** L’ermite de la Sainte-Baume de Lirac

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« En l’année 1647,… Joseph Queyranne,… habitant Lirac, travaillait à un four à chaux, à la combe de Vallaurouse, avec quatre autres. Ayant été obligés par un temps de pluie et de tonnerre de se mettre à couvert dans la grande baume1, ses quatre camarades s’étant endormis, ledit Qeyranne qui était attaqué du haut mal, deux à trois fois par semaine, img_2485.JPGressentant les approches de son attaque commença à se promener à grands pas d’un bout à l’autre de la baume quand tout à coup à la lueur d’un éclair, il vit paraitre dans un petit trou du rocher, une image de la Sainte-Vierge en marbre… ; il la prit… la cacha dans sa besace, la porta chez lui, la garda trois jours sans rien dire ; mais l’ayant déclaré à Guillaume, son frère aîné et celui-ci à monsieur le prieur, ce dernier fut la prendre dans leur maison et la porta décemment à l’église. »

L’archevêque ordonna la création d’une chapelle dans la baume pour y venir en pélerinage. Notre dame de Consolation était née.img_2498.JPG 
La nouvelle que Joseph Queyranne semblait guéri de sa forme d’épilepsie se répandit rapidement img_2499.jpget l’on vint en pélerinage implorer la guérison des malades. Plusieurs miracles furent enregistrés. Queyranne fit le voeu de vivre à perpétuité comme ermite de la grotte. On construisit un ermitage qui fut agrandi en 1712. Le dernier ermite abandonna l’ermitage en 1903.

Quand il souffrait de solitude, il sonnait la cloche pour img_2502.jpgsignaler aux travailleurs des environs qu’il espérait une visite. Découragé, il finit par revenir au village et mourut 3 ans plus tard de ce fameux mal qui l’avait repris. Pour compenser le voeu qui n’avait pas été tenu, la paroisse s’engagea à aller en pélerinage à la baume trois fois par an.  Pour la circonstance, la statuette du XVème siècle (cachée là durant les guerres de img_2493.JPGreligion ?), habituellement conservée à l’église paroissiale, est portée en procession jusqu’à la grotte.

Cette baume qui servit de refuge depuis la préhistoire, permit aux habitants d’échapper aux troupes huguenotes du baron des Adrets durant les guerres de religion.

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A l’heure de ma visite, la grotte est fermée. Je commence ma partie de chasse au trésor qui me fait tourner autour du soupirail qui domine la grotte. Je ne trouve pas la cache ; mais d’où a pu être prise la photo censée me guider pour trouver l’endroit ? Finalement, c’est une erreur d’altitude ; je grimpe de quelques mètres et je la trouve. Merci Buckfast ! grâce à cette cache, la journée fut passionnante et pleine d’imprévus.

Vue depuis l'ermitageJe redescends jusqu’au soupirail grillagé. Je devine dans la pénombre des  chaises alignées ; quelques minutes plus tard, une voix résonne à l’intérieur puis la cloche sonne comme une invitation à pénétrer dans l’ermitage. Olivier (de l’Association les Amis de la Sainte-Baume), fort gentiment, me fait visiter la grotte, une visite rien que pour moi. Passionné, aimant ce patrimoine spirituel comme s’il lui appartenait, il me montre au rez-de-chaussée : le creux de la grotte où est apparue la Vierge, la citerne, la cheminée qui fonctionne encore, la cuisine et la chambre de l’ermite ; par un escalier en colimaçon, nous arrivons à une autre chambre et à la sacristie. Pour ne pas déranger les ermites installés dans la grotte, un tunnel a été percé au XVIIIème siècle et sert d’entrée indépendante. Je suis autorisée à tirer sur la corde de la cloche dont le son attirera sans doute d’autres visiteurs.
Nous parlons de la restauration entamée par l’association et de l’exposition qui a lieu en ce moment à la salle des fêtes Henri de Régis. Un groupe de randonneurs venant de Lirac en passant par les grottes, rejoint bientôt l’ermitage. * Itinéraire pour se rendre à la Sainte-Baumeimg_2516.JPG

Sur les tables de la salle des fêtes, de grands albums rassemblent les articles de presse et les témoignages. Sur les panneaux, de superbes photos de la baume : comme j’aimerais en faire de semblables ! Deux autres membres de l’association me montrent la fameuse statue et les photos du baptême de la nouvelle cloche 350 ans après la découverte de la Vierge. Un vigneron de la Cave des Vins de Cru de Lirac me présente la cuvée du trentenaire de l’association. J’en achète trois bouteilles. Excellent et avec du caractère. (Si vous voulez de cette cuvée spéciale, adressez-vous à l’une des deux personnes indiquées en bas de page)

