Tour des Bauges J5 : les Déserts – le Revard

Cinquième journée de notre circuit du tour des Bauges organisé par Grand Angle avec son partenaire Terre d’Altitude.
Départ depuis l’hôtel Margeriaz [ne pas prononcer la dernière lettre] à la Combe ; j’ai retrouvé ma paire de chaussures de rando déposée dans le couloir d’entrée. Pendant le petit déjeuner, j’ai repéré la décoration sur la vie rurale d’autrefois : des unités de capacité en laiton, une fourche, une faux, un panier en osier [benette], etc. Le hameau la Combe appartient à la commune des Déserts ; pour une présentation, voir le site la Grange des Déserts.

Je refais en sens inverse, donc en montant, la fin du parcours de la veille. L’ancienne fontaine de la fin du XIXè ne coule plus, contrairement à celle des Mermets, au dessus de laquelle un  tronc d’arbre tout sec accueille quelques fleurs. Au carrefour avec le GR tour des Bauges, le mont Margeriaz, qui me laisse le souvenir d’une étape difficile mais merveilleuse, montre bien sa face abrupte.
Plus je m’enfonce dans la forêt sur un chemin large et raide, plus je découvre des fleurs différentes : campanules bleues ou blanches, fleurs violettes de l’épilobe, centaurées.

Comme souvent, des talus de terre s’effondrent sous l’effet des intempéries, mettant à nu des racines d’arbres trop fragiles ; dans quelque temps, sans doute tomberont-ils. C’est à ce niveau qu’il aurait sans doute fallu que j’oblique sur la gauche pour rejoindre le nouveau tracé du GR : en effet, quand j’arrive aux Chapis, une ligne électrifiée protège le pâturage mais la ligne s’est affaissée ; un coureur sans hésiter saute par dessus et descend dans l’évidente trace du sentier ; j’en fais autant. En contre-bas, au bord du sentier, la ligne a été coupée…

Après être passée sous le téléski des Chamois, je passe devant Aartu d’Artik : les chiens de traîneaux aboient fortement sur mon passage. Au col de Plainpalais,  le GR quitte la route puis la recoupe deux fois par un sentier mi ombragé mi découvert : de grands panneaux publicitaires vantent déjà la station de ski du Revard. Plus fréquenté, passant non loin des habitations, il se confond avec la route après le Grand Pré.

Quelques dizaines de mètres plus loin après l’ancienne carrière, le GR rocailleux et désagréable rejoint la Féclaz et la D913. Au carcey, beaucoup d’animation près du parking et un panneau directionnel susceptible de m’aider ; je passe sous le fil, une jeune fille en fait autant, plan sommaire (non orienté !) à la main. Elle me dit où elle va, je lui dis où je vais. Coup d’œil à la carte : son chemin se trouve sur celui d’où je viens, le mien se trouve dans le prolongement de celui par lequel elle est arrivée ! Une lecture attentive du descriptif aurait évité que je confonde le Carcey et le restaurant Sapey, point de repère vers le parcours aventure du mont Revard.

Ce parcours raquette est un parcours d’orientation en soi car de nombreux sentiers le coupent et le recoupent ; heureusement de fréquents panneaux aux intersections, l’indication de la piste VTT ou le symbole de la piste raquettes, celle des chiens de traîneaux confirment que je suis sur la bonne voie. Près d’un lieu humide, un immense champ de reines des prés (Filipendule ulmaire) égaient l’environnement coloré de verts. A côté des classiques chemins boueux dans lesquels on peut s’embourber à cheval et même à pied, il y a ceux avec racines apparentes ou ceux sans balisage. Malgré tout, ce passage en forêt demeure agréable jusqu’au pas du Rebollion ; je reste sur le chemin de Pertuiset (on ne va pas jusqu’au col), autrefois seule voie d’accès pour le Revard ; non loin de là, au parking des Fermes, j’ai rendez-vous avec André.

Nous rejoindrons le Revard à pied par la route ; il existe cependant un étroit sentier à gauche et parallèle à la route mais en sortir n’est pas évident. Une inscription au sol : le tour de France 2013 est passée par là. Que de monde ! aujourd’hui c’est la fête de l’alpage au Revard. La route de la corniche laisse entrevoir le lac du Bourget. Nous coupons le virage au carrefour qui mène au Revard et rejoignons le village sur les pistes de ski. Enfin le village est en vue ; les visiteurs ont envahi un grand pré dans lequel un troupeau de vaches vraiment pacifiques tentent de paître, faisant tinter leur clarine de fête.

