Saint-Antoine Pont d’Arratz – Miradoux

Quatrième demi-étape de notre périple sur le chemin de Compostelle : Saint-Antoine Pont d’Arratz – Miradoux. Nous sommes dimanche et il ne faut pas le perdre de vue car à Miradoux, tout est fermé dès midi-midi trente et nous n’emportons pas de pique-nique.

Après le petit déjeuner qui comprend, à côté du thé ou du café, les fruits et le yaourt, nous partons dès 8h sous l’œil protecteur de Pearl. Une fois arrivées à Miradoux, nous appellerons John pour qu’il vienne nous chercher ; c’est l’astucieuse solution qu’a trouvée la Pèlerine pour pallier au manque de disponibilités à Miradoux. La seule interrogation : qui tamponnera l’étape Miradoux sur notre crédential puisque nous n’y avons pas logé ?

Nous passons devant un monument qui rappelle, par sa coquille blanche, que Saint-Antoine se situe sur le chemin de Compostelle. La route n’est qu’épisodiquement bordée d’arbres. A droite nous sommes dans le Gers, à gauche dans le Tarn-et-Garonne. Quand nous arrivons à l’entrée d’un sous-bois, en délaissant Larrouy au carrefour,  nous sommes ravies, d’autant plus qu’un gentil propriétaire a placé, bien à l’ombre d’un arbre, une table avec des sachets de 400g de cerises mûres pour 1€ soit 2.50€ le kg, le prix de gros ; il suffit de placer son obole entre les cerises et les portions de clafoutis. Sans se poser de questions outre mesure, nous emportons notre dessert.

Au loin, sur la droite, un paysage de douces collines et de couleurs qui évoque la Toscane. Nous descendons dans le sous-bois, coincé entre ces champs et une frêle haie d’arbres. La Teulère est bien maigrichonne ; un de ses bras alimente le plan d’eau du Cluset comme il en existe tant dans la région. Un seuil retient l’eau pour l’irrigation ou l’abreuvage. je suppose que c’est son propriétaire qui a aménagé un modeste espace de repos à l’ombre pour les pèlerins. Un  peu plus loin, une autre buvette qui vend des sandwiches. Tout est pensé pour les pèlerins sur LE chemin.

S’ouvre alors un paysage coloré typique du Gers où les champs d’ails alternent avec le blé, les tournesols ou le maïs, en vagues ondoyantes et nervurées.

Dès l’arrivée à Flamarens, nous sommes attirées par le château et l’église, qui constituaient un ensemble défensif au moyen-âge ; quel contraste entre l’état ce deux monuments !

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Boudou – Auvillar par Malause

Deuxième partie de l’étape officielle du chemin de Compostelle Moissac-Auvillar : Boudou-Auvillar.

Les sept filles et nous prenons notre petit déjeuner tôt vers 7h15, un petit-déjeuner de marcheuses. Jenny appose le tampon de Compostelle sur notre « crédential del Peregrino » ou credential, passeport du pèlerin de Compostelle qui atteste de notre marche jusqu’ici. Après quelques photos souvenirs du couple Smither avec leurs chiens, nous quittons Pugnal sous un ciel nuageux.

Cela va commencer par une longue montée en sous-bois bordée de fleurs sauvages… Le sentier suit le GR de Pays de Quercy – Pays de Serre puis débouche sur une route à Bourdailles. Sur un poteau de bois est clouée une pancarte « Chemin clunisien Guyenne-Gascogne », un autre itinéraire reliant les sites qui respectent les règles de l’ordre de Saint-Benoit ; ils sont nombreux ces itinéraires culturels ou historiques : celui de Saint-Martin de Tours (rencontré lors d’une randonnée le long du Cher), Transromanica (itinéraire roman du patrimoine européen), Stevenson, chemin cathare, etc.

Chemin clunisien : l’association de mise en valeur du Patrimoine de l’Abbaye de Saint-Maurin et la fédération des sites clunisiens ont été à l’initiative de la création d’un chemin de randonnée nommé « chemin des 3 M » d’une distance de 80,5 km relevant 3 sites clunisiens dont l’Abbatiale de Moissac, l’Abbaye de Saint-Maurin et le Prieuré de Moirax.