La comtesse de Sévigné encourageait le roi à boire du Lirac car ce dernier « lui faisait grand bien ». Selon la maison des vins  : « A déboucher 3 heures à l’avance, servi à 18°, ce vin trouvera sa plénitude dans 4 ou 5 ans. Accompagnera à merveille un gigot de sept heures, un magret de canard, un véritable coq fermier ou une selle d’agneau farcie aux champignons. » Le propriétaire du Château de Clary à Lirac avait importé des Etats-Unis des ceps porteurs du phylloxera. Les vignobles devinrent des oliveraies. Ce n’est que dans les années 30 que le vignoble réapparut de façon significative. Le décret du 14 octobre 1947 signe l’avènement d’une nouvelle appellation : AOC Lirac, mais surtout du premier cru des Côtes du Rhône à produire des vins dans les trois couleurs : rouge, rosé, blanc.

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1baume : grotte

Bibliographie : la Sainte-Baume de Lirac : sa grotte, son ermitage, son pélerinage – les Amis de la Sainte-Baume (Lirac Gard), C. Lacour ed, 1989

Pour se renseigner : tél. secrétaire 04 66 50 47 70 ou président 04 66 50 40 88 à Lirac (30126)

*** Le fort Peccais, une piste au bout du monde

fort peccais aerien.jpgPrononcer Peccaï, nom qui viendrait de Peccatius, ingénieur romain inventeur des premières techniques d’exploitation du sel. Et rétablissons la vérité : ce fort se situe sur le territoire de la commune de Saint-Laurent-d’Aigouze et non sur celui d’Aigues-Mortes ! * Télécharger l’itinéraire depuis le centre ville

Une véritable aventure que cette balade en petite Camargue au fort Peccais dans les salines ausud d’Aigues-Mortes ! je ne le vois indiqué nulle part dans la ville bondée de touristes qui se disputent les parkings payants autour des remparts. Je prends la direction sud et m’engage sur une première piste où seul un homme promène son chien. Arrivée au bord des étangs, je ne trouve plus le moyen de progresser. Ce n’est pas la bonne piste. Je m’arrête une première fois pour demander mon chemin mais là encore, je ne trouve pas : je bute maintenant contre un champ et une propriété privée. Je questionne à nouveau un vieil habitant qui me donne quelques points de repère : le restaurant à consonance espagnole, la piste qui traverse une propriété privée mais que tout le monde ici a l’habitude d’emprunter.

Carnets de rando #2 Camargue, le fort Peccais (vidéo)

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Enfin ! je trouve la route bientôt prolongée par une large piste poussiéreuse, cahotique, longue de 7 kilomètres qui traverse marais, vignobles et canaux, découvrant parfois la surprise d’un oiseau de Camargue. Je roule avec ma voiture neuve qui inaugure sa première sortie. Dans le rétroviseur, je ne vois qu’un nuage de poussière mais devant, enfin, le fort de Peccais, au bout du monde.

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Bermond III d’Uzès, 7ème et dernier seigneur d’Uzès de 1285 à 1318, échange avec le roi de France Philippe le Bel, les salines de Peccais contre la seigneurie de Remoulins et autres lieux.

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** L’abbaye Saint-Roman de l’Aiguille, entièrement construite dans la pierre

Ce jour là, j’ai quitté l’Apérocache vers 16h – première rencontre des chasseurs de trésor high tech de la région Provence. IMG_1364.JPGNous avions beaucoup discuté de geocaching mais je n’avais pas eu le temps de partir à la recherche des caches placées par l’ensemble de la communauté dans les jours précédents. Buckfast, qui avait placé une cache à l’abbaye Saint-Roman en parlait avec tellement de passion que j’ai décidé d’y aller dès le lieu du pique-nique nettoyé. Je ne savais pas ce que j’allais y trouver.

