La chapelle de Ligny

Randonnée tranquille et courte non loin de la maison que nous avons louée. Après la montagne, les lacs, c’est la campagne, donc c’est une randonnée encore différente des autres. Nous stationnons dans le hameau de Ligny, commune de Massingy. Nous alternerons entre petites routes peu fréquentées et sentiers à travers champs.

Route du Mollard1 puis premier arrêt à la table d’orientation. Bien que l’altitude soit faible (552 m), on reconnait la Tournette dépassant à peine du premier plan et la montagne de Veyrier sur la rive est du lac d’Annecy ; on pourrait presque voir la pointe du Mont-Blanc si le temps était clair et lumineux. A nos pieds, le village de Massingy que l’on repère par le clocher de son église.

La chapelle Notre Dame de Délivrance, à Ligny, la curiosité du circuit, est si petite qu’on a bien du mal à la prendre pour une chapelle. L’intérieur est crépi de blanc ; modeste autel en bois mais intérieur fleuri : elle est manifestement entretenue.
Son histoire religieuse remonterait au VIIe siècle. Elle a été bénie plusieurs fois au XIXe ; elle accueillait les pèlerins venant de Rumilly qui se rendaient à Cessens (73) à Notre Dame de la Salette.

Au premier carrefour, malgré les doutes de certaines, je propose de continuer tout droit et faire à l’envers le circuit. La route se mue en sentier à travers champs ; les fleurs de printemps sont un ravissement : grands iris bleus, salsifis sauvages, globulaires, oeillets du poète,…

Lieu-dit ‘les Souliers‘ : on y retrouve la préposition de lieu ‘dessus’ et ‘dessous’ que l’on rencontre si souvent en Savoie pour désigner le hameau ‘en haut’ et le hameau ‘en bas’ comme Perret Dessus, Perret Dessous. Nous rejoignons la route vers Massingy dont le carrefour avec Perret Dessous est matérialisé par une croix de chemin.

Petit passage sur route que nous aurions pu éviter, c’est vrai, mais nous n’aurions pas vu ce couple de papillons posés sur des globulaires bleus, que Domi a captés avec talent. Pourquoi l’appelle-t-on La Petite Tortue (Aglais urticae) ? son autre nom Vanesse de l’ortie, est plus parlant car sa chenille se nourrit d’orties.

La modeste croix Saint-Bernard se trouve sur le chemin que saint Bernard de Clairvaux a emprunté à son retour de Rome en se rendant au prieuré de Haute-Combe à Cessens (74).

La Croix Saint-Bernard [est] érigée en mémoire de saint Bernard de Clairvaux qui persuade les moines bénédictins installés dans une haute combe (d’où le nom de l’abbaye actuelle de Hautecombe) de la montagne de Cessens, de se rattacher à l’ordre cistercien ; en 1137, ils s’installent au bord du lac, sur un terrain donné par la famille de Savoie à leur second abbé Amédée de Clermont d’Hauterives.

Nous longeons un premier grand pré où paissent quelques vaches éparpillées. Posé sur une branche coupée, un gobelet et à côté, entre des pierres moussues, un tuyau délivre quelques gouttes d’eau pour le pèlerin assoiffé. La source, sur le chemin rural de Cessens à Rumilly (éloquente dénomination des chemins datant du début du XIXe), intermittente sans doute, ne figure plus sur la carte IGN mais les anciens la connaissent toujours.
Dans le pré suivant, de nombreuses vaches curieuses se retournent pour aller dans le même sens que nous ; le troupeau s’ébranle mais l’une d’elle glisse sur un rocher pentu près du grillage et tombe lourdement au sol ; ouf ! elle se relève sans trop de mal. Quelques unes portent l’anneau anti-succion que nous avions vu à la cascade de Pissieu.

Une grande réserve de bois coupé est déjà stocké pour l’hiver. A l’approche de Ligny, le paysage s’ouvre sur un champ déjà jauni par le soleil.

L’après-midi, pour notre dernière journée, direction La Compôte-en-Bauges,  village typique du parc des Bauges ; les portes des granges portent la croix de Saint-André ; presque toutes les maisons ont conservé les tavalans où est entreposé le bois coupé pour l’hiver. Un habitant, fier de son patrimoine bauju, nous fera visiter l’étable-écurie au rez-de-chaussée de son habitation : les maisons en étage réservaient les niveaux inférieurs aux bêtes, tandis que les hommes habitaient au niveau supérieur. Un village authentique.

Véritable marqueur du patrimoine rural bauju, les tavalans sont ces étranges crosses soutenant les balcons accrochés sous les avancées des toits des granges. La forme originale des tavalans […] est tout à fait naturelle. En effet les arbres des Bauges subissent le climat hivernal montagnard et les fortes neiges qui l’accompagnent. Cela a pour effet de courber les arbres et de créer des branches en forme de crosse. Extrait du site sur l’architecture baujue

La coopérative laitière des Hautes-Bauges – la fruitière d’Augustin – vend la meilleure tome des Bauges (tome avec un seul ‘m’) que j’ai jamais goûtée, et des fromages de chèvre fermiers qui ont un goût affirmé difficilement comparable à celui des fromages pasteurisés des grandes surfaces. N’oubliez pas d’y faire un tour !

Image de l’itinéraire 5km600, 1h40 déplacement (2h au total), 122 m dénivelée (+160, -160)

1mollard : en toponymie alpine : sommet. Étude de toponymie alpine. De l’origine indo-européenne des noms de montagnes, Frédéric Montandons,Le Globe, Revue genevoise de géographie Année 1929

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