Peu avant le hameau de Massip, deux cheminées au loin projettent haut dans le ciel leur panache de vapeur d’eau ; elles nous suivront pratiquement jusqu’à la dernière étape, dépassant d’une bonne hauteur les plateaux et les champs. Ce sont les deux tours aéroréfrigérantes les plus hautes d’Europe (178,5 mètres de haut) de la centrale nucléaire de Golfech : elles assurent un circuit de refroidissement semi-fermé pour chacune des unités de production. Le pompage en Garonne sert à compenser l’évaporation des aéroréfrigérants et à refroidir des circuits auxiliaires de sûreté […].

La centrale nucléaire de Golfech […] produit de l’électricité à partir de l’énergie dégagée par la fission nucléaire de l’uranium. […]. Chaque tranche est équipée d’un réacteur nucléaire à eau pressurisée (REP) […] mises en service respectivement en 1991 et 1994.
En 2013, le site a produit 19,2 milliards de kWh (19,2 TWh). [Il] emploie 939 personnes quotidiennement (739 salariés EDF et 200 prestataires). Extrait de wikipedia

Nous marchons sur la route ; au carrefour avec la D4, c’est Claire qui repère la route de Sainte-Rose ; doublées par un pèlerin pressé, nous prenons le temps de visiter la chapelle Sainte-Rose, et son cimetière qui domine la vallée de la Garonne. J’en fais le tour, entre dans l’église ouverte contrairement à celles de la région PACA où elles sont souvent fermées. Des éléments de styles différents : romans comme l’ancien chœur, un portail du Moyen Age avec, au centre de l’archivolte, le haut d’un personnage qui se « prend la tête », un bénitier à godrons1 du 17è, un retable du 18è et une tribune qui repose sur une double arcade appuyée sur un pilier central. Et toujours un peu de cette couleur de brique rose que l’on retrouve dans la plupart des constructions de la région.

L’église Sainte Rose de Viterbe est datée du 12e ou 13e siècle. […] L’église Sainte Rose est un édifice composite, qui porte la marque de nombreuses reprises. Elle est dédiée à Sainte Rose de Viterbe […]. Indépendante à l’origine, elle fut à partir du 13e siècle, et suite à l’insuffisance des revenus, unie à l’église Saint Jean, dont elle est désormais l’annexe (sauf au 19e, où jusqu’en 1862 elle fut église paroissiale).
[…] On venait autrefois à Sainte-Rose en pèlerinage à cause de l’huile de la lampe qui avait la réputation de guérir les maux pourprés (urticaire ou purpura) et à la suite d’un vœu.
Texte d’après le dictionnaire des paroisses du diocèse de Montauban

Claire ne me rejoint pas. Je la retrouve en grande discussion avec un cycliste qui vient de Slovaquie et compte bien rejoindre Compostelle cet été. Etonné de voir une femme avec un GPS, il me questionne : « Vous faites du geocaching ? » ; « Oui ! vous aussi ? » ; il ouvre la main qui cachait la petite boîte et son logbook ; je décide d’y ajouter mon pseudo. Nous comparons nos GPS : bon à savoir, le mien peut s’installer également sur un support pour vélo. Mais la coïncidence ne s’arrête pas là ; il habite près du couple sylani qui participait, trois jours auparavant, à la rencontre organisée par l’association Geocacheurs de Provence dans laquelle je milite depuis 10 ans. Le monde est petit… Une photo souvenir de Jean Bat’ et nicoulina immortalisera ce moment.

Eglise Sainte-Rose, lolo.ntj

Eglise Sainte-Rose, site de la commune de Malause

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Moissac-Boudou par le chemin de halage du canal latéral à la Garonne

Entre Moissac et Lectoure, cinq courtes étapes seront publiées ; certains les considérant comme étapes du chemin de Compostelle (GR 65) en parcourront deux en un jour, d’autres les voyant comme randonnées, déposeront un véhicule à l’arrivée de l’étape. Pour cette première expérience, mon amie Claire et moi avons confié à La Pèlerine le soin des réservations des chambres d’hôtes, transport des bagages d’un gîte à l’autre, navette pour le retour à Moissac (Transport Claudine). Tout s’est bien passé. Nous avions seulement imposé deux choses : des demi-étapes pour privilégier les visites, les points de vue, les rencontres, le rythme lent, et de dormir au gite Ultreia à Moissac dont nous connaissions les propriétaires depuis l’an dernier.