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Depuis le parking payant et gardé, je monte le sentier des moines qui n’est autre qu’un escalier le long duquel des panneaux d’information présentent l’histoire et la situation du lieu. Au bout d’un quart d’heure, je parviens à l’entrée de l’abbaye. Je n’ai que quelques euros sur moi. Un Ami de l’abbaye m’incite vivement à payer la visite ; je retiens des mots tels que « … seule abbaye troglodytique d’Europe occidentale », « des centaines de tombes rupestres », « monument historique » et aussitôt ma curiosité est éveillée. Je me déleste de mes quelques pièces…IMG_1369.JPGIMG_1374.JPG

  • Première surprise : la chapelle creusée dans le roc, entre grotte et cathédrale (il y a même une voûte sur croisée d’ogives !), sculptures et sièges creusés dans la pierre. Malheureusement transformée du fait de l’exploitation de la pierre, elle a été rabaissée de plus d’1,50m sur les deux tiers de sa longueur. Les carriers ont « ouvert un puits de lumière sur la gauche, faisant perdre à l’antique chapelle son aspect bas et sombre ». Les pèlerins au moyen-âge avaient le droit de toucher le reliquaire de Saint-Roman et Saint-Trophime par une encoche située sur le côté du tombeau central. Le siège abbatial au fond du chœur (XIIème siècle) était sans doute peint et doté d’accessoires qui ont disparu ;
  • « à gauche, des tombes creusées au sol et surmontées d’une lanterne des morts aux nombreuses alvéoles destinées à recevoir de petites veilleuses à huile » (extrait du guide vert Michelin). On peut se demander si on se trouve réellement dans une chapelle. Avec les cellules des moines, cette partie troglodytique n’a presque pas été modifiée par les fortifications du XIVème siècle.

Fondée par des ermites qui la creusèrent dans le calcaire, elle témoigne de 1000 ans d’occupation monastique entre le 5e et le 15e siècle. Ermitage au 5e siècle, puis abbaye fortifiée au 14e siècle, puis petit château appartenant à plusieurs familles jusqu’au 19e, l’abbaye appartient désormais à la commune de Beaucaire qui a obtenu son classement en monument historique en 1991. * L’histoire de Saint-Roman (site de l’abbaye)

Avant qu’ils ne prennent l’habitude de dormir en dortoirs suivant l’habitude bénédictine, les moines escaladaient le rocher IMG_1397.JPGIMG_1403.JPGou empruntaient des échelles pour se glisser dans ces petites pièces par d’étroites ouvertures. Le grand intérêt de la vie troglodytique était de profiter de la constance termique (14 à 16° toute l’année). La plupart de ces cellules ont été réaffectées à des usages divers au moyen-âge : pressoir et silos à céréales en particulier.IMG_1407.JPG

La grande salle, entièrement taillée dans le calcaire était autrefois dotée de 3 niveaux, le dernier avec la voûte naturelle d’une grotte.  La salle basse a sans doute servi d’écurie. Les quelques pierres taillées exposées sont les seules retrouvées dans les gravas qui emplissaient la salle.

IMG_1394.JPGIMG_1383.JPGQuand je parviens sur la terrasse, j’ai à nouveau un choc : 152 tombes rupestres y sont creusées (sur 2000 au total sur le site), à différents niveaux, formant un cimetière  dominant le Rhône IMG_1392.JPGà ciel ouvert, pour les paysans, moines, gens fortunés. J’en avais déjà vu à Carluc et à Montmajour mais c’est leur nombre qui ici m’impressionne. Pour peu que l’on parvienne à s’imaginer le travail de l’homme derrière tout cela, on ne peut être qu’admiratif. * Toutes les photos de cette visite et les moyens de s’y rendre (site week ends et tourisme en Provence). Un réseau de rigoles et de tuyaux récupérait les eaux de pluie recueillies sur la toiture vers un bassin de décantation installé au milieu des tombes. Si vous vous étonnez de ces quelques pins qui poussent sur la terrasse, sachez qu’ils sont dus à un des propriétaires désirant en faire un jardin romantique…

Pour terminer la visite, je fais le tour du rocher qui porte les traces des constructions du château et des fortifications du XIVème siècle. Le pape Urbain V y fait construire un collège d’adolescents. En 1538, Saint-Romans est vendue à un particulier qui achève de la fortifier et remplace certaines constructions monastiques par un château.

Je monte au sommet de l’Aiguille sur lequel des traces d’ermitages troglodytiques subsistent : par temps de canicule, c’est un endroit de repos idéal où vous pourrez même pique-niquer ! Et puis, non loin de là, se trouve la cache que j’avais presque oubliée : un endroit parfait pour cacher un « trésor », un endroit authentique qui allie plaisir de la découverte de notre patrimoine et jeu.

* Les bonnes idées pour réussir ses journées dans le Gard

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Merci Buckfast pour cette chasse au trésor captivante : * Fiche signalétique de la cache et comment jouer