des raisins issus de ses parcelles. Les 12 ha de vignoble qui se trouvent en contre-bas du château font l’objet d’une vinification séparée pour donner la cuvée Château de Gicon en Côtes du Rhône rouge.

J’ai passé tant de temps à visiter le château que j’en ai presque oublié ma partie de chasse au trésor. Je n’ai pas eu trop de mal à trouver la cache Lou Castel de Buckfast. Pour changer de trajet, j’ai fait une boucle qui m’a amenée sur l’autre versant de la colline. Sur le parking, les chasseurs se plaignent de la chaleur qui a incommodé leurs chiens mais évoquent aussi des coins secrets de nature qu’eux seuls connaissent : je dresse l’oreille pour capter leurs propos mais en l’absence de la carte IGN du coin, je n’ai pas su les repérer, hélas !

Ce lieu vaut le détour, je vous l’assure !

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1barlongue : en architecture, bâtiment dont le côté le plus long se trouve de face.

Le château de Gicon, Archéologie du Midi médiéval, MAIGRET C.

Histoire du chateau de Gicon et de Chusclan, Assocation amis de Gicon & Chusclan, 1991