Comme en 2016, nous avons pris deux personnes en covoiturage. A l’arrivée à Ultreia, Aideen s’est souvenue de nous ; Rom nous a offert une boisson et la conversation s’est engagée avec naturel, comme si nous ne nous étions jamais quittés.

Le jour de notre arrivée à Moissac (82), nous avons porté notre attention sur le célèbre tympan du XIIè et sur l’intérieur de l’abbatiale Saint-Pierre : nous n’avions pas eu le temps d’approfondir cette découverte l’an dernier.

L’album de Moissac

Le soir une belle et longue table est installée dans le jardin, tablée cosmopolite avec trois allemands, un couple de Nouvelle-Zélande, un norvégien et quelques Français du sud-est. Le repas est copieux et équilibré : soupe, viande accompagnée de trois légumes, glace avec abricots au sirop recouverts d’un coulis de fruits rouges ; Claire s’essaie à l’anglais qu’elle a révisé toute l’année ; son verre d’eau en déséquilibre sur la table de jardin inonde mon smartphone alors qu’elle fait le service ; aussitôt Rom l’essuie, le fait sécher au soleil, me recommandant de ne pas l’allumer tout de suite. iPhone sauvé des eaux !
Ce que je retiens de l’échange avec les Néo-Zélandais, c’est que la laine d’agneau des randonneurs (hikersWool pack) protège des ampoules au pied, par emballage de la zone d’échauffement ; elle se vend sous forme de rouleau de laine légère et fine, riche en lanoline. Elle offre un confort sans frottement et évacue l’humidité. 18 g, 3 jours de randonnée, 11.20 $ NZD soit 7.25€ environ. Vendue uniquement dans leur pays.

Le lendemain, nous quittons l’avenue Pierre Chabrié vers 9h20, les autres pèlerins sont déjà tous partis. Chabrié était un avocat talentueux, qui a exercé au barreau de Moissac. Il a été maire de Moissac pendant plus de vingt ans, et à plusieurs reprises au XIXè siècle. Ena Henri, Moissac aux deux bouts du XXè siècle. Témoin d’un autre temps, témoin de notre temps, Color-Press, 1998.

Pour cette première étape, nous suivrons les conseils de Rom : longer le canal, passer sur le pont bleu pour un détour jusqu’au centre nautique afin d’observer la confluence du Tarn et de la Garonne de plus près ; l’an dernier, nous l’avions vue d’en haut, à Boudou. Lire Moissac Boudou sur le chemin de Compostelle.

Après le pont au dessus du canal latéral à la Garonne, nous enfilons les kilomètres à l’ombre et à plat, parfait pour mon amie qui n’a pas l’habitude de marcher. Le clocher de l’église Saint-Martin émerge des maisons sur l’autre rive ; Saint Martin, comme Saint Saturnin et Saint Pierre sont les plus anciens hagiotoponymes1 correspondant à un culte dès le Ve siècle (fin VIè selon le toponymiste Auguste Vincent). 237 communes portent le nom de Saint-Martin et 175 celui de Saint-Pierre ! Nous allons tous les rencontrer dans les églises du Chemin. Dictionnaire des noms de rues, site de André Calvet.

Avec l’arrivée de la voie ferrée à Moissac, la destruction de l’église Saint-Martin fut évitée in-extremis par son classement comme monument historique. On doit ce sauvetage au génie du laborieux et savant Armand Viré. […] Toujours debout, l’église Saint-Martin abrite un hypocauste du IIIe siècle, des fresques du XVe siècle, et elle est une des plus anciennes églises de France. D’après Aymeric de Peyrac, les reliques d’Ansbert, deuxième abbé du monastère, furent déposées en 868 dans la chapelle Saint-Martin, qui prit alors le nom de Saint-Ansbert, qu’elle garda jusqu’au XIIe siècle. Armand Viré s’est retiré à Moissac en 1939, dans une maison de famille. Dictionnaire des noms de rues, site de André Calvet.

Eglise Saint-Martin, base des monuments historiques.

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