Ces cloches en bronze avec leur courroie façon cuir sont des clarines, type de cloche portée au cou des vaches dans les alpages. Elles s’offrent comme cadeau lors d’événements heureux […]. Le Fondeur pose les lettres à la main (20 à 25 caractères maximum)  en ajoutant différents motifs (alpins) et ces décorations, coulées en même temps que la cloche, apparaîtront en relief sur la cloche. Extrait de la boutique de la cloche

Après la visite des stands du marché plus ou moins régional, nous prenons possession de notre chambre dans l’hôtel le plus haut du Revard, le chalet Bouvard, situé à quelques mètres de la table d’orientation et du jardin d’altitude. Il faisait sans doute partie du complexe hôtelier construit au début du XXè à l’époque glorieuse et chic de la station du Revard.

Le belvédère du Revard est un des sites savoyards les plus visités et je comprends mieux pourquoi : ses points de vue sur le Lac du Bourget et la chaîne des Alpes sont grandioses.  Une personne sur deux n’ose pas marcher sur la passerelle en verre qui surplombe le vide ; depuis les deux autres passerelles en bois, il est également possible d’admirer  le lac du Bourget.  Après une agréable balade dans les jardins le long des barrières de bois, j’expérimente les panneaux de plexiglas transparent, aux repères peints en blanc, qui permettent d’identifier les montagnes environnantes sans se tromper : le Mont-Blanc ne pourra pas m’échapper !

Le train à crémaillère inauguré en 1892 part d’Aix les Bains (264m)  pour atteindre Le Revard (1496m). Il est fréquenté par des gens fortunés qui apprécient le panorama et le grand air au Revard. Au final, 1 200 ouvriers mobilisés, en majorité italiens, un mort, trois tonnes et demie d’explosifs utilisées et de nombreuses entreprises, pour la plupart helvétiques, au travail. Pour les passagers, il fallait une heure trente pour parcourir les dix kilomètres de ce réseau où trois gares intermédiaires se succédaient. Au cœur de l’hiver, sept machines pouvaient transporter environ 550 passagers  (Le Dauphiné, 18/08/2012).

A partir de l’hiver 1908-1909, la compagnie organise des trains hivernaux, pour les skieurs. Le PLM entreprend de nombreux aménagements du terminus et de son complexe hôtelier ; devant le succès de la station, il est décidé de construire une route et un téléphérique qui seront fatals au chemin de fer. Le sentier de la Crémaillère permet de parcourir les 9km entre Mouxy et le Revard, et de découvrir 9 sites illustres du parcours.

C’est ainsi qu’en 1934 le Conseil Général donnait son accord pour la construction du téléphérique. La topographie des lieux imposait des solutions hardies, atteindre en une seule portée de 1650m le sommet de la montagne […]. Les câbles avaient 58 mm de diamètre, pesant 18,250 kg au mètre.
Il y circulait des chariots qui portaient les cabines de 40 places. Dans la gare de départ, à Mouxy, seront installés les moteurs et la salle de commande du téléphérique.
[…]
L’inauguration eut lieu le 29 décembre 1935.
Le 25 Mai 1969 vers 18h, le câble tracteur des cabines s’est rompu. Les cabines se trouvaient à cet instant à environ 20m des gares [ndlr : 2 blessés]. Le téléphérique soumis au contrôle rigoureux, laissa apparaître des signes de fatigue au niveau des câbles porteurs.
Le Conseil général sollicité […] décida de ne rien entreprendre devant l’importance des investissements à consentir. Les cabines restèrent alors dans les stations désertées jusqu’à la dépose des câbles en 1977.
Extrait de le-revard.fr

Deux cabines pouvaient amener 40 passagers en sept minutes à la gare du Revard. Avec l’ouverture de la route du Revard, automobiles et autocars ont supplanté ce moyen de transport.
François Fouger, L’importance des sociétés de chemin de fer dans le développement de la première station de ski française, le Mont-RevardIn Situ[En ligne], 4 | 2004 : http://insitu.revues.org/1906 ; DOI : 10.4000/insitu.1906
L’histoire du train à crémaillère, claire et agréable à lire, contient de nombreuses photos d’époque de l’auteur.

Image de l’itinéraire 16km400, 5h05 déplacement (7h20 au total avec pique-nique et visite du marché de la fête), 598m dénivelée (+1109m, -515m)

©copyright randomania.fr


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